Le coup d’Etat de BruxellesUne grande Europe avec un centre strictement organisé ne constitue pas une perspectivepar Karl MüllerL’aide financière apportée à la Grèce et le budget d’Etat de quelques autres Etats permettent d’examiner de plus près «le paquet d’aide» apporté par l’UE ainsi que les conditions qui lui sont inhérentes. Depuis Rambouillet (1999), les Européens sont quelque peu avertis. A cette époque, des passages essentiels de l’accord n’ont été révélés qu’ultérieurement. Dans les «Schweizer Monatshefte», numéro 978 de juin 2010, il y a quelques articles qui sont dédiés au sujet actuel, parmi lesquels l’article de Charles B. Blankart et de Erik R. Fasten, «Der Staatsstreich von Brüssel» (Le coup d’Etat de Bruxelles), en éclaire des implications qu’on ne lit pas dans la presse dominante. L’époque s’achève où les gouvernements de nombreux Etats européens pouvaient pousser leurs citoyens dans l’UE sans rencontrer une trop grande résistance. L’attractivité de l’UE a très fortement diminué à tout point de vue et d’autres options se dessinent, autres que la subordination aux directives de Bruxelles. – C’est peut-être pourquoi augmentent la perfidie et la subtilité des tentatives de forcer malgré tout des pays tels que la Suisse dans l’UE. La duperie de l’opinion publique trouve son système dans l’histoire de l’UE
Mais la duperie de l’opinion publique trouve son système dans l’histoire de cette structure supranationale. On le voit aussi après 1990. Déjà le Traité de Maastricht de 1992 était un paquet magouillé. Il a non seulement transformé la Communauté économique européenne d’alors en une union politique, l’Union Européenne (EU), dotée de compétences politiques internes et externes, mais il a également décidé d’introduire une monnaie unique au sein de l’Union politique. Les peuples et aussi la plupart des gouvernements nationaux de la Communauté Européenne (CE) de cette époque ne voulaient pas d’un Etat européen unique, les peuples qui venaient juste de se délivrer de l’étreinte d’un autre bloc, non plus. Ceux-ci ont certes aspiré à l’UE, mais voulaient de celle-ci avant tout une aide au développement pour leur propre pays et une vie communautaire dans une Europe d’Etats libres et souverains. «Le coup d’Etat de Bruxelles»A présent, deux économiste, Charles B. Blankart et Erik R. Fasten, ont examiné à nouveau la question de savoir ce qui se cache politiquement derrière ces violiations du droit et ce manque de bon sens économique au sein de l’UE, et ils en sont venus dans leur article, paru dans les Schweizer Monatshefte de juin 2010 («Le coup d’Etat de Bruxelles»), au résultat suivant: La prétendue aide à la Grèce et la bouée de sauvetage ressemblent à un coup d’Etat: «Effectivement, en ne laissant rien au hasard et avec l’approbation des chefs d’Etat et de gouvernements, la Commission européenne a conduit l’Union européenne dans une structure complètement nouvelle. Au centre, une petite Europe, se constituant des Etats de la zone euro, entourée d’Etats en voie d’adhésion et de la Grande-Bretagne. Le tout forme ainsi une sorte de grande Europe.» La Commission Européenne veut empêcher l’action souveraine des EtatsToutefois, pour cela, il aurait été nécessaire que la Grèce quitte la zone-euro et obtienne la possibilité de dévaloriser sa propre monnaie. Mais c’est justement cela que la Commission européenne voulait empêcher. Pourquoi? «En tant qu’Etat souverain, la Grèce aurait réinstauré sa solvabilité à l’extérieur de l’union monétaire. Cela a déplu à la Commission européenne. Car l’activité souveraine porte préjudice à son pouvoir et cela, on devait l’éviter à tout prix.» Selon les auteurs, c’est uniquement pour cette raison que l’on a proposé à la Grèce le renflouement illégal, et non pas pour sauver l’euro! Les arguments économiques le contredisaient et le contredisent encore aujourd’hui, comme les auteurs le démontrent clairement: Jamais on n’a mis à la disposition d’un pays souffrant de difficultés budgétaires autant d’argent provenant de recettes fiscales, jamais on n’a pris autant de risques que pour la Grèce. Jamais, le faux enthousiasme d’autres pays de la zone-euro souffrant de problèmes budgétaires, de choisir l’option à l’instar de la Grèce, n’a été aussi grand qu’après cette décision de l’UE. Jamais, les créanciers, dans ce cas avant tout les grandes banques agissant au niveau international, ont été si peu impliqués dans la recherche d’une solution que cette fois-ci, bien qu’ils soient responsables de manière considérable de cette évolution. Au lieu de cela: «La Grèce a été sauvée par un grand effort unique venant des contribuables des Etats de la zone-euro, en particulier de l’Allemagne. On a acheté du temps pour beaucoup d’argent, afin de remettre de l’ordre dans le budget grec.» Mais: «La réussite de cette action est plus que douteuse.» Le centralisme de la Commission européenneQuelles en sont les conséquences pour les citoyennes et les citoyens et pour les contribuables? «Pour les Etats déficitaires, elle [la bouée de sauvetage] représente un signal, indiquant que l’on peut continuer à s’endetter aux dépens des Etats contributaires. Son risque moral est renforcé, ce qui amènent beaucoup à juger que l’UE devienne une union de transferts.» La Commission européenne exige maintenant un contrôle préalable de tous les budgets d’Etats nationaux et a la possiblité de décréter des sanctions. Au niveau politique, cela signifie: «Si les procédures budgétaires nationales étaient effectivement structurées de cette manière, cela irait largement au-delà de la centralisation d’Etats fédéraux, comme par exemple aux USA. Le coup d’Etat de l’Union aurait réussi.» Les citoyens ont commencé à réfléchir à des alternativesLe Traité de Lisbonne autorise à sortir de l’UE. L’AELE (Association européenne de libre-échange) montre qu’il existe d’autres formes libres de coopération en Europe. La Suisse et la Norvège, par exemple, montrent qu’on peut même mieux vivre à l’extérieur de l’UE qu’en son sein. Aucun pays, qui choisit le chemin hors de l’UE, n’est contraint à rester seul et en plan. Du côté des gouvernements des Etats de l’Union européenne, on ne peut pas encore s’attendre à de premiers pas dans une autre direction. Mais les citoyennes et les citoyens ont déjà commencé à réfléchir à de nouvelles options. • |