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Horizons et debats  >  archives  >  2014  >  N° 23/24, 29 septembre 2014  >  Le système dual de la formation professionnelle – un acquis bénéfique pour l’individu et la société [Imprimer]

Le système dual de la formation professionnelle – un acquis bénéfique pour l’individu et la société

par Marianne Wüthrich, juriste, ancienne enseignante à l’école professionnelle

Le nouveau livre de Rudolf H. Strahm, économiste suisse, ancien conseiller national et surveillant des prix, intitulé «Die Akademisierungsfalle» [«Le piège de l’académisation»] (cit.: Strahm 2014) mérite, tout comme son ouvrage précédent «Warum wir so reich sind» [«Les raisons pour lesquelles nous sommes si riches.»] (cit.: Strahm 2010), notre plus grande attention. Le sujet central des deux ouvrages est identique: c’est l’importance inestimable de la formation professionnelle duale pour la situation d’un pays et la qualité de vie de ses habitants – et ceci non seulement à l’égard économique: «Le système de la formation professionnelle est un facteur central de la productivité et de la compétitivité. En même temps, c’est l’élément primordial pour l’intégration sociale, pour la cohésion sociétale et nationale et pour l’absence ou du moins la limitation de la pauvreté.» (Strahm 2010, p. 43). L’auteur, ayant lui-même bénéficié d’une formation l’ayant mené d’un apprentissage professionnel aux diplômes universitaires, offre au lecteur, dans les deux livres, une vue approfondie de la question – d’une richesse extraordinaire, étayée par de nombreux diagrammes1.
En 2012, le chômage des jeunes a atteint une moyenne de 23% dans les pays de l’UE, dans les pays d’Europe du Sud même jusqu’à 55%! Le taux de baccalauréats est par exemple en Italie de 75% et en France de 53%. Une jeunesse bien formée sans travail – comment cela va-t-il de pair? Contrairement à ces chiffres, la Suisse a un taux de baccalauréats des plus bas: en 2011, 20% des jeunes Suisses ont obtenu leur «maturité gymnasiale» [le «bac»] tandis que 10% ont obtenu une «maturité professionnelle». Comment expliquer que le taux de chômage des jeunes n’est dans aucun pays aussi bas qu’en Suisse? Pourquoi constate-t-on un taux de chômage chez les jeunes significativement plus bas dans les cinq pays européens appliquant le système dual de la formation professionnelle, soit 8% en Allemagne et en Suisse, un peu plus en Autriche, aux Pays-Bas et au Danemark? (Strahm 2014, p. 14–16).
On sait depuis longtemps que les grandes entreprises occidentales ont transféré en Asie une grande partie de leur production de biens de consommation, de vêtements et de chaussures jusqu’aux appareils ménagers et électroniques. Cela a eu pour conséquence la reprise par les pays industrialisés émergents d’une grande partie de la production industrielle des pays occidentaux tandis que, simultanément, l’industrie européenne s’est fortement réduite (Strahm 2014, p. 48–51). Strahm démontre que le changement structurel en faveur de davantage de postes de travail dans le domaine des services s’est également produit dans les cinq Etats disposant du système dual de formation professionnelle. Cependant,

«dans les pays pratiquant la formation professionnelle, moins de personnes ont été évincées du processus productif, car elles ont pu être reconverties ou ont pu améliorer leurs qualifications». (Strahm 2014, p. 54)

Lorsque dans ces pays la production s’est orientée vers des produits de la technologie de pointe, tels les machines textiles, les robots, la technique médicale ou les produits de niche, les professionnels, habitués à apprendre grâce à leur apprentissage professionnel, ont facilement assimilés les connaissances et les compétences supplémentaires nécessaires pour trouver de nouvelles places de travail correspondantes. Selon Strahm, à l’âge de 24 ans, déjà 35% de tous les professionnels suisses ne travaillent plus dans la profession pour laquelle ils avaient été formés. Ceux qui sont passés par un apprentissage professionnel franchissent plus aisément l’obstacle d’un changement de profession et ont besoin de moins de formation continue. (Strahm, 2010, p. 182)
Par contre, dans les pays disposant d’un système éducatif avant tout scolaire, on constate un manque éclatant de postes pour les jeunes gens sortant des lycées et des universités. Beaucoup d’eux atterrissent finalement – s’ils ont la chance de trouver du travail – dans un domaine sans aucun rapport avec leurs études ou même dans des professions à salaire bas. L’auteur illustre cela à l’aide de l’exemple d’un étudiant grec en sciences politiques (Strahm 2014, p. 52s.). Mais également en Suisse, les personnes avec une formation universitaire, notamment dans le domaine des humanités et des sciences sociales, ont plus de peine à trouver un travail que les jeunes gens ayant fréquenté une Haute école spécialisée après avoir effectué un apprentissage professionnel. Ceux-ci disposent outre leur formation théorique d’une formation pratique sérieuse. (Strahm 2014, p. 160s.)

«Il n’y a aucun facteur plus important pour l’intégration dans le marché du travail et pour la réduction et l’empêchement du chômage que l’apprentissage professionnel.» (Strahm 2010, p. 46; cf. aussi Strahm 2014, p. 20ss.)

Car, selon Strahm, le système dual de la formation professionnelle est la «clé de voûte pour un emploi». Forte de mes 30 ans d’expériences en tant qu’enseignante à l’école professionnelle, je ne peux qu’approuver ses dires. En effet, tout adolescent âgé de 15 ou 16 ans est déjà obligé de postuler pour un apprentissage professionnel, au cours duquel il devra prouver son aptitude au travail pendant trois ou quatre jours par semaine. Il devra en même temps fournir de bonnes performances à l’école professionnelle afin de passer un examen final au niveau théorique et pratique. Il devient ainsi, en règle générale, «compétitif sur le marché du travail». En tant qu’adolescent, il est donc déjà confronté à la réalité de la vie. Il apprend par exemple dans la vie professionnelle, la nécessité et la fréquence des situations exigeant un effort et un engagement spécial.
Les rapports entre la formation professionnelle et la compétitivité sur le marché du travail ne sont pas seulement des données statistiques, mais ils touchent des domaines beaucoup plus profonds, c’est-à-dire qu’ils influencent le développement de la personnalité toute entière de la jeune personne depuis la fin de sa scolarité obligatoire jusqu’à la fin de son apprentissage: «Comment peut-on promouvoir la compétitivité sur le marché de travail? Comment apprend-on à un adolescent à être assidu à la tâche, à faire un travail soigneux, à respecter les échéances – c’est-à-dire de pratiquer, en termes modernes, les vertus de la ‹Swissness›? Comment développer l’amour du travail bien fait et de la profession apprise? Ou, en d’autres termes: pourquoi, en Suisse, tant d’individus se définissent eux-mêmes fortement par leur travail et leur fonction dans la vie professionnelle?»
Strahm répond à ces questions de manière univoque: «Il est évident que précisément le système suisse de la formation professionnelle, ayant évolué historiquement (surtout en Suisse alémanique), a joué et joue toujours un rôle décisif quant à ces facteurs. Ce système introduit les jeunes tôt dans le monde du travail, à l’âge de 15 ou 16 ans déjà. Il permet également aux jeunes présentant des difficultés à apprendre ou à ceux, issus de milieux à bas niveau de formation d’évoluer dans leurs compétences artisanales. Il confronte les jeunes tôt à la dureté compétitive du marché de travail. […] Mais […] malgré cette dureté […], le résultat est une compétitivité sur le marché du travail et un niveau plus élevé quant à la qualité et les ‹règles de l’Art› existant dans chaque branche professionnelle.» (Strahm 2010, p. 68s.)

L’apprentissage professionnel: une base de la lutte contre la pauvreté et de l’intégration des étrangers

Strahm démontre que la formation professionnelle est la meilleure assurance contre la pauvreté et le chômage puisque des professionnels formés trouvent plus facilement un emploi que des travailleurs non qualifiés, perçoivent en moyenne un meilleur salaire et sont moins exposés au chômage. C’est pourquoi il met en garde les autorités étatiques: «La société porte les coûts sociaux résultant du manque de formation à travers les prestations d’aide sociale, l’assurance chômage, des incapacités de payer les primes et les impôts. […] Tout jeune pouvant faire un apprentissage contribue à réduire les charges sociales potentielles.» (Strahm 2014, p. 72)
Le fait que 60% des bénéficiaires d’aides sociales en Suisse soient des familles ou des individus issus de l’immigration n’est, selon Strahm, pas un «problème des étrangers» mais avant tout un «problème de formation» (p. 206s.). Car une grande partie des immigrés venant des pays des Balkans ou de l’Europe méridionale sont arrivés en Suisse sans formation professionnelle. La conséquence est que lors de la perte de leur emploi ou lors de transformations structurelles dans l’entreprise, ils ne retrouvent que difficilement un nouvel emploi. Leurs enfants par contre obtiennent actuellement déjà à hauteur de 60% une formation professionnelle de base (les enfants de parents suisses à hauteur de 68%, donc pas beaucoup plus; p. 209).
Strahm conclue donc logiquement que la lutte contre la pauvreté et la politique d’intégration doivent être partie intégrante de la politique de la formation: une formation de base pour les jeunes, des projets de formation continue pour les plus âgés (p. 222s.). Les aspects concrets d’une telle démarche sont illustrés par l’exemple d’une jeune femme kosovare. Elle est arrivée en Suisse à l’âge de 18 ans, sans connaissances de l’allemand. Après quelques cours linguistiques, elle a pu faire un apprentissage de fleuriste. Un autre exemple concerne un père de famille originaire de Macédoine qui, après avoir travaillé pendant 12 ans comme main-d’œuvre a pu entamer, avec l’aide de son patron, une formation de mécanicien de production (p. 36s. et p. 210s.).

L’apprentissage professionnel, un des facteurs-clés de la place économique suisse

L’apprentissage selon le système dual n’est pas seulement un avantage pour chaque individu et les affaires sociales, mais également pour le maintien et la compétitivité internationale des entreprises suisses. C’est grâce à la haute productivité de travail des professionnels que l’économie d’exportation suisse se maintient sur les marchés mondiaux – malgré les salaires élevés comparés au niveau international (Strahm 2010, p. 127 et p. 132). Dans une enquête auprès de 3000 dirigeants internationaux, «la qualité de la formation des salariés qualifiés […] tient le deuxième rang, après la stabilité politique des institutions suisses», même avant la question des impôts! (Strahm 2014, p. 31s.)
Un autre critère pour le haut niveau de la qualification professionnelle est lié au fait que lors des compétitions mondiales des professions, les spécialistes suisses se retrouvent régulièrement dans les premiers rangs. Lors du «World Skills Competition 2013», à Leipzig, avec ses 1000 participants en-dessous de 24 ans, issus de 54 nations, les Suisses se sont assurés 17 médailles et 18 diplômes (Strahm 2014, p. 32).
A part cela, l’économie suisse ne se compose naturellement pas uniquement d’entreprises orientées vers l’exportation. Au moins deux tiers de toutes les branches travaillent pour l’économie interne du pays, tels les boulangers, les bouchers, les agents de police, les coiffeurs, les infirmiers, les mécaniciens sur voitures et tant d’autres. Une grande partie de ces entreprises forment un ou plusieurs apprentis.

Le manque de spécialistes en Suisse est d’origine interne

Les informations contenues dans le chapitre 5, intitulé «Manque de spécialistes et politique de la formation», sont spécialement intéressantes et accompagnées de plusieurs diagrammes très riches. (Strahm 2014, p. 170–200) Pour cela, nous avons choisi quelques faits:

  • Concernant le manque de médecins en Suisse, largement déploré, l’auteur s’exprime de manière claire et brève: «La cause de ce manque de médecins est d’origine purement interne, suite au numérus clausus […]» (Strahm 2014, p. 175). Or, en 2011, parmi 4000 jeunes Suisses ayant passé leur «maturité» et voulant commencer des études de médecine, seulement 1173 ont obtenu une place!
  • Le manque de personnel de soins dans les hôpitaux, est aussi d’origine interne comme l’auteur le démontre. Suite à la centralisation des professions des soins (Loi sur la Formation professionnelle de 1996) les cantons et la Croix Rouge suisse ont été exclus de la formation aux professions des soins, formation qu’ils avaient remplie précédemment, dans un cadre fédéraliste, pendant longtemps et à merveille. Par la suite, il y eut de grandes lacunes dans la formation, comblées que dix ans plus tard et de manière très hésitante par la création de nouveaux apprentissages professionnels nommés «Assistante en soins et santé communautaire CFC» et «Assistante socio-éducatif CFC». Pour l’année 2012/13 environ 4500 jeunes n’ont pas trouvé de place d’apprentissage dans le domaine de la santé et du social (Strahm 2014, p. 179–181).
  • Le manque de personnel qualifié dans le domaine MINT (mathématiques, informatique, sciences naturelles et technique), est largement connu. Selon Strahm, cela est aussi d’origine interne. Cette année, 500 jeunes Suisses désirant devenir informaticiens, n’ont pas trouvé de place d’apprentissage (Strahm 2014, p. 184).

Projets de solution pour les métiers connaissant une pénurie

  • Manque de médecins de famille: «17% des médecins de famille et plus de 50% de médecins d’hôpitaux ont été formés à l’étranger. […] Pendant de longues années, on a comblé les lacunes de formation nationales en recrutant les médecins à l’étranger.» (p. 175) Pour y remédier, il faut créer davantage de places d’études, notamment pour les généralistes, au lieu de recourir simplement à des médecins étrangers pour combler les lacunes.
  • Professions des soins: A l’avenir, les hôpitaux doivent mettre à disposition beaucoup plus de places d’apprentissage et de formations secondaires (par exemple pour les personnes souhaitant se réinsérer dans la vie professionnelle ou issues de l’immigration) au lieu d’«académiser» les professions des soins comme cela se fait souvent notamment en Suisse romande (p. 181).
  • Professions techniques: On ne peut pas remédier au manque d’ingénieurs en augmentant les diplômes de maturité ou d’université. Il faudrait davantage de places d’apprentissages par exemple pour des polymécaniciens ou des informaticiens avec maturité professionnelle suivie d’études dans une Haute école spécialisée. Les spécialistes avec apprentissage et diplôme d’une Haute école spécialisée dans le domaine de la technique sont beaucoup plus recherchés sur le marché de travail que les universitaires ou les diplômés de l’Ecole polytechnique fédérale (EPF) qui manquent d’expérience pratique sérieuse (Strahm 2014, p. 147ss. et p. 171). Selon Strahm, les entreprises ICT doivent, à l’avenir, offrir un nombre beaucoup plus élevé de places d’apprentissage. Les employeurs et les employés, les cantons et la Confédération doivent se préparer de commun accord avec les écoles professionnelles spécialisées à la création d’une année entière de formation théorique de base pour que les jeunes voulant exercer une profession technique exigeante soient bien préparés pour la deuxième année d’apprentissage (Strahm 2014, p. 185). En outre, les jeunes diplômés avec une maturité professionnelle, désirant poursuivre leurs études dans une Haute école spécialisée, devraient avoir plus facilement accès à une bourse d’études (Strahm 2014, p. 189).

Le commentaire du social-démocrate Strahm au sujet de l’Initiative contre l’immigration de masse qui, comme on le sait, a été acceptée par le peuple suisse en votation le 9 février 2014, est particulièrement intéressant. Selon Strahm, le fait, qu’à l’avenir il ne sera plus possible de combler toutes les lacunes de spécialistes à l’aide de la libre circulation des personnes venant de l’étranger, a déclenché un débat productif. Il propose que la répartition de contingents d’étrangers soit liée à une contrainte de formation: par exemple, dans les hôpitaux, par la création de 8 places d’apprentissage sur 100 places de travail à plein temps, pour obtenir le contingent sollicité (Strahm 2014, p. 196).

Conclusions

On ne peut que recommander la lecture des deux livres de Rudolf H. Strahm à toute personne intéressée par la politique sociale, notamment aussi à toute personne active en politique de la formation. Dans ces colonnes, nous n’avons pu que dresser une esquisse de ce qui doit être approfondi par la lecture dans son contexte et étayé par la richesse des données présentées dans les diagrammes statistiques. Suite à la présentation dans ce journal de cette vue d’ensemble de la valeur inestimable du système dual de la formation professionnelle, j’espère – vu mon activité professionnelle d’enseignante dans une école professionnelle suisse pendant trois décennies – qu’elle puisse également intéresser les personnes concernées par la politique de formation et les employeurs dans d’autres pays en vue d’entamer ensemble, à tous ceux qui veulent s’y engager. C’est notamment le troisième chapitre de la publication «Die Akademisierungsfalle» qui constitue une aide bienvenue puisqu’il présente de manière détaillée l’image du système de la formation professionnelle suisse.
En effet, à ce que Rudolf H. Strahm démontre avec beaucoup d’engagement personnel, je ne peux qu’y consentir à 100% au regard de mon expérience professionnelle personnelle. Pour les jeunes gens, il n’y a pas de meilleure introduction à une vie professionnelle responsable et à la vie en tant que citoyen actif que le système dual de l’apprentissage professionnel. Un grand nombre de mes anciens élèves, notamment ceux issus de familles avec des parents ayant peu d’instruction scolaire ni de connaissances de l’allemand, auraient probablement échoué si, dans leur phase de vie décisive, entre 15 et 20 ans, ils n’avaient pas été intégrés dans une entreprise et une école professionnelle. Et n’oublions pas que de nombreux jeunes gens particulièrement appliqués ont trouvé, grâce à leur apprentissage, davantage de confiance en eux-mêmes ce qui les a encouragé à poursuivre leur formation dans une Haute école spécialisée.
J’accorderai de tout coeur à la jeunesse en Europe et dans le monde le bienfait du système dual de l’apprentissage professionnel. Ce sont les adultes responsables dans leurs pays qui doivent leur offrir cette opportunité.     •

1    Naturellement, ces deux livres forment des unités distinctes et peuvent être lus séparément.

L’auteur Rudolf H. Strahm se présente

«J’ai fait un apprentissage en tant que laborant, une école d’ingénieur en tant que chimiste et une formation universitaire en tant qu’économiste. J’ai cinq ans de pratique dans l’industrie, vingt ans dans des fonctions dirigeantes au sein d’associations professionnelles, sept ans en tant que conseiller économique, treize ans au Parlement fédéral en tant que politicien spécialisé en économie et quatre ans dans l’administration en tant que Monsieur Prix. Tout cela m’a inspiré à axer mes connaissances économiques davantage sur la politique économique pratique et le monde du travail dans l’économie réelle.» (Strahm 2010, p.8)

«Les raisons pour lesquelles nous sommes si riches»

Naturellement à cause des banques – nous diront maints contemporains pas seulement d’origine étrangère. L’auteur corrige cette erreur tout au début de son livre intitulé «Warum wir so reich sind»: les banques suisses, d’avant la crise financière de 2008, ont réalisé uniquement 9,2% du produit intérieur brut (PIB). Après la crise, elles n’ont réalisé plus que 7,6%. L’économie suisse est constituée d’une multitude de branches différentes. Les petites et moyennes entreprises (PME) sont de première importance pour la place économique suisse, c’est-à-dire les entreprises avec moins de 250 collaborateurs. 99,6% de toutes les entreprises suisses sont des PME, elles forment l’«épine dorsale des emplois en Suisse» et offrent environ deux tiers de l’ensemble des places de travail et – ce qui est spécialement impressionnant – 80% de toutes les places d’apprentissage! (Strahm 2010, p. 25 et p. 152)
Selon Rudolf Strahm, la richesse de la Suisse est fondée en première ligne sur le fait que tant de jeunes gens font un apprentissage professionnel – en Suisse alémanique ce sont environ 70% des élèves en fin de scolarité obligatoire! (Strahm 2010, p. 54) C’est la raison pour laquelle la Suisse a le plus haut taux d’emploi et le plus bas taux de chômage de tous les pays membres de l’OCDE et elle a, avant tout, le plus bas taux de chômage
des jeunes. Grâce à la haute productivité
du travail, c’est-à-dire grâce à la performance de pointe de ses travailleurs, l’économie d’exportation suisse peut se maintenir, malgré ses salaires élevés, également sur le marché international. (Strahm 2010, p. 126ss.)
«La Suisse en tant que pays à hauts salaires est extrêmement concurrentielle, confirme l’auteur en 2014 et réfute énergiquement le cliché colporté dans le monde entier d’une Suisse réduite aux banques et au tourisme («banques, Cervin et Toblerone»). (Strahm 2014, p. 34s.)