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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2009  >  N°19, 18 mai 2009  >  Petite histoire des exilés allemands en Suisse [Imprimer]

Petite histoire des exilés allemands en Suisse

rl. Au cours des années 1830 et à la fin des années 1840, des penseurs et hommes politiques allemands ont souvent fui leur «patrie» pour venir en Suisse, pays neutre où ils étaient à l’abri des persécutions de leurs souverains despotiques. La Suisse leur a accordé l’asile et a subi les attaques des pays d’origine. La plupart des émigrés ont participé par la suite de manière constructive à la mise en œuvre du nouvel Etat fédéral suisse. A la fin du XIXe siècle, les lois de Bismarck contre les socialistes ont provoqué une nouvelle vague d’émigrés politiques.
Des émigrés ont imprimé à Zurich le journal de parti Der Sozialdemokrat et en ont fait passer des exemplaires clandestinement en Allemagne. La situation est devenue menaçante car Bismarck se voyait gêné dans son projet d’anéantissement du mouvement social-démocrate. Le chancelier allemand a demandé à la Suisse de maintenir l’ordre, sinon il se verrait obligé d’envoyer des policiers allemands en Suisse (!) (Il n’était pas question de «cavalerie»).
Bismarck avait introduit en Suisse des agents provocateurs qui devaient convaincre les exilés de rentrer au pays pour les faire arrêter ensuite une fois passée la frontière. En 1889, l’affaire a été découverte. Bismarck a menacé ouvertement la Suisse d’une guerre douanière et d’une non-reconnaissance de la neutralité.1
Grâce à l’intrépide président de la Confédération et chef du Département politique Numa Droz, on a pu calmer le jeu par la voie diplomatique et dans le respect de la neutralité.
Une vague plus importante de réfugiés politiques est venue à l’apparition de la terreur nazie au début des années 1930. Non seulement un grand nombre de sociaux-démocrates, mais aussi des libéraux, des conservateurs, des chrétiens et des communistes ont cherché à se protéger de la terreur nazie. La Suisse a été pour beaucoup une étape vers la liberté jusqu’à l’occupation complète de la France par la Wehrmacht qui a isolé totalement et menacé la Suisse.2
Le pays s’est alors trouvé dans une situation très difficile. D’une part on a tenté de protéger le plus grand nombre possible de personnes mais d’autre part, il fallait, en raison des pressions exercées par les grandes puissances, recourir à la voie diplomatique de la neutralité pour survivre.
La neutralité et la tradition humanitaire de la Suisse ont été une planche de salut pour la social-démocratie allemande dans les périodes difficiles de son histoire. En conséquence, il est honteux que ceux qui se disent sociaux-démocrates mènent aujourd’hui contre la Suisse leur attaque déguisée en «guerre fiscale».     •

1     Edgar Bonjour, Histoire de la neutralité suisse. Quatre siècles de politique extérieure fédérale. Tome II.
2    Klaus Urner, Die Schweiz muss noch geschluckt werden! Hitlers Aktionspläne gegen die Schweiz. Verlag NZZ, ISBN 3-85823-303-X.