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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2010  >  N°15, 19 avril 2010  >  La coopération entre sept familles [Imprimer]

Coopération au lieu de concurrence – Matterhorn Valley Hotels AG à Grächen

par Hedwig Schär, gouvernante de maison BF

L’objectif du «Groupement suisse pour les régions de montagne» (SAB) est l’amélioration des conditions d’existence et des possibilités de développement pour la population vivant dans les régions montagneuses. Il a reconnu de manière croissante qu’en dehors de l’agriculture, les petites et moyennes entreprises (PME) jouent un rôle important pour la sécurité économique dans ces régions. Le plan d’action Economie qui en découle, adopté en septembre 2009, doit poser et améliorer ces bases (www.sab.ch). Dans l’exemple d’une coopération de sept hôtels dans le Valais, presque toutes les exigences du plan d’action sont à l’heure actuelle remplies.

Quand on se promène à travers le village de Grächen dans la vallée de la Matter, on découvre toujours une image rouge et blanche du Matterhorn (Cervin) avec le logo Matter­horn Valley Hotels. Si l’on étudie l’affaire de plus près, on apprend qu’il s’agit de sept hôtels, c’est-à-dire d’entreprises familiales, qui se sont assemblées pour devenir une société anonyme (SA): Les hôtels Alpina, Desirée, Elite, Hannigalp, La Collina, Turm-Hotel Grächenhof et l’apparthôtel Des Alpes. Ce sont les plus grandes entreprises sur place avec en moyenne 60 à 80 lits. Les Matterhorn Valley Hotels gèrent 50 000 des 80 000 nuits annuelles d’hébergement à Grächen, c’est-à-dire 60%.
Comment en est-on arrivé là? L’amorçage initial a été fait en 2003 par l’Association hôtelière du Valais qui a invité tous les hôteliers à un atelier d’analyse dans lequel on devait aspirer à une meilleure coopération entre les entreprises. Au début, dix hôtels de la région ont montré leur intérêt, à la fin, il ne resta plus que six hôtels gérés par cinq hôteliers qui ont pu s’imaginer une si étroite coopération. Le travail de construction a duré trois ans, jusqu’en 2006 avant que la coopération ait été faite. Au début, le groupe hôtelier était une association, toutefois il ne voulait pas garder cette forme de société, car on peut à tout moment quitter une association. Les entre­prises familiales devaient être liées de manière permanente. Ainsi, ils ont fondé une Société anonyme de laquelle chacun est devenu actionnaire en apportant 10 500 francs et à travers cette structure sérieuse, ils ont témoigné leur volonté de participer. Le projet est subventionné par l’Association hôtelière du Valais, le Canton du Valais ainsi que le Secrétariat d’Etat à l’économie Seco.
Le budget annuel de la communauté d’entreprises se compose d’un montant de base et de 1,5% du chiffre d’affaires. Avec cet argent, on finance le marketing et un emploi de 20% pour l’administration.

Des contrats-cadres communs

L’idée était de pouvoir diminuer les coûts dans différents domaines au moyen de bons contrats-cadres. Le fait que la société d’entreprises couvre plus de la moitié de toutes les nuits d’hébergement à Grächen, leur donne une position forte dans la négociation. Un logo commun a été développé et la forme de marketing uniformisée. Le marketing a été remis à une entreprise externe spécialisée. Si les coûts du marketing – dans la branche touristique un facteur important – sont divisés par sept, alors un hôtel de classe moyenne peut aussi le financer. Un bon degré de célébrité a des effets sur le nombre d’hébergements.
Avec les fournisseurs, on a négocié des contrats communs. Pour un volume d’achat d’un million de francs, il en résulte une réduction des coûts de 8%, ce qui fait une économie de 80 000 francs. Les assurances ont été également conclues en commun. Ainsi, on a pu parvenir à des rabais intéressants. Dans l’hôtellerie, la qualité est énormément importante. Ici aussi, la société d’entreprise a des directives communes: Toutes remplissent la norme ISO 9001 (management) et la norme ISO 14001 (environnement).
Le point crucial a été de mener une compta­bilité et un conseil fiscal unitaires.
Grâce à l’administrateur commun, les coûts devaient être également réduits. Pourtant, il est tout à fait contraire aux habitudes helvétiques de parler des chiffres dans une entreprise et de les révéler à la «concur­rence». Là, quelques-uns des sociétaires ont dû se faire violence. Aujourd’hui, les chiffres sont transparents pour tous les hôtels de la communauté d’entreprises, tous voient mensuellement les chiffres de tous les autres, il a été convenu de garder le silence vis-à-vis de l’extérieur. Chaque mois a lieu une réunion de la direction avec les directeurs des entreprises c’est-à-dire les hôteliers ou les locataires des sept maisons, lors de laquelle les préoccupations communes sont discutées. Pour la réalisation d’un projet, la majorité de 5:2 est nécesaire. Si la proportion des votes est de 4:3, alors la décision ne sera pas mise en pratique et doit être de nouveau remaniée pour faire l’objet d’un nouveau vote. Bien que la proportion 4:3 signifie la majorité simple, elle n’est pas acceptée afin de protéger avec ce règlement les entreprises plus petites.
Neuf hôtels situés dans toute la vallée de la Matter ont pu s’associer à cette communauté d’entreprises. Le nom de celle-ci a été consciemment choisi afin qu’elle soit ouverte à tous: Il se compose du nom célèbre «Matterhorn» (Cervin) et du Mattertal (Vallée de la Matter), car Grächen se situe un peu plus haut sur une terrasse ensoleillée dans la vallée de la Matter. Toutefois, les nouveaux membres ne peuvent plus devenir actionnaires, mais ils reçoivent un contrat de franchise. Cela s’est déroulé l’année dernière lorsqu’un nouvel hôtel s’y est joint.

Avantages pour les hôtes

Pour les hôtes, il en résulte aussi différents avantages: Ils reçoivent lors d’un «dine around» comme on le désigne, une réduction. Cela veut dire que s’ils veulent manger dans un autre hôtel qui fait également partie du Matterhorn Valley Hotels, ils paient moins cher. La piscine de l’Hôtel Hannigalp peut être utilisée gratuitement par tous les hôtes des partenaires hôteliers. Il existe aussi des points communs dans le programme de loisirs:
Chaque hôtelier offre une activité originale et proche de la nature et les hôtes de tous les hôtels peuvent en profiter. De cette manière, il existe un programme intéressant pour chaque jour. L’offre comprend en hiver la visite d’une ferme de montagne, une randonnée de raquettes de neige accompagnée du récit d’un conte de fée, une excursion dans une vigne avec des informations sur la viticulture, du snowbike ou une randonnée nocturne à la pleine lune dans la neige.
Grâce à ce bon service, les nuits d’hébergement de la communauté ont pu augmenter ces dernières années de 21%.

Les entreprises familiales sont préservées

Ce qui est particulier est le fait que chaque hôtel garde son propre caractère. Matterhorn Valley Hotels n’est pas une simple chaîne d’hôtels avec des entreprises coordonnées, mais une communauté d’entreprises avec des maisons individuelles. Toutefois, ils travaillent ensemble dans la mesure du pos­sible et du raisonnable. Ainsi, la formation des employés au début de la saison s’effectue en commun, cependant chaque hôtel s’occupe lui-même du recrutement, car là le personnel doit convenir à chaque entreprise familiale.

«Milestone» – un prix convoité dans la branche hôtelière

En 2009, le troisième prix du «Milestone» décerné depuis 10 ans en faveur d’un projet innovateur a été remis aux Matterhorn Valley Hotels. C’est un grand honneur, vu que ce prix est un peu l’équivalent d’un «Oscar» dans la branche hôtelière!

L’exemple doit faire école

Le Plan d’action Economie, adopté en 2009 lors du congrès du «Groupement suisse pour les régions de montagne» a pour objectif d’aplanir les infrastructures concernant les entreprises, de favoriser la coopération multi-entreprises, d’améliorer les conditions-cadres pour les PME dans le territoire montagneux, d’encourager le développement économique durable et d’améliorer l’image du territoire de montagne en tant que place de travail.
Avec beaucoup de patience et d’élan, les hôteliers de Grächen ont réalisé cet objectif du Plan d’action Economie. Les bonnes idées se répandent rapidement. Il existe déjà des demandes dans d’autres régions touris­tiques telles que le Toggenburg et le Lötschental pour reprendre le modèle. C’est bien, car les bons exemples doivent faire école!     •