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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2009  >  N°29, 27 juillet 2009  >  «Déplacer les montagnes» [Imprimer]

«Déplacer les montagnes»

Une classe au travail dans la Valle Bavona, au Tessin

10 élèves entre 15 et 16 ans font un travail d’utilité publique dans leur camp scolaire de la Valle Bavona, au Tessin. Ils fréquentent une classe à effectif réduit d’un établissement secondaire. Voici le compte-rendu de la professeure principale.

mh. Au début, je n’ai pas déchaîné l’enthousiasme, je dois l’avouer. Quand j’ai proposé à mes élèves, pour leur camp scolaire annuel, un chantier d’utilité publique dans une région de montagne, j’ai récolté quelques protestations: pour leur dernier camp, ils voulaient s’amuser, que ce soit bien, faire des choses. J’ai eu droit aux propositions habituelles, évoquant plutôt un séjour au Club Méditerranée qu’un camp scolaire. Il ne m’a pas été facile de faire accepter mon projet par les élèves.

Crise économique et camp scolaire

Nous avons tenu conseil. J’ai commencé par une discussion sur la crise économique en cours. Les élèves ont mis en commun leur savoir et leurs idées, leurs questions et leurs réflexions avec beaucoup d’intérêt. La plupart avaient déjà parmi leurs parents ou connaissances des gens au chômage partiel ou des chômeurs. Nous avons aussi parlé des conséquences que pourrait avoir cette crise sur leur propre vie. La plupart de mes élèves, bien que faibles, étaient déjà assurés de trouver une place en apprentissage. Mais après? Pouvaient-ils se retrouver au chômage? Et alors? «C’est justement dans une situation de ce genre, où vous n’êtes pas assurés de gagner votre vie, qu’il importe d’être capable de faire quelque chose avec rien, de construire, de réparer, de jardiner. Vous devez être à même de vous tirer d’affaire, vous et votre famille.»
Nous avons réfléchi à ce que cela signifiait, aux savoirs et savoir-faire qui seraient nécessaires. Les élèves ont mis en commun ce que l’un ou l’autre savait déjà faire: faire la cuisine ou des soudures, travailler le bois, réparer des mobylettes ou des autos. Pirmin raconta, qu’il savait élever et tuer les porcs, chose elle aussi utile dans cette situation. Un autre, qu’il avait appris chez les éclaireurs à construire des cabanes, frayer des chemins, faire du feu etc. Déjà se dessinait un vaste panorama de ce qu’il faut savoir faire pour survivre. Mais il s’avérait aussi que beaucoup ne possédaient qu’une petite partie de ces connaissances pratiques et qu’il fallait donc les développer fortement.
«En outre il faut que vous soyez constamment en contact les uns avec les autres» enchaînai-je, «savoir travailler ensemble, vous organiser, vous entraider mutuellement, même sans être payé.» Et nous avons élaboré en commun un scénario où sans argent, dans une grande pauvreté, en comptant sur ses propres talents et savoir-faire et en pratiquant une entraide solidaire, on pouvait survivre et faire face aux situations sans issue et au désespoir.
C’est là que les premiers comprirent le rapport avec le camp. J’ai parlé très sérieusement avec eux: j’ai dit que bientôt ils quitte­raient l’école et que c’étaient précisément ces savoir-faire que je voulais leur faire acquérir avant. Je voulais qu’ils soient capables de s’en tirer même si les temps ­étaient durs. Et je leur ai présenté concrètement mon projet: le Val leBavona est une vallée de haute montagne du Tessin, à proximité de celle de la Maggia, qui menace de retourner à l’état sauvage. Nous avons regardé des photos montrant la vie des paysans d’autrefois, les champs en terrasse et les jardins suspendus qu’ils avaient installés pour ­gagner des surfaces cultivables. Nous avons lu qu’aujourd’hui l’agriculture n’y nourrit plus son homme et que beaucoup ont donc émigré1. Ceux qui sont restés n’ont ni les moyens financiers ni la force d’empêcher à eux seuls leur pays de retourner à l’état sauvage. «C’est pourquoi ils en sont obligés de faire appel à des gens comme nous», ai-je dit aux élèves. Des volontaires bien encadrés aident à remettre en état places et chemins dans les montagnes, pour que la vallée reste habitable et attire les touristes. J’ai ajouté qu’ainsi nous faisions preuve de solidarité envers les montagnards et montrions un peu notre reconnaissance au pays qui a tant fait pour nous. Ceci vaut aussi bien pour les élèves suisses que pour les élèves étrangers qui ont fait leurs cours en Suisse.
Les élèves y ont réfléchi et peu à peu se sont familiarisés avec l’idée de travailler dans le camp. «Allez, on y va, même en travaillant on s’amusera» a dit Armin, le leader in­contesté de la classe. C’était gagné.

Le premier jour

Le premier jour, tout le monde était sur place à 8 heures. Un diaporama nous a dévoilé les beautés de la vallée, mais aussi la situation difficile où elle se trouve. Puis on est passé à la première tâche. Nous nous sommes rendus dans un endroit écarté de la vallée, nous avons pris des outils (pioches, râteaux, débroussailleuses, pelles, sécateurs) et chargé de ce matériel nous avons emprunté un sentier forestier. Le temps était couvert, pas trop chaud, idéal pour travailler. Nous sommes arrivés à un bel endroit avec une petite fontaine, un endroit où faire des grillades, magnifique, mais complètement envahi par la végétation. Déjà sur le chemin branches et rameaux nous giflaient sans cesse. On nous dit ce qu’il y avait à faire: couper et emporter les herbes hautes, les orties et les ronces, couper ­branches et rameaux, enlever les racines en saillie sur le sol. Elèves et professeurs ont écouté attentivement et mémorisé exactement les indications du forestier. Facile, nous sommes-nous dit, et au travail. Tout se faisait vite et dans la bonne humeur.
A midi, l’aire et le chemin avaient déjà repris un aspect plus civilisé. Mais après la pause de midi notre chef de travaux est revenu et nous a montré qu’ici il fallait travailler plus à fond, là avec plus de soin, les branches étaient encore trop longues et encombreraient le sentier en été, on trébu­cherait sur ces racines, ailleurs il fallait s’occuper de l’herbe. Maintenant il s’agissait de ne pas se vexer, de ne pas se laisser tomber, mais de se mettre au diapason et d’apprendre, de demander des précisions, de s’améliorer.
Nous avons abattu un gros travail ce jour-là et nous nous sommes fait les premières ampoules aux mains. Les élèves étaient littéralement euphoriques et fiers de leur œuvre. Mais nullement fatigués, pas les élèves en tout cas; deux d’entre eux nous ont préparé avec l’aide de ma collègue, une enseignante d’économie familiale aux doigts de fée, un extraordinaire repas, comme ils l’avaient appris au cours de cuisine, les autres jouaient à un jeu de ­cartes avec une véritable passion. Après le dîner tout le monde est descendu à la rivière ­proche pour se baigner et escalader les rochers du lit. Dans les chambres on a bien sûr continué à se détendre. A quelques reprises les profs ont trouvé cela un peu bruyant – nous ­étions fatigués – mais deux ou trois rappels à l’ordre, le dernier un peu plus énergique, ont suffi pour qu’on parle moins fort. Les jeunes sont restés éveillés longtemps encore, mais pas nous. Nous n’en demandions pas davantage. Je pense qu’en voyage scolaire les ­jeunes ont le droit de s’amuser, même la nuit. Nous sommes convenus qu’ils dormiraient ou non, c’était leur affaire, mais qu’ils nous laisseraient dormir, qu’ils resteraient dans leurs chambres et seraient debout le matin à 6 heures et demie. Ils ont tenu promesse. Le matin – tous les matins – tout le monde était là à l’heure, un peu endormi quelquefois, nettement plus calme que la veille, mais là. En plus deux des filles se sont levées d’elles-mêmes en avance pour préparer le petit déjeuner, tous les matins, pour tout le monde. D’elles-mêmes et régulièrement.

Travailler par temps très chaud

Le lendemain nous devions faire le même travail à un autre endroit. Il faisait très chaud et c’était pénible. J’ai senti que l’ambiance était moins bonne. Après la pause de midi nous avons tenu un «conseil de travail» (analogue au «conseil de classe»). Nous nous sommes assis à l’ombre des arbres sur de grosses pierres et j’ai demandé aux élèves ce qui n’allait pas. Ils ont exprimé clairement leurs préoccupations: c’était le même travail que la veille, et pénible, ils aimeraient mieux faire autre chose. J’ai bien écouté ce qu’ils disaient et leur ai donné raison: oui, c’était la même chose, mais cela aussi il faudrait l’apprendre: on ne peut pas toujours changer d’occu­pation, il faut apprendre à persévérer, à se tenir à quelque chose, même et surtout si c’est pénible. (Plus tard nous avons discuté entre collègues: c’est justement ce que nous n’apprenons pas à nos élèves; finalement nous autres enseignants nous efforçons infatigablement d’offrir un enseignement varié, de changer en permanence de médias, d’activités etc.) Je leur ai rappelé quelques expériences faites lors de leurs stages d’informations, où leurs patrons s’étaient plaints justement de ce manque de persévérance. Puis je leur ai dit que s’ils persévéraient dans quelque chose, ils pourraient ensuite regarder fièrement en arrière et dire «C’est moi qui ai fait ça.» «Oui», a répondu Armin, le chef, «si nous pouvions regarder quelque chose que nous avons fait, un pont que nous aurions construit, par exemple, ou quelque chose comme ça. Mais les chemins que nous nettoyons seront tout pareils l’an prochain et nous ne pourrons pas montrer à nos parents ce que nous avons fait.» Et il avait raison. Mais nous avons constaté que cela vaut pour bien des tâches de la vie et nous avons conclu ensemble que l’important, c’est que tout le monde participe, et dans la bonne humeur. Alors le travail est aussi un plaisir. Cette conversation a beaucoup détendu l’atmosphère et rendu à tous la bonne humeur. Le travail a recommencé à bien progresser.

L’union fait la force – au sens propre

Et un travail qui laisse des traces durables, ils en ont finalement eu un. Nous devions travailler sur un joli sentier bordé de murets construits avec les pierres ôtées des champs. Sans paraître y attacher d’importance le forestier nous a parlé d’une pierre qui dépassait le sol de 20 cm environ et qui gênait. Cela a incité trois ou quatre de mes garçons qui faisaient de la musculation à ôter la pierre. Au début cela semblait facile: 20 cm de hauteur, 30 de diamètre. Ils ont commencé à piocher tout autour dans la terre caillouteuse, dure comme pierre, pour dégager le bloc. Mais plus on creusait et plus ce dernier s’avérait d’une taille et d’un poids respectable. Il était profondément enfoncé dans la terre. Les travaux de déblaiement passèrent ensuite alternativement par des phases d’enthousiasme et de découragement. Mais chaque fois que les jeunes songeaient à abandonner une tâche apparemment impossible, il y en avait un pour penser qu’il fallait tout de même continuer et entraîner les autres.
Finalement l’un d’eux a eu l’idée d’utiliser de gros bâtons pour ébranler le bloc. Unissant leurs forces, ils sont parvenus, après plus de deux heures d’effort, à faire bouger le monstre, puis à l’aide de troncs minces à l’extraire de son trou et à l’installer contre le muret. Pleins de fierté ils ont tiré du sol avec plus d’élan encore, malgré la pénibilité, un second bloc un peu plus petit qu’ils roulèrent près du premier.
Depuis ils sont là, offrant un siège aux randonneurs fatigués. Les garçons qui ont réalisé cette œuvre étaient emplis d’une juste fierté. «Maintenant nous avons fait quelque chose que nous pourrons montrer à nos petits-enfants» a dit Armin, reprenant les mots d’un de mes collègues masculins, et il parlait sérieusement. Voilà qui ne peut guère arriver à l’école, sans parler d’un parc d’attractions dédié à la surconsommation.

Fière de sa persévérance et de sa ténacité

Le troisième jour nous travaillions sur un haut plateau sous une chaleur écrasante. Alexia, qui était chargée de mettre l’herbe en tas avec un râteau s’est plainte d’avoir trop chaud. Je l’ai emmenée à l’ombre pour lui parler. J’ai tout aussi chaud que toi, lui ai-je dit, mais on peut tout de même continuer. On ne va pas tomber en syncope ni en mourir. De temps en temps on boit un peu, on fait une petite pause et au travail! Je lui ai dit que cela lui ferait du bien de voir qu’elle en était capable. Alexia a tendance à vite baisser les bras devant un travail fatigant, justement ce qu’elle ne devrait pas faire en tant que future aide ménagère. Je lui en ai parlé et lui ai proposé de travailler un quart d’heure, puis de s’arrêter cinq minutes. Elle a été d’accord. Au bout d’un quart d’heure je lui ai rappelé ce dont nous étions convenues mais elle a préféré continuer: elle ambitionnait maintenant de savoir si elle était capable de tenir. Et elle a travaillé une heure entière, sans hâte mais régulièrement. Plus tard elle a souvent raconté qu’elle y était arrivée.

Voir les élèves sous un nouveau jour

Une élève m’a totalement surprise. C’est une élève très faible, très silencieuse et introvertie. Elle a de la peine à nouer des liens amicaux. A l’occasion de ce camp je l’ai découverte sous un tout nouveau jour: elle a travaillé infatigablement et avec beaucoup de plaisir. Elle m’a beaucoup parlé d’elle, a montré son sens de l’humour et, le soir, s’est mêlée de plus en plus aux jeux des autres.
Il y a eu un conflit, les autres se sont payé sa tête. Nous avons discuté de toute l’histoire avec tout le monde. J’ai rarement participé à un aussi bel échange, bien qu’il m’arrive souvent d’en avoir avec mes élèves. Il a ouvert tant de possibilités de mieux se comprendre et de se réconcilier, on a fait montre de tant d’indulgence envers les erreurs des autres que c’en était un vrai plaisir. Beaucoup d’élèves ont été soulagés de voir qu’il ne s’agissait pas d’un tribunal, mais d’un approfondissement des liens amicaux. Et ensuite Benita s’est trouvée encore un peu mieux intégrée.
Il y a eu aussi une élève qui, jusqu’à la fin, a plus ou moins essayé de freiner, cherché souvent des occasions de gâcher un peu tout, et m’a obligée à être sur mes gardes pour qu’elle ne mette pas les autres de mauvaise humeur. Mais elle aussi je la connais mieux maintenant. Elle n’était pas en dernière année, il lui en reste encore une avec moi. Il faudra qu’elle essaie de s’insérer différemment dans une communauté, de manière plus constructive et optimiste. Elle n’est en effet pas dépourvue de qualités et n’a aucune raison de tout gâcher.
Jusqu’au jeudi nous avons bien travaillé, préparé le soir de délicieux repas et les élèves ont même trouvé la force de participer à un tournoi de foot organisé par Armin. Le dernier jour nous avons terminé par une promenade à travers la splendide vallée, en suivant la rivière, et nous avons découvert un paysage féerique: de gros rochers couverts de mousse entre d’énormes arbres centenaires, des bords de rivière qui invitaient à la baignade, des coins idylliques sous les arbres. Un vrai paradis. Un énorme rocher nous empêchait d’accéder au sentier de randonnée situé plus haut; deux de mes élèves qui avaient fait la Jungwacht ont construit avec quelques grosses pierres un escalier qui a permis aux professeures et au chien qui nous accompagnait de poursuivre leur chemin.

«Le camp le plus cool que j’aie jamais fait»

«C’était le camp le plus cool que j’aie jamais fait» a conclu Dragan, résumant l’ambiance générale. Je ne peux que lui donner raison: l’ambiance était vraiment bonne. Et le certificat décerné pour leur engagement que les élèves ont reçu au cours du repas de fête que leur a offert la Fondazione Valle Bavona les a remplis de fierté et d’émotion.
Jamais encore dans un camp je n’avais été si détendue et si heureuse. Nous autres enseignants avons bien sûr participé tout le temps, et c’était un dur travail physique. Et un camp comme celui-là non plus ne fonctionne pas tout seul; il a fallu encadrer la bande. Nous avons pris des risques calculés, par exemple autorisé les élèves à sortir le soir, à condition de rentrer à une heure donnée et de ne pas consommer d’alcool ni de drogues. Des jeunes de cet âge ont besoin d’un espace de liberté. J’avais fait un tour au village et dans les environs et je m’étais dit: ici il ne peut pas arriver grand-chose. Et bien sûr nous avons évalué en permanence l’ambiance et leur relation avec nous. Sachant tout cela nous étions sûrs que nous pouvions leur laisser la bride sur le cou, qu’il n’arriverait rien. Et il en a été ainsi. La porte de notre maison restait ouverte toute la nuit. Il ne s’est rien passé. C’était un camp formidable sous bien des rapports. Les élèves ont fait reculer les limites de leur capacité à faire des efforts et à tenir, ils ont effectué un travail d’intérêt général et en même temps un peu vécu la rude vie des montagnards. Ils ont travaillé en commun et fait de merveilleuses expériences. Ils ont appris qu’ils pouvaient faire quelque chose eux-mêmes et créer avec leurs mains, et en plus y trouver plaisir. Une remarque annexe: beaucoup de ces élèves ont au quotidien des problèmes sociaux non négli­geables et un comportement perturbé. Peut-être faudrait-il réfléchir au moyen d’aider ce type d’élèves dans l’esprit de Hartmut von Hentig «Se rendre utile: une utile expérience.»2 C’est pourquoi j’ai repris, sagement et avec un sourire, le «C’était le camp le plus cool que j’aie jamais fait» sans corriger la langue.
Ce chantier a été organisé et réalisé avec la collaboration du CECOVO-montagne (Centre du volontariat en montagne). Le CECOVO-montagne est un projet communautaire de la SAB (Groupement suisse pour les régions de montagne) de l’Aide suisse aux montagnards et du Parrainage Coop pour les régions de montagne. cf. www.berge-versetzen.ch     •

1 Balli, Frederico et Giuseppe Martini, Valle Bavona. Ein Hauch vergangener Tage. [Valle Bavona. Un reflet des jours d’autrefois.] Fondazione Valle Bavona, 2002.
2 Von Hentig, Hartmut. Bewährung. Von der nützlichen Erfahrung, nützlich zu sein. [Mise à l’épreuve. Se rendre utile: une utile expérience.] Weinheim und Basel 2007.