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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2008  >  N°30, 28 juillet 2008  >  Quand l’irresponsabilité devient un style de commandement [Imprimer]

Quand l’irresponsabilité devient un style de commandement

Samuel Schmid ne se laisse pas déboulonner

thk. Par 8 voix sur 12 et 4 abstentions, la Commission de la politique de sécurité du Conseil national s’est refusée à demander la démission de Samuel Schmid et pourtant il apparaît nettement que le Parlement le soutient de moins en moins, et pas seulement le Parlement. Selon un sondage du Sonntagsblick du 27 juillet, il a perdu la confiance de la population, qui considère qu’il manque d’autorité.
Depuis sa nomination à la tête du Département de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS), il nous a menés en bateau. A l’époque, il a été élu contre la volonté de son parti avant tout parce qu’il convenait aux partisans des Etats-Unis. En même temps, il fallait infliger un camouflet à l’aile zurichoise de l’UDC. A la question de savoir si c’était une bonne raison s’agissant de l’élection d’un conseiller fédéral, on peut certainement répondre non en ce qui concerne Samuel Schmid. Avec ses réformes successives, il n’a cessé de rapprocher l’Armée suisse de l’OTAN. Avec la première votation sur la loi militaire qui prévoit des engagements armés à l’étranger et une collaboration avec des armées étrangères en matière d’instruction, on a brisé pour la première fois un tabou sans le dire. On avait commencé à envoyer des soldats suisses au Kosovo, bien sûr uniquement dans un but humanitaire, puis on a considéré qu’il était absolument nécessaire d’armer nos soldats pour qu’ils puissent se défendre. Quel citoyen aurait voulu s’exposer au reproche d’avoir empêché des soldats suisses attaqués de se défendre au Kosovo?
L’importante réforme Armée XXI a mis l’Armée dans l’état où elle se trouve aujourd’hui. Son unique objectif était d’en faire un troupe efficace prête à intervenir dans le monde entier en association avec l’OTAN. Il était donc logique que Schmid nomme Christophe Keckeis, fanatique des Etats-Unis et de Rambo au poste nouvellement créé de chef de l’Armée, fonction qu’on ne pourvoyait jusque-là qu’en temps de guerre. ­Schmid avait trouvé là un garant de son projet politique visant à rapprocher davantage l’Armée suisse de l’OTAN. La déclaration de Keckeis, lors de son entrée en fonctions, selon laquelle l’Armée suisse purement défensive appartenait à l’histoire était l’expression de son programme et de celui de Schmid. Le DDPS continua sur cette voie funeste.
Le fait que le successeur de Keckeis ­Roland Nef ait quitté son poste aussi rapidement qu’il y était parvenu relève de la même tendance. On murmure que Schmid était tout à fait au courant des manquements de Nef et qu’il avait là un moyen de pression pour l’amener plus facilement à «coopérer». C’est difficile à prouver mais ce n’en est pas moins probable.
On ne comprend pas bien pourquoi la presse, dans sa majorité, a surtout attaqué Roland Nef. Elle a visé la mauvaise cible. ­Schmid a opté entre quatre candidats, il était au courant de la procédure pénale pendante si bien qu’il porte l’entière responsabilité de son choix. Le fait qu’il déclare maintenant qu’il «a été sans doute trop confiant» relève d’une pure stratégie de communication et ne l’absout aucunement. C’est lui qui a failli et non Roland Nef. Il est inadmissible que quelqu’un comme lui, qui refuse d’assumer la responsabilité de la catastrophe de la Jungfrau et du drame prévisible de la Kander, soit considéré avec indulgence comme une victime et s’en tire sans dommage. Où sont les mécanismes de contrôle démocratique qui caractérisent notre Etat? Pourquoi Schmid continue-t-il d’être couvert, malgré ses graves manquements, par certains politiques?
Un conseiller fédéral doit être attaché au bien de notre Etat et de sa population et doit se sentir appelé à exécuter la volonté du peuple et du Parlement et non à profiter de sa situation pour exercer un pouvoir ou se mettre à la disposition de puissances étrangères. Sinon, qu’il cesse de fêter le 1er-Août et aille célébrer l’Independence Day aux Etats-Unis.     •