Horizons et débats
Case postale 729
CH-8044 Zurich

Tél.: +41-44-350 65 50
Fax: +41-44-350 65 51
Journal favorisant la pensée indépendante, l'éthique et la responsabilité pour le respect et la promotion du droit international, du droit humanitaire et des droits humains Journal favorisant la pensée indépendante, l'éthique et la responsabilité
pour le respect et la promotion du droit international, du droit humanitaire et des droits humains
18 juillet 2016
Impressum



deutsch | english
Horizons et debats  >  archives  >  2010  >  N°49/50, 29 décembre 2010  >  «De l’art imprégné par l’humain» [Imprimer]

«De l’art imprégné par l’humain»

L’exposition «Albert Anker – Schöne Welt» au Musée Oskar Reinhart

par Urs Knoblauch, Fruthwilen TG

Il s’agit de l’exposition à l’occasion du centenaire de la mort du grand peintre suisse (1831–1910) organisée par le Musée des Beaux Arts de Berne qui, légèrement modifiée, peut actuellement être admirée à Winterthur, jusqu’au 6 mars 2011. La valeur des tableaux d’Anker ne cesse d’augmenter ainsi que leur renommée internationale (cf. Horizons et débats, no 23 du 14 juin 2010 où l’on en fait le point de manière détaillée). A Winterthur, l’exposition n’occupe pas seulement le 3e étage tout entier, mais en partie également le deuxième où elle est en rapport avec les œuvres de l’exposition permanente. Le Musée Oskar Reinhart am Stadtgarten à Winterthur, incomparable et connu dans le monde entier, abrite dans ses murs une collection d’œuvres de première importance, du Réalisme, de l’époque de Louis-Philippe (appelée «Biedermeier» en allemand), du Romantisme et d’autres époques du XVIIIe au XXe siècle, créées par des peintres allemands, suisses et autrichiens. Dans le bâtiment, construit par Ferdinand Zeugheer (1838 à 1842), étaient installés originairement l’Ecole des garçons, le lycée, la bibliothèque et les archives urbaines. En 1951, il fut aménagé en musée pour accueillir la Collection de la Fondation Oskar Reinhart et, en 1995, lors d’une rénovation totale, agrandi de telle sorte qu’il réunit aujourd’hui dans ses murs quelque 600 tableaux magistraux. La peinture suisse y est représentée en particulier avec Liotard, Füssli, Graff, Wolf, Töpffer, Robert, Calame, Menn, Böcklin, Anker, Koller, Hodler, Segantini, G. Giacometti et Amiet. Mais on y admirera de même des œuvres d’une beauté éclatante de peintres allemands tels que Friedrich, Menzel, Leibl et Liebermann.

Rendre les trésors publics

Theodor Reinhart fonda une entreprise familiale ayant beaucoup de succès et, par son mécénat, promut l’art de manière idéale. Cette ambition de mécène provoqua, dès son enfance, un intérêt semblable chez son fils Oskar Reinhart (1885–1965) qui, commerçant comme son père, s’engagea aussi dans l’entreprise familiale. Ce fut en 1924 déjà qu’il se consacra entièrement à la création de la collection d’art familiale puisqu’il «éprouva, dans sa jeunesse déjà, le fort désir de rendre accessibles ses trésors au public». En 1940, Reinhart érigea une fondation, acte par lequel une partie de sa collection parvint à la ville de Winterthur. Après sa mort, l’autre moitié de sa collection, contenant des œuvres impor­tantes des anciens maîtres et des tableaux magistraux de la peinture française du XIXe siècle, fut transférée en propriété de la Confédération suisse. Depuis 1970, cette excellente collection est donc accessible au public dans le cadre de la Collection Oskar Reinhart am Römerholz, placée dans l’ancienne villa des Reinhart.
Alber Anker figura parmi les «peintres les plus favoris d’Oskar Reinhart, bien qu’il ait acquis les 12 tableaux d’Anker qui se trouvent dans sa collection seulement à partir de 1929, au moment donc où il avait réuni déjà une grande partie des tableaux français – ce qui prouve l’importance qu’il lui concéda».

«Les parents transmettent le trésor de leurs expériences de vie»

Reinhart se montra enthousiasmé par «le contenu imprégné par l’humain, et ceci dans presque tous ses aspects.» Ce sont justement ces aspects humains et sociaux que l’exposition met en évidence, de manière impressionnante, ce dont fait état le texte du commentaire également, disponible à l’exposition, disant que «les personnages d’Anker sont pleins de vie et authentiques, à la différences des poupées douçâtres que ses contemporains exposaient au Salon de Paris. C’est pourquoi ses tableaux plaisent à ceux qui les contemplent et les touchent, ce qui a beaucoup contribué à la popularité du peintre. Les rencontres entre les générations sont nombreuses. Anker met l’accent sur l’importance de la tâche des personnes âgées de s’occuper des plus petits, en les éduquant pendant que les parents sont au travail, parce que c’est eux qui disposent de la totalité du trésor de leurs expériences de vie dont les petits profitent bien.»
La famille «intacte où une tâche particulière incombe à chacun», l’école et la question sociale lui tenaient à cœur. Ses intérêts pédagogiques lui firent étudier les œuvres de Pestalozzi et s’engager dans l’administration scolaire d’Ins, son lieu d’origine. Aussi choisit-il comme sujet de beaucoup de ses tableaux le développement des enfants, à l’école et chez eux. On peut y admirer les petits non seulement avec leurs af­faires d’école, mais aussi en train de se vouer à un travail qui leur sera utile dans leur vie d’adultes, comme les travaux à la main tels le tricotage ou la broderie. Ainsi les petits sont gentiment introduits dans leur rôle à prendre dans leur vie d’adulte.
Voilà un sujet plein d’actualité d’ailleurs, puisque, adapté à nos temps modernes, il signifie que les enfants d’aujourd’hui devraient, eux aussi, se voir diriger davantage vers la collaboration et «se rendre utiles» pour la famille et la communauté. Voilà ce qui leur correspond, ce qui les rend plus forts. Sur les tableaux d’Anker, les enfants apparaissent souvent lors de leurs occupations, parfaitement concentrés, sérieux, modestes, plutôt timides même, des qualités qui mériteraient de servir de modèle également de nos jours. Anker réussi à dé­peindre de manière psychologiquement exacte ce qui se passe dans les rapports humains et en particulier dans le cadre familial et entre frères et sœurs. On n’a pas encore suffisamment insisté sur la profondeur et la sensibilité de cet artiste suisse face aux sujets sociaux de son temps. La visite de l’exposition nous en apprend davantage, en contemplant par exemple les toiles telles que «La soupe populaire», «Soldats de l’armée Bourbaki» et «Le Paiement de l’intérêt». On ne peut que recommander la visite de l’exposition aux familles et aux classes. On constatera d’ailleurs que Winterthur offre d’autres événements culturels.    •

Informations: L’exposition dure jusqu’au 6 mars 2011; ouvertures mardi de 10h à 20h; de mercredi à
dimanche de 10h à 17h (le 31 décembre 2010 inclus). Visites guidées, conférences: tél. +41 52 267 51 72
ou www.museumoskarreinhart.ch

Ils Morins - les Maures

hh. Encore de nos jours, dans les anciennes familles de confiseurs en Engadine, sont gardés avec soin et transmis aux filles, les Morins ou Maures, comme on appelle les boucles d’oreille en forme de rois noirs ou d’esclaves avec une couronne ou avec un turban. Les Randulins, c’est-à-dire les hirondelles, comme on nomme ceux qui sont revenus, ont rapporté au pays ces bijoux en or décorés d’émail blanc ou noir.
Dans l’ancienne Autriche-Hongrie, de telles boucles d’oreille était largement répandues et on les trouve encore aujourd’hui comme articles-souvenir dans la région d’Istrie et de Croatie. Ces Morins auraient représenté, pour les familles de confiseurs chassés de Venise, quelque chose comme un symbole d’appartenance et peut-être même un signe secret de reconnaissance.