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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2011  >  N°51, 28 décembre 2011  >  La pauvreté est-elle mesurable? [Imprimer]

La pauvreté est-elle mesurable?

par V. Nedeljkovic, Nîs

Nous vivons dans un monde où la réalité est souvent mélangée au virtuel, dans un monde où la mondialisation peut produire des informations qui ont un tel pouvoir qu’ils amènent à la désinformation complète. Nous savons bien que toutes les guerres sont accompagnées de mensonges, mais parfois les mensonges restent dans nos mémoires comme si c’était la vérité. Des civilisations de faux-monnayeurs conduiront finalement à l’effondrement de l’ordre en effaçant la vérité sur les nations et leurs guerres, surtout dans les Balkans si facilement sujet aux crises. Les dernières guerres des Balkans ont apporté la mort et la destruction et par-dessus tout la pauvreté. Pour détruire un Etat reconnu internationalement, on a créé des conditions appropriées pour une crise dangereuse dans la partie la plus vulnérable de l’Europe et la conséquence «logique» en est la présence permanente de forces armées des USA et de l’Otan. Tout cela repose sur la ligne stra­tégique des USA de dominer le monde entier.
La crise économique mondiale a conduit à une accélération de la course à la concurrence économique dans le monde des géants, et le fossé entre les riches et les pauvres se creuse. L’inégalité se propage mondialement. Un citoyen sans moyens, même quelqu’un de la classe moyenne, a moins de chances d’arriver au sommet de la société qu’un citoyen aisé.
L’inégalité dans la distribution des biens est cependant devenu un problème dans le monde entier, car 40% de la population mondiale (environ 2 milliards et demi d’êtres humains) vivent avec moins de deux dollars par jour, pendant que les 10% les plus riches possèdent 54% de la richesse mondiale. Le fait que les riches deviennent toujours plus riches et les pauvres toujours plus pauvres est souvent utilisé dans des débats entre partisans et adversaires du capitalisme.
En août de cette année, des milliers de jeunes gens sont descendus dans les rues pour protester contre la situation politique, économique et sociale dans les sociétés répressives dans lesquelles ils vivent.
La fumée des maisons incendiées dans les faubourgs pauvres de Londres a terni le jugement des habitants dans les quartiers des villas. Personne, dans les bureaux de luxe du quartier économique de l’East End, ne pense être en partie responsable de la révolte des jeunes. Les hommes politiques se disculpent en disant que l’origine de la révolte des jeunes se trouverait dans leur «situation familiale» ou dans le «système éducatif», et ils taxent les rebelles de «malades». En faisant cela, ils oublient que manifestement une des raison principales du vandalisme est le résultat du fossé inquiétant entre les riches et les pauvres.
L’inégalité de la distribution des richesses dans la société britannique n’est pas seulement dans l’imagination des jeunes de Tottenham ou d’autres régions pauvres.
Des analystes sérieux affirment que la Grande Bretagne souffre de graves différences socio-économiques, et ils croient que cette différence augmentera encore lorsque toutes les mesures d’économie seront en vigueur.
C’est le résultat de la division des citoyens pendant des décennies et des exclusions et, avec les mesures d’austérité, la situation empirera encore. La police peut surveiller un certain nombre de citoyens, mais ce n’est pas une mesure valable sur la durée. Car tout cela peut se répéter.
Comment peut-on mesurer la pauvreté en Grande Bretagne et la comparer avec celle des pays les plus pauvres en Afrique? La Grande Bretagne est l’un des pays les plus développés, ancien leader mondial qui était fier de sa société équitable et de sa démocratie parlementaire de haut niveau?
Le coefficient Gini, trouvé par le statisticien italien Corrado Gini, est un indicateur pour la distribution des revenus. D’après cette méthode, la distribution du revenu
global est mesurée de 0 à 100. Lorsque le coefficient d’un pays est de 0, cela signifie que tous les citoyens ont le même revenu, alors qu’un coefficient de 100 indique qu’un seul homme possède tous les revenus du pays.
Le coefficient Gini est de 34 en Grande Bretagne, et cette dernière appartient donc aux pays européens ayant la plus grande différence entre pauvres et riches. Pour comparaison: Le coefficient Gini pour l’Egypte était avant la révolution récente d’une valeur semblable. Le coefficient Gini montre que les plus grandes différences socio-économiques sont enregistrés aux USA capitalistes et en Chine communiste, mais aussi en Afrique pauvre.
D’après les indications récentes, publiées par la CIA et les organisations économiques internationales, le coefficient Gini conduit aux différences de revenus en pourcentages suivantes:
Etats-Unis 45; (c’est également très haut); Russie 42,2; Chine 41,5 – 50; Japon 39,7; HongKong 53,3; Brésil 56,7 (une des économies nationales mondialement les plus dynamiques); Namibie 70,7; Afrique du Sud 65; Lesotho 63,2; Sierra Leone 62,9; République centrafricaine 61,3; Gambie 50,8; Zambie 50,2; Haïti 59,2; Colombie 58,5; Guatemala 55,1; Honduras 53,3; Chili 52,4.
En Europe: Pays des Balkans: 26 – 34,1; Serbie 33; moyenne dans l’UE: 30,4; Norvège 25; Suède 23, (la valeur la plus basse du monde).
La plus grande augmentation de l’inégalité dans la distribution des revenus existe en Chine dont le coefficient Gini a «explosé» ces dernières années.
Parmi les 937 personnes les plus riches du monde, Forbes compte 64 Chinois. Le gouvernement actuel en Chine, malgré différentes mesures, ne réussit pas à réduire les immenses différences sociales. Quelques critiques du communisme voient la raison des grandes différences dans le fait que les grandes entreprises de l’Etat essayent de garder le pouvoir et la richesse pour elles-mêmes. Ceci est confirmé par les statistiques d’après lesquelles en 10 ans (1997–2007) la part des salaires des travailleurs au revenu social a baissé de 53,4% à 46%, alors que les revenus publics ont augmenté de façon considérable. Les analystes disent que cela pourrait signifier que la situation économique du pays est devenue très forte, tandis que la situation du citoyen par contre s’est détériorée. Ce sont les nombreux milliardaires de la liste de Forbes qui le confirment le mieux. Les riches n’ont bien sûr pas de raison d’y changer quelque chose.
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Après les bombardements de la Serbie par l’Otan et la sécession du Kosovo, une crise de longues années a commencé en Serbie avec une très forte polarisation des forces politiques, alors que les richesses et le pouvoir se trouvaient dans les mêmes mains. Les politiciens utilisent une grande partie de leur énergie pour des conflits internes et des accusations mutuelles. Le taux de chômage augmente, la corruption fleurit, les inégalités défigurent notre société.
Tout cela affaiblit la résistance de la Serbie, suivant la décimation de son territoire, soutenue et encouragée par les super-puissances occidentales.     •