Le dixième «pommier ambassadeur» de l’échange entre la Suisse et la Russie

par Elfy Roca

Dans l’article intitulé «27 pommiers. Des frères et des ambassadeurs pour les rapports culturels et amicaux entre la Suisse et la Russie», «Horizons et débats» (n° 53 du 28/12/12) a informé ses lecteurs de la rénovation de l’ambassade suisse à Moscou, de l’amitié entre les deux pays, de la coopération précieuse et importante des deux nations et du projet culturel de l’artiste vaudoise Anne-Julie Raccoursier.

Le 23 avril, a été planté dans le canton du Glaris, dans le cadre d’une cérémonie solennelle, le dixième pommier.

Une brève rétrospective

Depuis plus de deux siècles, la Suisse et la Russie entretiennent une relation amicale. Aussi bien sur le plan humanitaire qu’économique, il existe hier comme aujourd’hui une coopération intensive. L’échange entre les deux nations qui s’est étendu au cours des dernières années est une des raisons pour laquelle l’ambassade suisse de Moscou doit être transformée et élargie.
Comme Horizons et débats a rapporté, le jury du concours a choisi pour cette nouvelle construction le projet «Roses de Berne» des architectes Brauen+Wälchli – désigné ainsi, parce que, dans la cour intérieure réaménagée, il est prévu de planter un pommier de la variété «rose de Berne».
L’artiste vaudoise Anne-Julie Raccoursier, qui a remporté le concours «Art dans la construction» pour l’enrichissement artistique de l’ambassade suisse, fait avec son œuvre intitulée «Bi-location» le lien avec ce pommier: son idée n’était pas de créer une œuvre qui se trouve uniquement dans l’ambassade, mais de saisir la pensée de l’ambassade et de créer un lien entre les deux pays, un lien existant en dehors de l’ambassade – en Suisse.
Ainsi, un jeune pommier sera planté dans chacun des 26 cantons suisses – tous cultivés par greffage à partir d’un même arbre de la variété «rose de Berne», comme celui qui sera planté lors de l’inauguration de la nouvelle ambassade en 2015. Ils «doivent grandir comme ambassadeurs des relations entre les deux pays et maintenir ce lien en vie. Une photographie de chaque arbre, avec l’histoire liée à celui-ci ou bien son lien avec la Russie, sera présentée à l’entrée des salons de réception de l’ambassade rénovée et donnera à chaque visiteur un petit aperçu des relations variées entre les deux pays et des personnalités qui les façonnent.»

Le dixième pommier dans le canton du Glaris

Le 23 avril, le dixième pommier a été planté à Elm dans le canton du Glaris. A Elm se trouve la maison Souvorov, qui a hébergé le général russe Souvorov dans la nuit du 5 au 6 octobre 1799, lorsqu’il traversait les Alpes avec ses troupes. La Suisse et la Russie doivent à l’ancien conseiller aux Etats et ancien conseiller d’Etat, Kaspar Rhyner, le fait que cette maison existe encore. C’est lui qui a sauvé la maison de la démolition et l’a restaurée en 1970/71. Ensuite, il l’a mise sous protection de la Confédération et du canton. Aujourd’hui, elle fait entièrement partie de l’image du village d’Elm.
Mais l’œuvre de Kaspar Rhyner va bien au-delà. Depuis de nombreuses années, il s’engage pour l’héritage des générations antérieures et fait toujours revivre les anciennes relations entre la Suisse et la Russie. Tout un chacun qui s’intéresse à l’histoire du général Souvorov et à sa traversée des Alpes, trouve chez Rhyner la porte grande ouverte. Mais Kaspar Rhyner s’engage aussi inlassablement pour la commune d’Elm, le canton de Glaris et la Suisse, notamment aussi pour l’armée suisse (à Elm se trouve le champ de tir de Wichlen). On lui doit également la préservation de nombreux témoignages du passé, par exemple le musée de l’ardoise d’Elm. Kaspar Rhyner entretient des relations amicales non seulement en Suisse mais aussi à l’étranger, en particulier avec la Russie et des délégations russes qui lui rendent régulièrement visite. Le 13 décembre 2012, à l’occasion de la réception de Noël au sein de l’ambassade russe de Berne, Kaspar Rhyner a reçu pour cet engagement la médaille «amitié et collaboration» des mains de l’ambassadeur Alexander Golowin au nom de la Fédération de Russie.

Prés de la maison Souvorov

Pour le site du pommier dans le canton de Glaris, il ne pouvait être question que d’un lieu: la maison Souvorov à Elm. On a dû très tôt laisser tomber l’idée initiale de planter le pommier derrière la maison, car l’arbre doit former avec la maison Souvorov une œuvre d’ensemble. Après une visite sur place de l’artiste Anne-Julie Raccoursier, il ne restait plus qu’un seul site: le jardin du voisin Martin Vosseler. Lui aussi a un grand nombre de liens avec la Russie: déjà son père, professeur de géographie à Bâle, entretenait un échange intensif avec la Russie, il était très impressionné par la culture russe et il a transmis cet enthousiasme à son fils. M. Vosseler est devenu médecin et s’est beaucoup engagé pour la Russie dans le cadre de l’association «Médecins internationaux pour la prévention de la guerre nucléaire». Ainsi, il a parcouru l’Ukraine après la catastrophe de Tchernobyl, visant à promouvoir la compréhension des peuples. En 2011 aussi, cette fois dans le cadre de son engagement chez Sun21 qui s’engage notamment pour l’efficience énergétique et pour une société à 2000 watts, il est allé à pied de Bâle à Saint Petersburg. Il parle le russe et était tout aussi enthousiaste que Kaspar Rhyner à l’idée de planter un pommier à Elm.

Grand déploiement à Elm

Le 23 avril, à dix heures pile, la cérémonie solennelle pour la plantation a débuté. De nombreuses personnalités des domaines de la politique et de l’économie du canton de Glaris sont venues à Elm tout comme le premier conseiller de l’ambassade de Russie, Vladimir Pashchenko, qui est venu exprès de Berne pour cette occasion. Une maison Souvorov pavoisée et trois grenadiers de Bérézina ont offert sous un soleil éclatant un coulisse magnifique. Après la présentation de toutes les personnalités par Kaspar Rhyner, l’artiste Anne-Julie Raccoursier a expliqué son idée pour relier les peuples. Avec la plantation de 26 pommiers, un dans chaque canton suisse, sur un lieu qui illustre les relations entre la Suisse et la Russie – elle rend hommage à l’amitié entre ces deux nations, mais aussi à la structure fédéraliste de la Suisse.
Puis, les sons des cors des Alpes ont accompagné la plantation de la «rose de Berne» qui a été effectuée en commun par Anne-Julie Raccoursier, Kaspar Rhyner et Martin Vosseler.
Le premier conseiller de l’ambassade de Russie, Vladimir Pashchenko, a ensuite dévoilé avec Martin Vosseler l’ardoise offerte par Kaspar Rhyner et contenant l’inscription suivante:

«Je suis une des 27 ‹roses de Berne› et je prends racine ici à Elm, près de la maison Souvorov, sur la Via Souvorov historique d’Airolo–Panix–Ilanz. Je symbolise le lien culturel et artistique avec l’ambassade de la Confédération helvétique de Moscou.
Elm, avril 2013,
Anne-Julie Raccoursier»

Martin Vosseler, a exprimé en russe courant sa joie que cet arbre ait été planté dans son jardin et qu’ainsi sa relation avec la Russie, qui a une longue tradition dans sa famille, soit consolidée.
Le premier conseiller de l’ambassade russe, Vladimir Pashchenko, a exprimé dans son discours l’espoir que l’arbre trouve un sol tout aussi fructueux que la relation entre la Suisse et la Russie et l’a désigné comme symbole pour son travail en tant qu’ambassadeur. Comme une plante, les relations entre les pays sont aussi une chose vivante qui doit être entretenue.
Le dernier orateur, le prêtre Eckehard Raster, a replacé la plantation de cet arbre près de la maison Souvorov dans son contexte historique. La marche du général fut aussi bien pour la Russie que pour le pays de Glaris un événement important et une expérience décisive. Mais on peut aussi apprendre de l’histoire, qu’une crise peut aussi générer de nouvelles et belles choses.
Le dixième pommier est planté, d’autres vont suivre dans toute la Suisse, jusqu’à ce qu’en 2015, la 27e «rose de Berne», dont ont été greffés les 26 arbres suisses, soit plantée à Moscou. Une action artistique favorisant les liens entre les peuples et l’amitié entre les deux pays, sera alors accomplie.    •