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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2009  >  N°20, 25 mai 2009  >  Un vif succès pour les défenseurs d’une agriculture sans OGM [Imprimer]

Un vif succès pour les défenseurs d’une agriculture sans OGM

En Autriche, l’interdiction de la culture de maïs transgénique reste en vigueur

hep. La troisième tentative de la Commission européenne de faire sauter l’interdiction actuellement en vigueur de la culture de maïs transgénique en Autriche et en Hongrie a de nouveau échoué.
Déjà en 2005 et en 2006, des tentatives semblables de la Commission s’étaient heurtées au veto des ministres de l’UE. En 2007, sous la forte pression de l’OMC, l’interdiction de l’importation des deux variétés de maïs transgénique Mon810 de la société américaine Monsanto et T-25 de la société allemande Bayer Crop Science a été annulée, mais l’interdiction de les cultiver subsiste.
L’argumentation de la Commission selon laquelle l’Autriche n’avait pas pu apporter de preuve scientifique des dangers des plantes génétiquement modifiées et l’interdiction allait à l’encontre de la réglementation du marché intérieur européen n’a pas permis non plus, lors de cette troisième tentative, d’imposer une autorisation.
Au cours de ces procédures, l’Autriche a attiré l’attention sur plusieurs études qui prouvent l’existence de problèmes environnementaux et de modifications dans le patrimoine génétique des souris. La règlementation du marché intérieur de l’UE exige l’élimination de tous les obstacles au marché à l’intérieur des pays membres de l’UE par la fusion des marchés nationaux.

Plus d’Etats membres que jamais ont voté en faveur de la position de l’Autriche

La semaine dernière, lors du vote au Conseil des ministres de l’UE, plus d’Etats membres que jamais ont voté en faveur de la position de l’Autriche. 282 députés sur 345 ont, dans le cas du Mon810, voté pour le droit de l’Autriche de décider de sa politique agricole et dans le cas du T-25, ils ont même été 292 à approuver la position de l’Autriche.
Même un pays comme l’Espagne, qui cultive du maïs transgénique en grandes quantités, s’est exprimé pour le droit de l’Autriche de décider elle-même de ce qu’elle admet ou non en matière agricole. De même, les représentants des Pays-Bas, qui s’étaient rangés aux côtés des partisans du génie génétique, ont proposé, avec quelques autres Etats, de changer les règles de l’UE. La politique agricole devrait être en principe l’affaire des Etats. Le ministre autrichien de l’environnement Nikolaus Berlacovic (ÖVP) veut chercher d’autres alliés et réfléchit à la création d’une «Alliance pour l’autodétermination» («Der Standard», 6 mai). En tout, cinq pays seulement ont voté contre l’Autriche: la Grande-Bretagne, la Finlande, l’Estonie, la Suède et les Pays-Bas.

En Allemagne également l’opposition aux aliments génétiquement modifiés est grande

Ce qui a été déterminant pour qu’au Conseil des ministres la «majorité qualifiée» soit atteinte, c’est le vote de l’Allemagne (pondération des voix – elle dépend de la taille des Etats-membres – d’au moins 73%) en faveur de la position de l’Autriche. Le ministre fédéral de l’environnement Sigmar Gabriel (SPD) s’est également opposé aux voeux du ministère de la Recherche dirigé par la CDU.
Il a aussi voté contre la demande de la Commission européenne car – comme il l’a souligné – l’Allemagne est également en train de réfléchir à des régions sans OGM.
Il a poursuivi devant des journalistes à Bruxelles: «Je ne vois pas l’avantage pour la société des produits transgéniques de Monsanto. J’y vois cependant un avantage considérable pour les profits de la société Monsanto. […] Je ne vois pas pourquoi nous devrions favoriser les intérêts d’une seule société américaine et monter les Etats membres et leurs citoyens contre nous. Je ne crois d’ailleurs pas, vu les vives inquiétudes de la population à propos des produits génétiquement modifiés, que dans le cas contraire le gouvernement américain se donnerait autant de peine pour amener un produit européen sur le marché américain. Imaginons que ce débat autour des produits transgéniques ait lieu aux USA et que la seule société qui souhaite y vendre son produit soit une société européenne: Je voudrais savoir si le Congrès américain s’investirait autant en faveur des intérêts économiques d’une seule entreprise européenne, comme le fait actuellement la Commission européenne pour défendre ceux d’une unique entreprise américaine – contre les vives inquiétudes de notre population.»
La ministre allemande de l’Agriculture Ilse Aigner s’est abstenue lors du vote. Devant des journalistes, elle a justifié ainsi ce comportement qui a déçu beaucoup de citoyens allemands: «Le ministre de l’Economie Guttenberg (CSU) est pour, la ministre de la Recherche Mme Schavan (CDU) est pour, c’est pourquoi je me suis abstenue.»
La semaine prochaine, d’autres décisions importantes sont au programme du Conseil des ministres de l’UE. On discutera de deux autres interdictions de culture de maïs transgénique, en Grèce et en France, et la Commission va autoriser pour la première fois depuis 1998 deux nouvelles variétés de maïs transgénique: Syngenta BT11 et Pioneer 1507.

Succès historique

Bien entendu, ces résultats des votes de Bruxelles ont été obtenus avant tout parce que des citoyens décidés et différents groupes de défenseurs de l’environnement et d’agriculteurs extraordinairement engagés en faveur de la protection de l’environnement ont discuté avec les gens et les ont encouragés à s’adresser à leurs députés. Des milliers de lettres et de courriels ont été envoyés en Autriche avant le débat. A moyen terme, les comportements d’achat notamment constitueront en eux-mêmes une prise de position sur cette question qui sera rapidement prise en compte et deviendra politique.
La raison l’a emporté sur les intérêts d’entreprises gigantesques. Pour un petit pays comme l’Autriche, c’est un succès extraordinaire et un signal important adressé aux autres citoyens de l’UE.     •