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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2009  >  N°48, 14 decembre 2009  >  Préparer nos jeunes à la vie [Imprimer]

Préparer nos jeunes à la vie

par Elisabeth Nussbaumer, psychothérapeute et enseignante

Récemment, la mère d’un apprenti de 17 ans m’a raconté qu’elle avait demandé à son fils de passer l’aspirateur dans l’appartement pour contribuer à son travail ménager hebdomadaire. La réponse de son fils a été: «Si ça t’en fait trop, embauche donc une femme de ménage.» Cette mère fait elle-même le ménage chez d’autres gens pour compléter un tant soit peu le salaire de son mari.
Parfois je demande à des enfants comment ils préfèrent aider leur père ou leur mère. Je constate souvent qu’ils me regardent d’un air tout étonné. Ils ne comprennent pas ma question. Aider? Aider à quoi? Ce sont la mère et le père qui sont là pour aider, pas le contraire!
Afin que nos petits soient bien préparés pour l’école maternelle, pour l’école et pour la vie en tant qu’adultes, il faut que nous leur apprenions dès le plus jeune âge à nous aider dans les travaux quotidiens, en fonction de leur âge. Cela fait partie des devoirs éducatifs des parents d’apprendre à leurs enfants que la vie n’est pas un «évènement libre-service», mais que dans la vie on a besoin d’eux comme collaborateurs. Un jour, ils seront responsables de leur propre bien, et du bien de leur famille et en tant que citoyens du bien de leur commune et de leur pays. Pour qu’ils soient bien préparés à cela, il faut faire participer les jeunes le plus tôt possible aux travaux quotidiens. Nous devons leur apprendre à collaborer et il faut peu à peu leur confier des responsabilités. Lors d’une récente visite dans une famille de trois enfants, l’aînée m’a fait très plaisir. Elle avait à peine deux ans, et elle a aidé sa mère avec zèle à sortir la vaisselle du lave-vaisselle et à mettre la table. La mère m’a raconté que sa petite fille aimait aussi beaucoup l’aider à faire la cuisine, par exemple elle peut ajouter le sel et le poivre à la sauce à salade. Si les enfants peuvent grandir de cette manière, ils assumeront avec plaisir les diverses tâches qu’ils auront à résoudre dans la vie. Grâce à ces petites tâches, ils peuvent tôt grandir et devenir plus forts. De pouvoir assumer la responsabilité pour divers devoirs dans la famille fortifie les enfants, les rend conscients de leur propre valeur et renforce leur sentiment social. Ainsi naît la conscience que nous formons un ensemble et qu’il va de soi que chacun contribue autant qu’il peut au bien commun. Le bien de notre famille, c’est notre tâche commune. Je suis important pour mes parents et pour mes frères et sœurs. D’où découle la disposition de contribuer plus tard en tant que citoyen aux tâches communes dans son village ou sa ville. Ainsi l’adolescent gagne la certitude d’avoir une place parmi les gens grâce à sa contribution positive. Il obtient une vision réaliste de la vie et il est mieux préparé pour les tâches de citoyens dans une démocratie. Coopérer prépare à la vie, l’hôtel restaurant libre-service de maman et papa transmet, par contre, une conception toute fausse, loin de la réalité de la vie et cela affaiblit la personnalité.
Par ailleurs, toute coopération aux travaux dans le ménage, à la ferme, au jardin, à la cave, à la buanderie, à l’atelier et au bureau, offre de multiples possibilités pour entraîner les capacités pratiques qui aident l’adulte plus tard à bien maîtriser la vie quotidienne – même par temps difficiles et durs. Pour un jeune, il ne s’agit pas seulement de savoir cuire un œuf à la coque, quand, plus tard, il sera grand et que sa femme sera absente. Savoir maîtriser la vie quotidienne et avoir la certitude de pouvoir se procurer les choses vitales en temps de crise, cela renforce le fond de la personnalité et contribue à l’indépendance. Un homme ainsi éduqué résistera mieux à toute éventuelle crise psychique ou matérielle.
Il ne faut jamais oublier la source de joie que la coopération procure aux enfants et aux jeunes! Ce sentiment de grandir d’une tête quand le père est fier de son fils qui a bien empilé les bûches est irremplaçable, tout autant que la satisfaction de la fille d’avoir bien lavé et repassé le linge de toute la famille. Tout enfant devrait pouvoir jouir du plaisir de se consacrer à un travail d’ensemble avec son père, sa mère ou ses frères et sœurs. Il y a tant de bonnes occasions pour de petites causeries avec son fils ou sa fille durant un travail effectué en commun, de se raconter des événements passés ou actuels, de faire des blagues, de chanter, ou même tout simplement de bricoler ensemble en silence. Ainsi se crée un attachement entre parents et enfants, qui facilite énormément l’apprentissage de choses pratiques et de techniques de travail des jeunes. Ces moments passés en famille sont précieux, ce sont des souvenirs impayables qui en résultent, et qui accompagnent une personne positivement durant toute sa vie.    •