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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2015  >  N° 9/10, 13 avril 2015  >  A qui profite le Plan d’études 21? [Imprimer]

A qui profite le Plan d’études 21?

mw. Entre-temps, chaque citoyen attentif devrait probablement avoir compris pourquoi nous devons épargner notre jeunesse d’une scolarité avec le Plan d’études 21. Nos enfants, seuls devant leur écran, avec un patch­work de «compétences» sans contenu, doivent sans avoir compris la matière, sans base de connaissances solide, essayer de trouver ou de deviner des solutions à des problèmes peu clairs. Le pire est qu’il leur manque le soutien essentiel d’une relation avec leur enseignant et leur classe et qu’ils seront confrontés à une dure réalité après leur scolarité. Aujourd’hui déjà, beaucoup d’entre eux ne parviennent pas à terminer une formation professionnelle ou une école supérieure à cause de la direction ou plutôt de la non-direction de l’école déjà largement constructiviste – le Plan d’études 21 augmenterait sans aucun doute le nombre de naufragés.

Qui paiera les dommages causés …

Il est donc clair qui paiera pour les dommages du Plan d’études 21: ce seront surtout nos enfants et nos jeunes, mais aussi les parents qui chaque jour déjà, doivent aider leurs enfants pour les devoirs et peuvent les aider au mieux à démêler l’imbroglio dans leur tête. Mais n’oublions pas non plus ces jeunes enseignants qui ne sont plus guidés dans leur formation à apprendre l’un des plus beaux et des plus satisfaisants métiers, et en sont réduits à une fonction de coachs. Finalement, c’est la communauté qui en pâtit– surtout en Suisse – car il y a de moins en moins de citoyens qui sont en mesure de prendre leurs responsabilités démocratiques par manque de connaissances et de liens émotionnels. Egalement à déplorer est que le contrôle démocratique de l’école publique par les commissions scolaires élues par le peuple sera remplacé dans tous les cantons (dans quelques-uns c’est déjà le cas) par des contrôleurs «professionnels» imposés d’en haut, ce qui est absolument incompatible avec notre démocratie directe.
Le professeur Walter Herzog s’exprime ainsi: «Ce sont des experts qui ont élaboré à huis clos le Plan d’études 21, et ce seront ces experts qui surveilleront et contrôleront sa mise en œuvre. L’idée d’un système scolaire public, voulu par les citoyennes et les citoyens et contrôlé démocratiquement, semble nous échapper totalement de même que la profession d’enseignant ne peut être exercé professionnellement que si on ne la fait pas marcher au bon gré de quelque politique.» («Kompetenzorientierung – eine Kritik am Lehrplan 21», discours tenu le 7 janvier 2014)

… et qui en aura l’avantage?

Si nous considérons ces immenses dommages, la question urgente se pose de savoir à qui profite le Plan d’études 21.
Tout d’abord, aux armées d’«experts» qui à la demande de la CDIP, ont créés des miliers de compétences depuis des années dans le secret, aux «experts» qui sont maintenant en train de produire les séries d’evaluations informatiques, aux statisticiens qui se préparent à les évaluer. Mais cela n’est pas encore toute la vérité. Nombreux sont ceux qui ont déjà leur poste au sein de l’administration fédérale ou cantonale – qu’ils fassent ce boulot ou un autre, ça leur est bien égal. La situation est tout autre pour les professeurs universitaires et les sociétés de conseil privées consultés en dehors de l’administration étatique: leurs honoraires sont également financés par les deniers publics.
Mais à qui profite le Plan d’études 21 pour qu’il ne faille en aucun cas le rater? Il est facile de répondre à cette question dans notre monde de multinationales mondialisées extrêmement riches: «Le Plan d’études 21 sert à tous ceux qui veulent contrôler et quantifier davantage l’école, à ceux qui veulent développer et réaliser les tests, car ils rapportent gros. La mesurabilité en tant que telle ne rapporte rien. La truie ne prend pas de poids, du fait qu’on la pèse.» (Walter Herzog, «Das regulierte Schulkind», Beobachter du 20/2/15)
Les entreprises telles que Bertelsmann et Cie. en seront les bénéficiaires: un pays solvable comme la Suisse avec des milliers d’écoles auxquelles on pourra fournir chaque année les matériaux pédagogiques actuels, notamment les logiciels, adaptés spécialement au Plan d’études 21 … Et puis, toutes les séries d’évaluations, y compris les séries d’exercices et les spécialistes de l’évaluation pour des centaines de milliers d’élèves … une affaire en or que le monde éducatif mondialisé ne veut pas laisser filer. Jürg Brühlmann, le directeur du service pédagogique de l’Association faîtière des enseignantes et des enseignants suisses (LCH), fait un pas de plus en déclarant: «Il se pourrait bien que le Plan d’études 21 favorise ainsi la privatisation des écoles suisses, car il permet aux fournisseurs internationaux de prendre en charge ce service.» (Beobachter du 20/2/15) Il est grand temps que la direction du LCH commence à réaliser quelle direction prend l’entreprise. Il est à espérer que le LCH ne se laisse pas recruter pour une telle entreprise! Et Anita Fetz, conseillère aux Etats socio-démocrate de Bâle, de noter: «En outre: cet exercice coûte cher, très cher. Et l’argent est investi dans le béton, pas dans l’éducation! A Bâle par exemple, les transformations des écoles engloutissent tellement d’argent, plusieurs centaines de millions, que le canton échappe à peine au frein à l’endettement, et ne pourra plus réaliser de gros investissements pour plusieurs années.» (Die Zeit du 23/10/14)
Ah bon, nous – qui savons encore combien font un plus un – constatons très bien la combine! L’expérience de grande envergure du Plan d’études 21 se chiffre en milliards pour les producteurs de matériaux pédagogiques et de logiciels d’évaluation sur le dos de générations entières d’élèves. Intéressant aussi pour les entreprises de matériel informatique: car l’«apprentissage autodirigé» et les tests se ferront avant tout sur ordinateur – à chaque écolier (même à ceux de l’école enfantine!) son propre ordinateur portable. En outre, les nouveaux «environnements d’apprentissage» génèrent aujourd’hui déja des revenus pour l’industrie de la construction et pour de nombreux architectes spécialisés.

Et quelle école voulons-nous, nous les citoyens?

Donc, pour soutenir les grosses affaires, on veux nous forcer à abandonner notre position face à notre école? Certainement pas! Nous n’abandonnons pas nos jeunes à la merci du secteur privé, nous ne permettons pas que des grands groupes spécialisés dans la formation de chez nous ou de l’étranger exercent directement leur emprise sur les élèves par le «coaching» et le «testing» et le contrôle numérique. La bonne école publique suisse, l’une des principales institutions du secteur public, enracinée dans les communes et les cantons, ne doit pas devenir le jouet privatisé des affairistes. Là, le citoyen doit être attentif à ce qui se passe et se manifester. La commission scolaire, déjà supprimée dans l’un ou l’autre canton, doit regagner sa position en tant qu’autorité démocratique, élue par les citoyens des communes. Là, l’artisan se trouve à côté du médecin, la femme au foyer à côté de l’agriculteur. La tâche de la commission scolaire était toujours d’accompagner et de soutenir les enseignants, mais elle n’a jamais eu le mandat légal de les surveiller. Nous citoyens ne tolérerons pas de voir nos commissions scolaires céder la place à un organe de contrôle centralisé qui, loin de tout système démocratique, teste, évalue et administre des données statistiques à des fins plus que douteuses.
Maintenant plus que jamais, c’est le peuple qui doit décider du plan d’études pour l’école publique dans les 21 cantons alémaniques – et il prendra de bonnes décisions grâce au bon sens et au sens de la démocratie.    •

Des tablettes numériques en classe: C’est ainsi que ça marche, chers enseignants

Lors d’une nouvelle formation continue, les enseignants peuvent apprendre comment utiliser les tablettes numériques dans l’enseignement. Le stage développé par la Haute école pédagogique de Zurich est financé par Samsung Electronics Suisse.
Selon un communiqué de la Haute école pédagogique, les tablettes numériques représentent un énorme potentiel pour un enseignement innovateur et motivant les élèves. Ce ne sont pourtant pas encore toutes les écoles et tous les enseignants qui profitent de cette option. La formation continue est gratuite pour des équipes enseignantes ou des enseignants particuliers.
Au cours d’une série en cinq volets, les enseignants recevront des impulsions et des idées de cours concrètes axées sur les compétences du Plan d’études 21. Pour qu’ils puissent, entre les différents volets du stage, tester les idées reçues dans leur propre établissement scolaire, des tablettes numériques leur seront remises gracieusement.
Cette formation continue s’adresse aux écoles en Suisse alémanique (du jardin d’enfants au premier cycle du secondaire). Samsung prendra les frais à sa charge et équipera deux salles de la Haute école pédagogique avec l’infrastructure nécessaire.
Selon les experts, les tablettes numériques se prêtent particulièrement bien à l’apprentissage coopératif en groupes ou lors de travaux interdisciplinaires.
Dans quelques projets pilote, les tablettes numériques sont déjà mises à disposition dans des écoles suisses – aux cantons d’Argovie, de Zurich, et de Soleure par exemple – et dans un cas même déjà au jardin d’enfant.
sda/mim du 24/2/15