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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2010  >  N°6, 15 fevrier 2010  >  La Suisse doit proposer un sommet de paix [Imprimer]

La Suisse doit proposer un sommet de paix

par Christoph Reichmuth

M. Stahel, spécialiste de l’Afghanistan, incite la Suisse à organiser elle-même un sommet à propos de ce pays. Mais, selon lui, la Confédération n’en veut pas.

Albert A. Stahel, directeur de l’Institut d’études stratégiques à l’Université de Zurich n’est pas satisfait des conclusions de la Conférence sur l’Afghanistan de jeudi dernier [28 janvier] à Londres. Ce sommet, voulu par le gouvernement britannique et les Nations Unies, s’est révélé être une farce, du fait que ce furent les pays belligérants qui débattirent du sort de ce pays. «Gordon Brown et Barack Obama instrumentalisent le conflit afghan pour leur propre campagne électorale. C’est du cynisme pur.»
Stahel met l’accent sur le fait que l’Afghanistan est profondément divisé et rongé par la corruption et se trouve de surcroît pris dans une guerre civile. Selon cet expert, il serait temps que la Suisse, en tant que pays neutre, prenne l’initiative: «Avec un sommet de paix, la Suisse peut contribuer de façon beaucoup plus honnête à la paix.»
Stahel peut compter sur l’appui du conseiller national zougois, Josef Lang (liste alternative), qui fait partie de la Commission de politique extérieure du Conseil national. C’est là qu’il veut, par une motion, amener son idée d’un sommet de paix pour l’Afghanistan – et il espère que sa demande trouvera l’approbation d’une majorité de membres. Lang estime que «la Suisse doit s’engager plus vigoureusement en politique de paix.» Il propose que la Suisse, de concert avec deux ou trois pays musulmans – n’étant impliqués ni dans l’OTAN ni avec les Talibans – lance une offensive de paix, car «une telle initia­tive ne peut venir que d’un pays étranger à ce conflit.»

«Un mauvais signal de la Suisse»

Cependant tant Lang que Stahel voient la position de neutralité dans le conflit afghan en danger. Car le gouvernement vient d’accorder 180 000 francs en faveur de l’armée afghane. Cet argent est versé dans un fonds géré par l’OTAN. Certes, le Département fédéral des Affaires étrangères (DFAE) précise que cet argent est destiné à l’achat de médicaments et de matériel médical, ce qui amène Stahel à la remarque suivante: «C’est un mauvais signal que la Suisse verse de l’argent dans la caisse de l’OTAN.» En effet, il est très difficile de suivre le chemin parcouru par cet argent. «Les Afghans ne cessent de préciser qu’ils attendent de nous une aide humanitaire et non pas militaire.»
Lang lui-même n’est pas non plus em­ballé par cet engagement financier de la Confédération. «Du fait que la Suisse verse de l’argent dans un fonds de l’OTAN, elle participe à la guerre. Elle laisse passer sa chance de jouer un rôle dans la politique de paix.»

La Confédération freine

Quoiqu’il en soit: la Confédération ne semble pas vouloir bouger dans cette affaire. Déjà en septembre Stahel connut un échec quand il émit l’idée d’un sommet de paix. Le DFAE refusa la proposition en déclarant que la Suisse ne voulait pas se lancer seule dans le processus de paix.
Les membres de la Commission de politique extérieure sont tout autant réservés. Le conseiller national schwyzois Reto Wehrli veut examiner en détail la proposition de Lang. Selon lui, il n’aurait pas d’objection à ce que la Suisse offre ses bons offices. Sa collège dans la commission, la conseillère nationale UDC lucernoise Yvette Estermann n’a guère confiance dans les sommets: «Quand on voit leur peu de succès à l’image de ceux sur le climat et sur la faim.»•

Source: Neue Luzerner Zeitung du 30/1/10

«La Suisse doit s’engager plus vigoureusement en politique de paix»
Josef Lang, conseiller national, mouvement alternatif, Zoug