Comment on appâte les communes avec l’idéologie de la protection de la natureInterview d’un représentant d’un mouvement citoyen. Entretien mené par Erika Vögeliev. Aux réseaux d’organisations qui font avancer l’idéologie des parcs et des loups appartient aussi l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), l’Union européenne et la Fédération Europarc, financée entre autre par l’UE. Leurs directives et règlements – par exemple les directives de l’UICN, valables mondialement – n’ont pas tous un caractère impératif. Cela à la différence des lois sur l’environnement à l’échelle nationale ou à l’échelle des Länder allemands ou bien de la Directive Habitats Faune Flore (HFF) de l’UE qui sont contractuelles pour les pays intégrés. Mais même des directives non impératives livrent des points de repères, des déterminants auxquels se réfèrent de leur côté des institutions privées ou publiques des pays individuels, afin de légitimer leur politique. Ainsi se crée une interaction entre les lois, les autorités et les administrations sur le plan national et des organisations et des directives internationales ainsi que des organisations privées de la protection de la nature; une interaction qui, pour les citoyens d’une région concernée, est souvent impossible à démêler. Lorsque les citoyens concernés se plaignent auprès d’une autorité, celle-ci se réfère aux directives ou à la compétence d’autres et se soustrait ainsi à la discussion objective avec la population. Horizons et débats: Monsieur Kerschbaum, vous êtes co-initiateur d’un mouvement de citoyens pour la protection de la Forêt bavaroise qui s’est battue contre l’élargissement du parc national. Comment cela s’est-il fait que votre commune ait participé à ce projet? Franz Kerschbaum: Pour réaliser de tels projets, les communes sont incitées à dire oui par des moyens financiers et des propositions attractives. Chez nous, à l’époque, le gouvernement Stoiber a mis à disposition de la commune – Frauenau et d’autres communes – des moyens financiers du budget étatique issus des recettes de la privatisation. Mais ils ne nous ont pas dit que c’étaient seulement les intérêts qui pouvaient être utilisés – les communes ont naturellement calculé avec 33 millions d’euros pour la région. C’est seulement après qu’on a constaté que l’argent avait été placé et que seul les intérêts étaient destinés aux communes. «Tourisme» comme appâtOu bien on promet que le tourisme serait relancé. Ainsi, Frauenau dispose d’un très beau musée du verre, parce que l’Etat a promis à la commune de Frauenau d’y construire un musée de verre. La commune a ensuite démoli l’ancien petit musée du verre très joli et a construit un musée très grand et beau nous entraînant vers l’insolvabilité actuelle. Cela veut dire que la commune ne peut plus bouger à cause des coûts successifs liés au musée. Alors on nous a dit que le tourisme serait relancé grâce à l’élargissement du parc national – ce n’est pas le cas. Le musée du verre aurait besoin de 50 000 visiteurs par an pour couvrir les frais et nous avons dans les 14 000 à 15 000 visiteurs. Malgré une promotion massive du parc national pour l’élargissement, le musée du verre n’en profite pas. Il n’y a pas davantage de touristes qui viennent dans la Forêt bavaroise et d’autant moins au musée du verre pour couvrir les frais. Par conséquent, chez nous, les taux d’imposition ont augmenté pour que la commune puisse au moins financer les besoins de base tels que l’eau, la canalisation, l’école, le jardin d’enfants. Procédure dictatorialeQui décidera alors? Ce sont les directives de l’UE et les directives de l’UICN. Les organes du parc national se réfèrent à ces directives lorsque le parc est aménagé. Cela veut dire que les droits fonciers communaux sont mis hors vigueur, par exemple la loi bavaroise de protection de la nature, la loi des droits de l’eau, la loi de la protection de la forêt, la constitution – tout est mis hors vigueur, les lois existantes sont soumises à ces directives. Avec pour conséquence que les habitants des communes, lorsqu’ils se rendent compte qu’ils ont été piégés, sont privés de toute légitimation et de toute influence. Nous pouvons bien nous énerver et exprimer notre colère, cela ne sert plus à rien. Quelles sont les conséquences de ces nouvelles directives? Une idéologie de parc naturel absolument cohérente demande de laisser libre cours à la nature, de ne plus intervenir. Cela signifie que là où des développements néfastes se sont déclarés, comme par exemples des insectes nuisibles qui détruisent une grande partie des forêts, on ne doit plus intervenir à cause de ces directives. Autrefois, de telles parasites ont été enrayés par les paysans forestiers. Cette nouvelle idéologie a pour conséquence que la nature se détruit elle-même. La forêt est détruite sur de grandes surfaces et elle est tout simplement livrée à elle-même. Vous devez voir ça: Ce qu’on nous promet et ce que cela devient en réalité. Un chasseur professionnel de Styrie est venu voir et il a été bouleversé par ce qu’il y a vécu. Exploitation soigneuse jusqu’à présentJusqu’à présent les gens ont toujours exploité de façon à ne pas détruire les bases existentielles. C’est uniquement grâce à cette procédure avisée et raisonnable, grâce à la protection par l’exploitation et les soins, le maintien par l’exploitation que la forêt est ce qu’elle est aujourd’hui. Le maintien de la diversité des espèces n’est possible qu’en cultivant la nature. Mais ce sont des arguments que les Verts ne veulent pas accepter. Ils prétendent que, si dans le parc national il y avait plus de 60 espèces de coléoptères de plus, la diversité des espèces serait multipliée manifestement par rapport à l’époque de l’exploitation des forêts par les paysans forestiers – ce qui n’est pourtant pas vrai. Il est toujours difficile de désamorcer ces arguments lancés sans preuves de manière qu’on puisse réfuter les écologistes idéologiques. En partie ces derniers ont fait des études à l’université et participent à ce système parce qu’ils gagnent bien leur pain avec ça. Ils obtiennent un emploi quelconque, une activité bien payée. Et alors, ils sont intégrés là-dedans d’après le principe «Les payeurs ont toujours raison». Cependant, le paysage si convoité par les protecteurs de la nature est tentant seulement si parce qu’il a été soigné pendant des siècles. S’il était détruit, aucun protecteur de la nature ne dirait plus: «Nous voulons avoir cette région.» Combien de parcs existe-t-il actuellement en Allemagne? Nous avons entre-temps 14 parcs nationaux et divers parcs naturels. Avec la réunification se sont ajoutés dans les nouveaux Länder quelques parcs naturels. Nous avons dans la Forêt bavaroise le parc le plus ancien, créé en 1969. La proposition est venue du NPD en 1967, il était représenté au Landtag bavarois par 25 députés. La proposition a cependant été rejetée parce qu’elle venait du NPD. En 1969, deux ans plus tard, les forces vertes ont relancé le projet. «Hidden agenda»? D’où vient donc cette idéologie? Ce n’est pas seulement ainsi chez nous dans la Forêt bavaroise. Je dis toujours, lorsqu’on s’occupe de ce thème, il faut savoir d’où vient cette idée de parc national. D’un côté, les Anglais l’ont déjà appliquée en Afrique. Ils y ont procédé de façon bien plus brutale: Ils ont dit aux chefs de tribus des villages: Dans 15 jours vous aurez disparu de là, 200 kilomètres plus loin – ici on installera un parc national et vous n’y avez plus rien à faire. Celui qui reste, sera fusillé. Aujourd’hui on sait que dans le désert il y avait des gisements de diamants, peut-être le savaient-ils déjà à l’époque. Qui sait? Il existe une idéologie qui n’est pas transparente, une radicalité et une influence, et une structure de pouvoir effrayant. Nos droits démocratiques sont alors restreints par de simples ordonnances, voire mis hors vigueur et détruits. Et ce ne sont plus que les utilisateurs du parc national et les idéologues du parc qui peuvent se déplacer dans ces régions, alors que tous les autres gens en sont exclus. Même sous peine d’une amende élevée. C’est comme ça chez nous. Il y a tant d’aspects et de problématiques là-derrière que je ne peux que conseiller aux populations: Ecoutez à la ronde, regardez autour de vous et apprenez comment cela s’est passé chez les autres. Merci beaucoup de cet entretien. • |