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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2008  >  N°11, 17 mars 2008  >  Au début était le champ [Imprimer]

Au début était le champ

La «Biokräuterei» (production d’herbes bio) d’Oberhavel (Allemagne) après sa première année de production – un portrait

par Juliane Felsch

Au début était le champ. Un homme et un rêve. En friche le champ au nord d’Oranienburg. L’homme est venu, il a semé et il a récolté. Il a donné aux gens du travail sur son champ. Alors le rêve de l’homme n’était plus un rêve – car le travail au champ portait des fruits.
Matthias Anders (53) est l’homme derrière cette histoire. Ce n’est pas un personnage biblique, mais un homme venu de Rhénanie il y a des années, il est allé à Berlin, plus tard à Lehnitz et depuis 2006 il est le chef de la Biokräuterei Oberhavel. Mais l’histoire racontée par le biologiste a vraiment un format biblique. Mechthild Reichert en a fait un film documentaire «Le début et la première année» – en septembre 2007 il a fêté la première à la fête des récoltes à Kuhhorst.
Matthias Anders n’a d’abord pas voulu la raconter – l’histoire du jardin aux herbes qui s’étend au nord d’Oranienburg près du canal de Ruppin sur 15000 m2. Un projet pour ramener des chômeurs au travail; qui offre des jobs pour les ABM (ABM: mesures pour donner du travail aux chômeurs). L’arrondissement d’Oberhavel soutient la Biokräuterei ainsi que le maire de Lehnitz Gerd Baer. Il y a un an, les deux champs étaient encore en friche. En 2007, c’était la première année de production d’herbes bio.
Le temps de la récolte principale est passé. Dans sa cuisine à Lehnitz, une partie de la commune d’Oranienburg, M. Anders raconte. La machine à espresso, du bon vin sur les étagères et une cuisinière sur laquelle on imagine que se cuisent des spaghettis al dente. «Je commence tout de suite», dit Matthias Anders. «Dans une heure, je dois être au champ.» La première récolte a pris beaucoup de temps. S’y ajoutaient les pluies abondantes du mois de mai: la Kräuterei était sous l’eau, 60% de la récolte du persil étaient perdus. Des experts ont dû transpercer la couche de terre glaise pour faire écouler l’eau. Matthias Anders ouvre le frigidaire, il en sort des bocaux de sauce à assaisonner. «C’est le pesto classique – avec beaucoup, beaucoup de ba­silic.» Cette spécialité italienne est un produit de la Biokräuterei. Les ingrédients viennent du champ. On produit le pesto à l’école professionnelle pour la nutrition et la technique alimentaire à Berlin-Reinickendorf.
Mais sur le champ de la Biokräuterei pousse davantage que du basilic en grande quantité – produit de base du pesto italien. Des herbes bien connues comme l’estragon, la coriandre, la marjolaine, l’origan, la menthe, le pourpier potager et l’hysope, le thym et la mélisse citronnée sont au programme de la Kräuterei. On y trouve aussi un mélange d’herbes sauvages pour salades: de l’achillée millefeuille, de la roquette, de l’ortie, de la dent de lion et des fleurs comestibles. Herbe par herbe, les jardiniers les récoltent et les trient à la main. Pas de fauche, pas de machines.
Les herbes d’Oranienburg sont surtout vendues à Berlin. On peut aussi avoir ces plantes saines avec un abonnement bio. Des entreprises régionales de vente par correspondance comme les «Lebensmittler» (les alimentaires) livrent la marchandise fraîche jusqu’à la porte. A l’avenir, une fois que la Kräuterei sera une entreprise rodée, Matthias Anders veut vendre surtout dans les environs. Il a déjà le projet d’un stand de marché à Oranienburg. Aussi la Landesgartenschau 2009 (exposition nationale du jardinage) est fixée dans le calendrier de la Kräuterei.
Pour l’heure, le concept de vente de la Kräuterei se trouve encore dans une pile épaisse de papiers, à peine travaillée. Car en ce moment, tout tourne autour d’une seule chose: une première bonne récolte. Pas à pas, la Biokräuterei devra devenir une entreprise qui marche bien. L’objectif pour 2008: «Il faudra au moins pouvoir gagner les coûts des salaires et de la semence.» Matthias Anders ne parle pas de bénéfice. Cela ne correspondrait pas bien à cette histoire – à cette histoire du champ, de l’homme et du rêve.

Première publication dans la
«Märkische Allgemeine» du 27/9/07
www.biokraeuterei.de

(Traduction Horizons et débats)