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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2013  >  N°6, 11 février 2013  >  L’UE, Bologne et le prochain Reich de mille ans… [Imprimer]

«[…] ils ne doivent pas nous faire oublier que l’Europe que nous bâtissons n’est pas seulement celle de l’Euro, des banques et de l’économie; elle doit être aussi une Europe du savoir.»

Déclaration de la Sorbonne du 25/5/1998


«C’est la raison pour laquelle nous vous sollicitons de ne pas prendre d’engagements correspondants à Bologne concernant les universités suisses.»

Lettre de la Conférence suisse des recteurs des Hautes écoles au Département fédéral de l’Intérieur du 15/6/1999


«[…] une Europe du savoir […] est indispensable pour consolider et enrichir la citoyenneté européenne, pour donner aux citoyens les compétences nécessaires pour répondre aux défis du nouveau millénaire, et pour renforcer le sens des valeurs partagées ainsi que le sentiment d’appartenance à un espace social et culturel commun.»

Déclaration de Bologne, 19/6/1999

L’UE, Bologne et le prochain Reich de mille ans…

En Suisse, la voie pour des corrections dans les domaines de l’école et de l’enseignement est préparée

ab. On lit avec angoisse comment la réforme de Bologne est arrivée en Suisse. Analyser la question de savoir quelles personnes en ont fait les premiers pas, comme le dit Barbara Müller dans son livre «Die Anfänge der Bologna-Reform in der Schweiz» [Les débuts de la réforme de Bologne en Suisse] est une chose. L’analyse politique et économique des années 90 ruineuses, et l’ordre américain de soumettre l’Europe de Lisbonne jusqu’à Vladivostok au statut d’un vassal, comme cela est décrit par Brzezinski, en serait une autre. Voilà qui donnerait la base pour juger l’intervention du style Anschluss dans l’ensemble de notre système scolaire et éducatif, et pour l’évaluer dans son contexte politique et économique.
La Déclaration de Bologne a été précédée d’une «Déclaration de la Sorbonne» du 25 mai 1998, signée à la légère par Ruth Dreifuss pour la Suisse. Il fallait encore insuffler un peu d’esprit au projet économique de l’UE. Cela se lit ainsi dans le préambule:
«La construction européenne a tout récemment effectué des progrès très importants. Mais si importants que soient ces progrès, ils ne doivent pas nous faire oublier que l’Europe que nous bâtissons n’est pas seulement celle de l’Euro, des banques et de l’économie; ce doit être aussi une Europe du savoir. Nous devons renforcer et utiliser dans notre construction les dimensions intellectuelles, culturelles, sociales et techniques de notre continent. Elles ont été, dans une large mesure, modelées par ses universités, qui continuent à jouer un rôle central dans leur développement.»1
Deux ans plus tard, l’après-midi même avant la signature officielle, on a encore travaillé à la déclaration d’intention de Bologne. Aucun délégué suisse n’a le droit de signer quelque chose de pareil: Il lui faut rentrer avec le projet afin de le soumettre aux organes démocratiques avec une marge de manœuvre temporelle suffisante. Qui ne résiste pas à une réception au champagne et aux spectacles d’éclat et de gloire comme le fut la signature de Bologne, n’a pas le droit de représenter la Suisse à l’étranger. Les relations entre Etats ont leurs règles et dans notre démocratie directe d’autant plus.
Ce qui est important: il n’y a aucune base juridique en Suisse pour tout ce bazar de PISA et de Bologne. Il s’agissait de déclarations d’intention, non pas de traités intergouvernementaux. La Suisse est donc libre d’entreprendre les corrections qui s’imposent. Tout à l’honneur de la Conférence suisse des recteurs des Hautes écoles, il faut aussi retenir que les recteurs avaient écrit le 15 juin 1999 au département de Dreifuss ne souhaiter aucune signature.
«C’est pourquoi nous vous sollicitons de ne pas prendre d’engagements correspondants à Bologne concernant les universités suisses.»2 Mais le secrétaire de la conseillère fédérale Dreifuss a quand-même signé.
Entre-temps, la situation globale a changé. Le monde s’en est rendu compte lors de la faillite de Lehmann Brothers et de l’effondrement de l’économie mondiale. L’Europe en particulier se trouve dans une situation de crise que personne n’aurait pu s’imaginer il y a 5 ans encore. Est-ce là le grand succès de la stratégie Brzezinski? Est-ce la raison pour laquelle nos enfants doivent lire à l’école de la littérature de bas étage et les étudiants (comme d’ailleurs tous les diplômés des formations supérieures) ne faire que transformer l’apprentissage à petites doses en crédits? Les facultés intellectuelles, les contextes et les vérifications des sources et informations, alors tout cela n’est plus exigé? Mais cela ne vaut que pour les Etats vassaux européens. Les grandes puissances belligérantes forment leurs jeunes différemment.
C’est pourquoi il ne faut pas manquer le prochain Reich de mille ans dans le préambule de la Déclaration de Bologne:
«Il est aujourd’hui largement reconnu qu’une Europe du savoir est un facteur irremplaçable du développement social et humain, qu’elle est indispensable pour consolider et enrichir la citoyenneté européenne, pour donner aux citoyens les compétences nécessaires pour répondre aux défis du nouveau millénaire, et pour renforcer le sens des valeurs partagées et de leur appartenance à un espace social et culturel commun.
L’importance primordiale de l’éducation et de la coopération dans ce domaine pour développer et renforcer la stabilité, la paix et la démocratie des sociétés est universellement reconnue, et d’autant plus aujourd’hui au vu de la situation en Europe du sud-est.»3
Cela devrait servir au «développement du continent tout entier». Dans ce but l’OTAN avait peu avant «déposé» au Kosovo et en Serbie leurs chargements d’uranium. Et quant à cela, l’Europe du Sud actuel qui va de la Grèce à l’Espagne a ses propres idées à ce sujet.
La région culturelle européenne est pourtant plus ancienne que l’euro et la réforme de Bologne.     •

1    Déclaration de la Sorbonne du 25/5/98,
http://zorglub.paris-lavillette.archi.fr/limado/Declaration_de_la_Sorbonne.htm
2    Barbara Müller. Die Anfänge der Bologna-Reform in der Schweiz. Berne 2012, p. 156.
(Traduction Horizons et débats)
3    Déclaration de Bologne du 19/6/99,
www.unige.ch/sciences/chimie/pdf/bologne/declartion_bologne_1999.pdf