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Horizons et debats  >  archives  >  2009  >  N°10, 23 mars 2009  >  Quand le temps passe trop vite pour le «flux tendu» [Imprimer]

Quand le temps passe trop vite pour le «flux tendu»

Avant l’invention japonaise de la production «en flux tendu» au milieu des années 1950, la plupart des usines entretenaient des stocks de pièces nécessaires à leur production. Ces stocks permettaient aux entreprises de produire même en cas de ruptures temporaires de livraisons. Ce n’est plus le cas actuellement, pour la raison économique que le maintien de stocks importants coûte trop cher. Aujourd’hui, la plupart des entreprises ont des stocks pour trois à cinq jours, parfois moins.
Cela implique le risque qu’une baisse mondiale de production rompe la chaîne mondiale de production. Une fermeture d’usine à un endroit peut paralyser beaucoup d’autres entreprises dans le monde entier. Lorsque le fabricant principal d’une pièce simple, nécessaire à de nombreux processus de production, met la clé sous la porte, les producteurs qui restent n’ont plus la possibilité de colmater la brèche. Il en résulte des fermetures d’usines à d’autres endroits et cela jusqu’à ce que cette pièce puisse être produite ailleurs. C’est la réalité, et c’est inévitable.

Les finances commerciales pratiquent elles aussi le flux tendu

Revenons aux années 1950. La plupart des entreprises avaient à leur disposition assez de liquidités ou d’argent disponible à court terme pour effectuer tous les payements prévus dans les 40 à 100 jours. Aussi jouissaient-ils d’une très grande solidité financière si certains clients étaient en retard de paiement. Aujourd’hui le «flux tendu» s’est imposé ici aussi. La plupart des entreprises n’ont plus à leur disposition que ce qui se trouve en caisse. Elles ne prennent des crédits qu’à très court terme: une semaine ou même un jour. Elles comptent sur les paiements de leurs clients pour rembourser leurs crédits, même ceux à court terme.
C’est pourquoi la situation critique sur le marché mondial du crédit est si dangereuse pour l’économie. Elle est passée d’un ralentissement à une contraction du crédit et finalement à une déflation mondiale de l’argent du crédit. Ce processus a durement touché les entreprises. Aujourd’hui, dans le monde entier, de nombreuses entreprises n’ont plus accès au financement habituel «en flux tendu» auprès de leurs banques. Comme elles manquent de liquidités pour effectuer leurs payements normaux, la plupart d’entre elles sont à une semaine de la faillite. Privées de crédits à court terme, elles n’ont pas d’autre choix que de fermer lorsque tous leurs fournisseurs ne peuvent plus attendre les paiements. Cela rompt la «chaîne de livraison» tout comme ce qui se passe pour les stocks mais cette fois pour des raisons financières.
Actuellement ces deux phénomènes économiques frappent le monde entier. L’un concerne les biens matériels, réels. L’autre est de nature financière, mais tout aussi réel du point de vue économique. Ensemble, ils expliquent l’effondrement de la production mondiale.    •

Source: The Privateer, No 624, mars 2009
(Traduction Horizons et débats)