Autriche: «Celui qui exige une armée de métier, veut nous envoyer plus rapidement à la guerre!»Le débat sur l’abolition du service militaire obligatoire en Autriche met en évidence qu’il ne s’agit nullement de moderniser ou améliorer tel ou tel état des choses, mais qu’il s’agit au contraire de préparer la participation sans heurts d’hommes et de femmes autrichiens aux guerres d’agression menées à l’étranger. hep. Après que l’actuel ministre autrichien de la Défense, Norbert Darabos (SP), ait expliqué en 2010 aux membres de son parti qu’une armée de métier coûterait au moins le double du système actuel avec conscription, il a effectué cette année même, un virage de 180°, et a commencé à s’engager en faveur d’une «armée de professionnels» et de l’abolition du service militaire obligatoire. Dès lors, le bureau ministériel n’hésite plus à utiliser tous les moyens pour présenter une telle troupe de mercenaires à engagement rapide comme une solution sans alternative. Référendum en Autriche en janvier 2013Voilà donc une situation bloquée dont on veut s’extraire par l’organisation d’un référendum populaire. Les deux grands partis se sont mis à d’accord pour demander l’avis de la population autrichienne en janvier 2013. Le résultat sera contraignant. «Puisqu’on abolit partout la conscription, nous sommes bien forcés de suivre»Ce n’est jamais une bonne chose de s’orienter sans réfléchir aux courants actuels, ni en politique ni dans la vie de tous les jours. Les arguments avancés en faveur de l’abolition de la conscription et de la création d’une armée de métier ou «de professionnels» [«Profiheer»], comme on dit de nos jours, sont vite énumérés: Libérer les voies commerciales à l’aide d’armes, d’un commun accord avec l’OTANL’ancien ministre des Finances socialiste et gros entrepreneur Hannes Androsch, nous donne la deuxième partie de la réponse. Androsch qui vient d’être nommé chef du «Comité pour l’abolition de la conscription»2 par la direction du parti socialiste, explique sans ambages pourquoi l’abolition du service militaire obligatoire et l’introduction d’une armée de métier lui tient tant à cœur. La mission de l’armée a changé, «il s’agit aujourd’hui d’être préparé, au sein de l’alliance européenne et en collaboration avec l’OTAN, à défendre les sources des matières premières et énergétiques ainsi que les voies commerciales, maritimes, et les oléo- et gazoducs. A cela s’ajoutent le problème des réfugiés, le terrorisme et la guerre informatique.»3 Planifie-t-on une nouvelle politique de «l’Anschluss» à l’Allemagne?Ainsi, on voit clairement pourquoi Darabos insiste tant sur l’élargissement des tâches des groupes de combats de l’UE auxquels l’Autriche participe depuis 2011. Selon un communiqué du Ministère de la Défense, ce n’est que la semaine passée que le ministre de la Défense a proposé à l’occasion d’une rencontre avec ses homologues européens à Nicosie, de «garder ces groupes de combat comme réserve tactique pour les missions de l’UE qui sont en cours». Elles pourraient ainsi intervenir par exemple en Bosnie-Herzégovine «si la situation sécuritaire s’aggravait.» (Texte original de l’OTS du 27/9/12). L’Autriche s’exerce sagement, au sein de «Combined Endeavor 2012»Sur le terrain d’exercices militaires des Etats-Unis de Grafenwöhr (Allemagne) ont eu lieu entre le 7 et le 20 septembre les plus grandes manœuvres au monde dans le domaine de la communication («interopérabilité»). L’armée fédérale autrichienne y a détaché cette année 26 des 1400 soldats et personnes civiles venant de 40 pays membres de l’OTAN et sa sous-organisation PPP [Partenariat pour la paix]. Selon un communiqué officiel du Ministère fédéral de la Défense, cet exercice a comme but principal la coopération multinationale avec les divers systèmes de communication, qui «contribuent essentiellement à la sécurité des soldats, notamment lors d’interventions à l’étranger.» Cet exercice est financé par l’«Eucom», le «United States European Command» qui est un des postes de commande les plus importants de l’OTAN en Europe. «La tâche primordiale de l’United States European Command, dans son soutien à l’OTAN, consiste à mettre à disposition des troupes prêtes au combat en vue d’un soutien des contributions des Etats-Unis pour l’alliance de l’OTAN.» […]4 L’Autriche a une autre tradition, et aurait d’autres tâches importantes à résoudreNous ne sommes nullement naïfs, si aujourd’hui, en dépit du courant fabriqué par les médias, nous refusons la guerre en tant que moyen d’intervention politique et nous considérons que la violence n’est légitime qu’en cas de défense. Nous sommes tout aussi peu naïfs, si nous voulons de nouveau une Autriche qui réfléchit à son rôle en tant qu’Etat neutre au sein de la communauté mondiale, qui quitte les alliances militaires auxquelles elle a adhéré et qui se concentre sur la médiation politique et le soutien actif lors de négociations. • 1 Peter Pilz, porte-parole en matière de sécurité des Verts, demande par exemple l’abolition immédiate de la conscription, prônant une armée efficace, qu’on peut faire participer régulièrement à des missions à l’étranger. |