Coup d’œil en arrière sur «l’année Guisan»

50e anniversaire de la mort du Général

par Jean-Jacques Rapin

Ce n’est pas sans fierté qu’il est permis de jeter un coup d’œil en arrière sur ce que l’on pourrait appeler «l’année Guisan».
Affirmer que les figures tutélaires sont une nécessité pour l’inconscient collectif d’une communauté et dire que le général Guisan leur appartient n’est pas faire preuve d’une sentimentalité douceâtre ou d’un début de ramollissement cérébral. C’est une vérité qui dérange certains – tant mieux! – mais que le peuple, dans sa grande majorité, accepte et même, attend. Alors que les circonstances, les mœurs, les rapports sociaux évoluent si rapidement, il est au contraire du devoir, à ceux qui en ont la charge et la responsabilité, de rappeler le rôle qu’elles ont joué et comment la collectivité s’est construite en s’identifiant à elles.
Dès lors, la commémoration de la mort du Général, survenue il y a cinquante ans, était plus que justifiée, elle était nécessaire. Les volontés se sont unies dans l’esprit, très helvétique, du système de milice dans un savant dosage de représentants de l’armée et d’autorités religieuses et civiles pour concevoir deux pôles d’activités différentes. Le premier a été la journée officielle du 12 avril 2010, qui coïncidait, jour pour jour, avec les obsèques de 1960. Commencée aux aurores par une salve de coups de canon tirée dans la propriété de Verte-Rive, elle s’est poursuivie au cimetière de Pully où plusieurs discours et un dépôt de gerbes ont marqué cette cérémonie du souvenir, puis par le vernissage, à Verte-Rive encore, d’une exposition consacrée au Commandant de notre armée de 1939 à 1945. C’était ensuite à la cathédrale de Lausanne, cœur du Pays de Vaud, d’abriter la cérémonie religieuse œcumé­nique, avec des discours de représentants de la famille, des autorités cantonales et fédérales, encadrés par une partie musicale des orgues du sanctuaire et de la fanfare d’armée. Cette journée, riche de signification, s’est terminée par une prise d’arme dans le parc de Verte-Rive. Un DVD donne un excellent reflet de ses différents moments.¹
Le second pôle est représenté par l’activité d’édition. L’ouvrage de Jean-Jacques Langendorf et Pierre Streit, Le Général Guisan et l’esprit de résistance² en a été l’événement principal. Replaçant Guisan dans son contexte, le comparant aux personnalités qui ont su affirmer, dans les moments les plus critiques de l’histoire, leur refus du totalitarisme et démontrant la nécessité inéluctable du Réduit face à la puissance des armes d’attaque, le livre a été un succès flatteur et réjouissant de librairie.
Quant à la réédition de PC du Général, précédé d’Aller et retour, de Bernard Barbey³, avec une introduction de Jean-Jacques Langendorf et une postface de Pierre Streit, elle était très attendue, car ce document de première main, sous la plume d’un écrivain de grande classe, nous fait vivre, au jour le jour, la vie quotidienne de l’état-major particulier du Général. A ne pas manquer.
Ce bref aperçu démontre que, malgré les années et les oublis – involontaires? – de nos programmes scolaires en matière d’histoire nationale, la présence du Général Guisan demeure et qu’il est bon de la perpétuer.    •

1    Général Guisan 1960-2010, 50e anniversaire, DVD aux Editions Cabédita, Rte des Montagnes 13, 1145 Bière (info@cabedita.ch)
2    Le Général Guisan et l’esprit de résistance,
Editions Cabédita, 2010
3    PC du Général, Journal du chef de l’état-major particulier du Général Guisan,
Editions Cabédita, 2010
Source: La Nation du 3/12/10