La Suisse doit clairement se tenir éloignée de l’OTAN

Interview du conseiller national Luzi Stamm, UDC/Argovie

Horizons et débats: Le conseiller fédéral Didier Burkhalter a participé au Sommet de l’OTAN à Chicago et y a parlé. Est-ce que cela vous a étonné?

Luzi Stamm: Non pas vraiment, depuis le début des années 1990, c’est le comportement normal de notre Conseil fédéral: Internationaliste, favorable à l’UE et à l’OTAN! L’adhésion au «Partenariat pour la paix» (PPP) appartient à cette catégorie. Là, le conseiller fédéral Ogi a déjà assuré, de son propre chef, que nous y participions. Dans un commentaire mordant de l’époque on disait que la différence entre l’OTAN et le PPP était aussi ténue qu’une feuille de papier. A l’époque, un document du PRD approuvait même l’adhésion à l’OTAN. La tendance de la Berne fédérale est claire depuis longtemps; elle ne me surprend pas. Mais je ne peux en aucun cas l’approuver.

Dans ce contexte, la question se pose de savoir si cela est compatible avec notre neutralité.

Une adhésion à l’OTAN ne l’est pas. Sur le principe, il faut savoir que la population pense autrement que les dirigeants politiques. Selon le dernier sondage, 83% de notre population sont contre l’adhésion à l’UE. La grande majorité de l’élite politique par contre voulait – tout au moins jusqu’il y a peu – adhérer à l’UE au cours des 20 dernières années. En ce qui concerne la neutralité, c’est semblable. La grande majorité du peuple suisse veut la conserver.

Comment la Suisse devrait-elle se comporter dans le concert international?

La coopération internationale est d’un côté indispensable avec tous les Etats, que ce soit la Libye, l’Iran ou n’importe qui d’autre. Mais cela fait une grande différence si nous avons ces contacts dans le sens d’une collaboration ou si nous émettons des témoignages unilatéraux de notre sympathie. Nous devons faire très attention que notre gouvernement ne fasse pas de gestes symboliques, surtout au Proche-Orient. Les visites démonstratives unilatérales dans les régions de conflits sont toujours inappropriées. La collaboration politique dans le sens des contacts est juste, mais de prendre position pour l’une ou l’autre partie est une catastrophe du point de vue de la politique de neutralité.

La Suisse ne devrait-elle pas se tenir plus clairement à distance de l’OTAN?

Bien sûr. Autrefois, à l’époque du conflit est-ouest, il était compréhensible qu’il y eût de grandes sympathies envers l’OTAN. Mais suite au changement fondamental, en droit international, de l’OTAN en une alliance d’agression, une distanciation claire est nécessaire. Depuis qu’il y a eu ce changement d’objectif au sein de l’OTAN, la Suisse doit clairement prendre ses distances par rapport à l’OTAN.     •

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