Un exemple éclatant pour banquiers et politiciens«Vehdokter Ruedi»: le vétérinaire et philanthrope Rudolf Trachselpar Heini Hofmann*C’était un représentant remarquable de sa profession, le vétérinaire de Rüeggisberg, Rudolf Trachsel (1804-1894). Mais il n’était pas seulement praticien à succès et conseiller de l’Ecole vétérinaire à Berne; il s’est aussi engagé dans la politique de sa commune et du canton. C’était un grand philanthrope qui a apporté de la lumière dans «l’Asile du canton de Berne». Aujourd’hui il serait peut-être honoré du prix Nobel de la paix; car il a fait pratiquement la même chose que le lauréat de 2006, le professeur d’économie Junus, «Banquier des pauvres» au Bangladesh: Il a combattu activement et avec succès la pauvreté et la misère en apprenant aux gens à faire des économies, et à cette fin il a fondé à Rüeggisberg, il y a 175 ans, la première banque de la région. Une époque mouvementéeC’était l’époque des grands bouleversements politiques; la première moitié du XIXe siècle a apporté plus de changements politiques, économiques, techniques et sociaux que les deux siècles précédents. Quelques années avant la naissance de Trachsel, en 1798, l’Ancien régime s’est effondré. Il a été suivi de la République helvétique centraliste, sous l’influence de l’étranger, puis de la Médiation par la grâce de Napoléon avec le retour au fédéralisme d’avant. Avec la Restauration en 1815, la situation d’avant 1798 a refait surface. Mort prématurée du frère médecinPolitiquement, le vaste territoire de la commune de Rüeggisberg comprenait plusieurs districts et hameaux. C’est dans un de ces hameaux que le vétérinaire Trachsel a grandi, dans la Bungerte (Baumgarten) près de Niederbütschel. Son père déjà, le paysan Kaspar Trachsel, a fait preuve de clairvoyance. Après la construction de la première fromagerie à Kiesen en 1815, il a construit la première fromagerie à Rüeggisberg également. La médecine des animaux au lieu du charlatanismeAprès neuf ans d’école primaire à Niederbütschel et après avoir aidé à la ferme, Ruedi a commencé à 22 ans des études à Berne, à une époque où la médecine animale s’est détachée du charlatanisme et professionnalisée (il y prendra plus tard une part active). Les promoteurs de ce développement étaient les épidémies animales qui sévissaient périodiquement et l’importance croissante de l’élevage d’animaux de rente. Le métier comme vocationRudolf Trachsel, appelé aussi «Dokterrüedu», était un vétérinaire apprécié et aimé sur le plan professionnel, lequel, après le décès prématuré de son frère médecin, a souvent aussi été appelé pour l’aide médicale et comme dentiste. Et il a été fidèle toute sa vie à l’école vétérinaire: Pendant plus de deux décennies comme président de la commission de contrôle et membre du comité sanitaire ainsi que président de la commission d’examens des maréchaux-ferrants, dont la profession avait jadis une grande importance. Engagement bénévoleEtant une personnalité capable, réfléchie et philanthrope, il a été appelé partout, il a exercé plusieurs fonctions bénévoles dans la commune, le district et le canton. Ainsi il a été syndic plusieurs années, juge de paix pendant 40 ans et président de la commission scolaire et du Conseil de paroisse. Grande misère et pauvretéAu XIXe siècle, le Schwarzenburgerland et la région de Rüeggisberg étaient connus comme «l’asile des pauvres» du canton de Berne. Le paysage vallonné, avec les fermes éloignées et isolées, a engendré une population renfermée, d’abord hostile à toute idée nouvelle. Pour cette raison, la modernisation de l’agriculture n’a été acceptée que peu à peu. De plus, le mauvais temps, les mauvaises récoltes et les épidémies ont causé des années de famine, et cela a conduit à l’endettement, au désespoir et à l’abandon, et en conséquence à la mendicité et à l’alcoolisme – un cercle vicieux. Un hold-up avec happy-endGrâce à son énergie et à sa réputation, il a réussi à fonder en 1835 la Ersparniskasse Rüeggisberg (Caisse d’épargne) qui existe toujours. Et cela avec des règles claires: Dépôt minimum de 3 batz, le bien maximal ne devait pas dépasser 1000 francs bernois. Le taux d’intérêt était de 3 pour cent et il existait un fond de caution de 10 000 francs pour d’éventuelles pertes. Pendant près de 50 ans (!) Rudolf Trachsel fut le président du Conseil d’administration de cette banque pionnière. Coups du destin et lueur d’espoirDans le privé, le professionnel à succès, le politicien et bienfaiteur a également dû encaisser plusieurs coups du destin. En 1876 sa femme aimée, Bethli, est décédée; sans son soutien dévoué, il n’aurait jamais pu réussir son œuvre. Trois ans plus tard, en 1879, le vieux père a dû ramener à la maison son fils Daniel, mort d’une chute de la Bürglenfluh. Et en 1888 une de ses filles, Elisabeth, fut assassinée à Oberlindach lors d’un rapt brutal. Lorsque le vétérinaire Rudolf Trachsel est décédé lui-même en 1894 à l’âge de 90 ans d’une attaque d’apoplexie, 7 de ses 14 enfants étaient encore en vie. * L’auteur a été vétérinaire de zoo et de cirque et il travaille aujourd’hui comme publiciste scientifique libre; le docteur des animaux Trachsel a été son arrière-grand-père. Théâtre en plein air |