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Horizons et debats  >  archives  >  2009  >  N°17, 4 mai 2009  >  La crise alimentaire mondiale et le droit à l’alimentation [Imprimer]

La crise alimentaire mondiale et le droit à l’alimentation

Conférence de l’ONU exigeant un changement de paradigme dans la politique agricole

Deux déclarations du Président de la 63ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies, Miguel d’Escoto Brockmann, du 6 avril 2009

hd. Le 6 avril a eu lieu au siège des Nations Unies à New York ce qu’on appelle un «débat thématique interactif» sur la crise alimentaire mondiale et le droit à l’alimentation organisé par l’Assemblée générale.
Le Président de l’Assemblée générale, Miguel d’Escoto Brockmann avait invité les participants. Il attira l’attention lors de son discours d’ouverture sur le fait qu’un milliard d’êtres humains dans le monde entier souffrent de la faim aujourd’hui. Il exigea que le droit à l’alimentation soit replacé de nouveau et immédiatement au centre de l’agenda international. La crise alimentaire est loin d’être terminée, même si beaucoup affirment l’inverse. Au contraire, elle se répand encore davantage sur tout le globe. Il existe un rapport évident entre la crise financière mondiale et la crise alimentaire. On a besoin d’une réorientation fondamentale en matière de politique alimentaire. Il faut s’éloigner de la «dominance des groupes alimentaires industriels» et se diriger vers une fabrication d’aliments au niveau local, régional et international, plus humaine.
Des économistes, des écologistes dans le domaine agraire, des spécialistes dans le domaine des droits de l’homme et d’autres experts étaient réunis lors de cette conférence d’une journée. Le Rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation, Olivier de Schutter ainsi que le Conseiller principal du Président de l’Assemblée générale en matière de politique alimentaire et de développement durable, David Andrews étaient également présents.
Parmi les participants au débat, il y avait des représentants du Conseil mondial de l’agriculture (International Assessment of Agricultural Knowledge, Science and Technology for Development, IAASTD), qui ont travaillé sur le rapport sur l’agriculture mondiale (cf. Horizons et débats N° 44/2008 et n° 52/2008). La revendication d’un changement de paradigme dans l’agriculture, qui préconise de s’éloigner des structures industrielles pour s’orienter vers une forme favorisant la petite agriculture paysanne, vers une production d’aliments qui assure le droit à l’alimentation pour tous les êtres humains, a été ainsi approuvée par l’ONU.
Nous publions ci-dessous le discours d’ouverture et les conclusions de Miguel d’Escoto Brockmann.

 

Discours d’ouverture du Président de l’Assemblée générale

Excellences, Mesdames et Messieurs les Représentants des pays les moins avancés, chers collègues et amis, Monsieur le Rapporteur spécial, Oliver de Schutter, Mesdames et Messieurs les Représentants des institutions des Nations Unies à Rome (FAO,FIDA, PMA) et des Nations Unies, chers frères et sœurs,

Je me réjouis beaucoup de pouvoir ouvrir ce dialogue informel de l’Assemblée générale sur la crise alimentaire mondiale. Le débat d’aujourd’hui présentera aux participants une multitude d’opinions issues de différentes disciplines et de domaines de connaissance. Il est très raisonnable que l’Assemblée générale se serve elle-même de différentes sources de connaissances et d’expertises, car la crise que nous examinons dans toute son ampleur, la crise alimentaire globale et le droit à l’alimentation ne peuvent être considérés indépendamment des crises convergentes auxquelles nous devons faire face au niveau international: le changement climatique, la crise financière et économique, la crise énergétique et la crise alimentaire. Ces crises convergent, s’influencent et s’aggravent mutuellement.
Pour pouvoir mieux comprendre l’ampleur de la crise alimentaire mondiale, la complexité et ainsi les interdépendances, nous devons nous servir des moyens les plus divers. Le Rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l’alimentation, Oliver de Schutter et le Conseiller principal du Président de l’Assemblée générale en matière de politiques alimentaires et de développement durable, David Andrews ont réuni avec le soutien des institutions de l’ONU à Rome une multitude d’excellents orateurs qualifiés. Ils analyseront et discuteront sur des options politiques permettant de faire face à la crise en s’appuyant sur des instruments ou des domaines clefs: le droit international, la loi sur les Droits de l’homme en cours de développement, des dilemmes éthiques et moraux ainsi que la science et la technologie. Ces domaines nous offrirons à tous une vaste analyse ce qui – j’en suis convaincu – contribuera à une meilleure approche vers une solution.
Je suis particulièrement heureux qu’au­jourd’hui des experts soient ici représentés qui présenteront les requêtes, les conceptions du monde et les connaissances, qui trop souvent sont sous-représentées sur la scène politique internationale. Et ici je m’adresse aux scientifiques venant du Tiers-monde, aux écologistes agraires, aux petits paysans et aux frères et sœurs indigènes. Ils sont tous représentants de groupes d’intérêts et nous nous réjouissons de vous accueillir ici dans cette conférence afin que nous nous instruisons les uns les autres dans un dialogue plein de sagesse. Vous formez non seulement 50% des producteurs d’aliments sur le plan mondial, vous représentez aussi un grand pourcentage des affamés de cette terre.
La très précieuse assemblée d’économistes, d’écologistes agraires, de spécialistes en matière de droits de l’Homme et d’autres experts se base sur les préoccupations de longue date de l’Assemblée générale et d’autres commissions interétatiques relatives à ces problèmes. Je pense que nous reconnaissons tous la portée et la persistance de cette crise alimentaire qui s’étend de plus en plus autour du globe, et nous reconnaissons la nécessité de placer ce sujet tout en haut de l’agenda international.
Aujourd’hui, nous essayerons de trouver des réponses aux questions difficiles telles que: Pourquoi tolérons-nous encore la faim et la malnutrition, qui touchent maintenant un milliard d’êtres humains dans le monde entier et ceci dans un monde d’abondance? De quelles directives internationales a-t-on besoin pour assurer le droit à l’alimentation? Comment peut-on modifier la production agricole pour faire face à l’avenir au défi de la sécurité alimentaire? Outre la nécessité d’augmenter la production alimentaire – comment pouvons-nous garantir un accès à la nourriture universel et durable? Ce problème est d’autant plus grave que quotidiennement des millions d’autres individus tombent à leur tour dans une pauvreté pitoyable.
Nous nous référons aux analyses et aux rapports d’une série de commissions des Nations Unies: l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), le fond international de développement agricole (FIDA), le programme mondial pour l’alimentation (PAM) et d’autres représentants et fonds, ainsi que le Rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation et les initiatives de haut rang pour la sécurité alimentaire qui ont été organisées par le Secrétaire général. Nous profitons également des conseils scientifiques du Conseil mondial de l’agriculture (IAASTD) et d’autres commissions interétatiques. Ils nous disent tous que nous faisons face à une crise persistante et profonde qui exige l’installation d’une nouvelle architecture mondiale en matière d’agriculture et d’alimentation.
Les Nations Unies ont assumé un rôle central pour surmonter les grands défis relatifs à l’insécurité alimentaire et à l’accès aux aliments. Nous devons soutenir l’appel à un renforcement de notre réponse globale en nous appuyant sur des instruments qui se basent sur la reconnaissance du droit à l’alimentation en tant que droit humain fixé dans le droit international. Ceci exige des directives qui reconnaissent ces besoins et permettent à tous les domaines de la société de participer.
Je suis d’accord avec Oliver de Schutter, Rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l’alimentation quand il dit que nous avons une occasion unique de réorienter notre politique alimentaire qui pousse actuellement un milliard d’êtres humains au bord de la famine. La crise alimentaire persistante est le résultat de l’échec à large échelle des modèles de gouvernance et de production égoïstes qui ont déçu et trahi la confiance des populations du monde entier. Ces modèles ne sont pas durables et nous devons trouver des alternatives tant sur le plan international que local. Il est aussi très important que nous voyions la crise alimentaire en étroit rapport avec la crise financière, la crise énergétique et les problèmes plus larges qui sont liés au changement climatique.
Vu le déclin actuel sur le plan mondial, il est même plus urgent de soutenir une approche de politique alimentaire se fondant sur le droit. Cela répondrait également aux besoins d’un milliard de petits paysans dans le monde entier, parmi lesquels beaucoup n’ont étonnamment pas assez à manger. Cela répondra aussi aux droits et aux besoins de consommateurs appauvris – spécialement les femmes et les enfants – qui souffrent de la faim en plein milieu de l’abondance.
A moins de mettre en œuvre des changements novateurs et de grande envergure dans le domaine de la politique alimentaire, la faim s’étendra de nouveau à travers le monde comme une peste médiévale. Le fait honteux est qu’en dépit des connaissances et des capacités financières et technologiques dispo­nibles, la moitié de l’humanité soit frappée par des niveaux de malnutrition et de pauvreté qui sont entièrement incompatibles avec leurs droit et leur dignité naturelle. Ceci n’est pas seulement honteux, c’est – pour utiliser une expression religieuse – tout simplement un péché, ce que je viens de répéter à plusieurs reprises.
Il est évident que le système alimentaire industriel dominant et global est en train de s’effondrer. L’effondrement des marchés financiers et l’appel croissant en faveur d’une révision des institutions de Bretton Wood fortement endommagées ont ouvert la voie à un changement dramatique dans l’architecture internationale de la finance. Nous pouvons seulement espérer que les jours de la prédominance des monocultures de l’agro-industrie soient comptés.
Le programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) par exemple, a publié récemment un rapport qui indique que l’agriculture biologique locale peut livrer les rendements élevés qui étaient réservés à l’agriculture industrielle, sans que se produisent les dommages environnementaux et sociaux occasionnés par l’agriculture industrielle. D’autres rapports attirent l’attention sur les dommages écologiques et les coûts extraordinaires relevant de la production de la viande. Le Conseil mondial de l’agriculture (IAASTD) a publié son rapport exhaustif l’année dernière. Il a informé sur le travail de beaucoup d’organisations des Nations Unies et souligné que les méthodes actuelles en matière de production d’aliments n’étaient plus du tout durables. Il a recommandé de se détourner des méthodes industrielles en faveur de méthodes agro-écologiques.
Nous sommes de nouveau arrivés à un point de changements dramatiques, voire même à un tournant. De plus en plus de voix s’élèvent, réclamant un changement et elles sont enfin entendues tandis que d’anciens modèles s’écroulent d’épuisement. Il est temps de mettre en œuvre une nouvelle politique en matière d’alimentation qui s’organise de bas en haut et non pas de haut en bas. Nous devons adopter une approche multifonctionnelle en matière de production alimentaire qui se préoccupe des pauvres et de leur droit à l’alimentation; du bien-être de la planète et de son droit à la vie; des intérêts des communautés et de leur droit à l’autogouvernance, tout ce qu’on désigne comme souveraineté alimentaire.
J’ai fait de la démocratisation de l’orga­nisation des Nations Unies ma priorité ab­solue. C’est pourquoi, je plaiderais aussi dans le domaine de la politique alimentaire pour une démocratisation de l’alimentation. Au lieu d’accepter la dominance de quelques grandes entreprises dans l’approvisionnement, il faut s’orienter vers un système contrôlé par la popu­lation et respectueux des commu­nautés et du droit à la souveraineté alimentaire et des systèmes alimentaires sur le plan local et régional.
Il existe une conscience croissante qui nous montre le fait que les «riches» de ce monde doivent modifier leur mode de vie et leurs habitudes de consommation parce qu’ils témoignent de peu ou d’aucun respect envers les effets de leur style de vie sur le bien-être de leur voisin, de leurs frères et sœurs et de notre maison commune, la Terre, notre planète. Nous pouvons apprendre de ceux qui s’orientent vers une nouvelle politique alimentaire c’est-à-dire vers une démocratie alimentaire. Nous devons prendre cette voie. Le problème du réchauffement global ne permet pas que nous hésitions à prendre des mesures.
Les populations du monde demandent la fin de cette culture de l’indifférence envers le bien-être d’autrui. Nous sommes témoins de la manière dont la politique économique a accéléré le réchauffement global et le pillage des ressources naturelles. Nous sommes témoins de la folie qui consiste à utiliser les céréales comme carburants pour satisfaire l’avidité indomptable d’énergie. Si nous perpétuons cette culture, nous continuons à trahir nos valeurs et principes les plus sacrés et cela entrainerait des conséquences terribles pour la planète fragile et sa population.
Les solutions proposées dans le cadre de l’actuelle crise économique, ne font qu’aggraver les problèmes. La crise climatique suit effectivement la même logique que celle de la nourriture, de l’énergie et de la finance: C’est la logique d’une politique basée sur des profits et des spéculations à court terme pour cumuler un maximum de richesses. Ces crises ne peuvent pas être réglées l’une après l’autre uniquement à l’aide de technologies. Elles exigent des solutions globales de coupe transversale.
La plupart d’entre nous sont con­vaincus que la conjonction des crises auxquelles nous devons faire face aujourd’hui ne doit pas entraîner d’autres tragédies humaines. Mais nous devons dépasser la médiocrité morale qui empêche de faire les sacrifices héroïques qu’exige la magnitude du problème. Nous devons aborder les modes de consommation complètement inadmissibles. Nous devons renforcer le droit fondamental à l’alimentation. Le réalisme sinon notre conscience devrait nous montrer clairement que l’ensemble de l’humanité se trouve dans le même bateau et que soit nous tous coulerons, soit nous naviguerons ensemble. Je suis convaincu que le débat d’aujourd’hui nous indiquera la bonne direction.    •

(Traduction Horizons et débats)
Source: www.un.org/ga/president/63/statements/foodcrisis60409.shtml


Déclaration finale
du Président de l’Assemblée générale des Nations Unies
Excellences, Mesdames et Messieurs les représentants des Nations Unies et de la société civile, mes frères et sœurs dans le Seigneur,
Au terme de ce dialogue thématique, je désire remercier tous les participants et animateurs des débats et notamment les délégués qui ont participé aux échanges de vues de manière très constructive. Je suis reconnaissant au scheik Sidi Diarra, représentant spécial du Secrétaire général pour les pays les moins développés, d’avoir souligné l’importance de ce thème pour les populations les plus vulnérables, touchées par les défis relatifs à l’approvisionnement adéquat en produits alimentaires.
Et je remercie Olivier de Schutter, rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l’alimentation, pour ses arguments qui nous rappellent la logique et les impératifs moraux concernant la sécurité alimentaire dans une perspective axée sur des droits.
Afin de trouver des solutions à long terme aux problèmes persistants, mais impardonnables de la faim et de l’accès insuffisant aux produits alimentaires en raison de la pauvreté, nous devons modifier complètement nos modèles de production et nos habitudes de consommation. Il s’agit d’un défi fondamental et inévitable.
Les deux groupes d’experts ont relevé que, dans la production de denrées alimentaires, il nous faut nous écarter vite de la monoculture pour retourner à la polyculture, que nous devons remettre en question la myopie que constitue la production de denrées alimentaires destinées à l’élevage et aux autos, que nous pouvons et devons mettre fin aux effets nocifs exercés, par la production axée sur le profit, sur la qualité de notre alimentation et sur notre vie dans son ensemble et que nous devons exploiter le potentiel considérable se trouvant dans la capacité de prestations et les synergies des producteurs de denrées alimentaires qui travaillent en espace réduit et de manière contrastant souvent de manière frappante avec celle de la production agro-industrielle.
Cette séance a démontré, une nouvelle fois, que l’Assemblée générale, l’ONU et ses partenaires du secteur privé, la société civile et les universitaires peuvent se réunir pour cerner les problèmes et chercher des solu­tions tenant compte des inquiétudes de tous les Etats membres. Tel est au fond le rôle de l’Assemblée générale, prévu dans la Charte des Nations Unies.
Ce qui frappe, dans les exposés d’au­jourd’hui, c’est la richesse et la diversité des vues de nos participants. Nous avons entendu les arguments fondés, qui reposent sur la base scientifique solide de l’évaluation internationale des connaissances, des sciences et des technologies agricoles pour le développement (IAASTD), ainsi que le rapport sur les expériences faites par les membres du système de l’ONU établi à Rome.
Nous avons entendu les contributions d’experts et de praticiens d’organisations non gouvernementales du monde entier, y compris les vues d’une valeur inestimable présentées par les représentants de nos peuples autochtones. L’ampleur de ces connaissances et de cette inquiétude nous aideront à diriger notre compas commun sur une sécurité des denrées alimentaires véritable et durable pour chacun.
Il y a une semaine, nous nous sommes ré­unis dans la même salle que maintenant pour discuter de la crise financière et de ses effets sur le développement avec les principaux économistes internationaux, ainsi qu’avec des spécialistes du commerce et du travail. Quelques jours plus tard, les dirigeants des systèmes économiques mondiaux développés se sont réunis à Londres pour relever les défis de la crise économique mondiale.
Lors des discussions du G 20, on n’a plus rien entendu à propos de la pénurie mondiale des denrées alimentaires, pour ne pas parler du droit à l’alimentation. Aussi impitoyable que la crise économique, la pénurie de denrées alimentaires frappe les êtres les plus vulnérables de toutes nos sociétés de manière directe et intransigeante. Les affamés ne peuvent pas attendre. Cette discussion doit figurer à la première ligne de l’ordre du jour international et vous avez contribué à la rendre possible.
Il me faut dire quelques mots à propos du droit de l’homme à l’alimentation. Il y a de nombreuses raisons de soutenir une procédure basée sur le droit visant à résoudre le problème de la pénurie des denrées alimentaire. En garantissant le droit à l’alimentation, on fait bénéficier les affamés du monde de notre aide en denrées alimentaires, on fait de ces affamés des «détenteurs de droits». C’est un changement radical par rapport à notre paradigme actuel.
Plutôt que de parler pour les affamés du monde ou en leur nom, nous devons, en tant que communauté internationale, joindre nos voix aux leurs et nous faire les avocats de leurs droits. Cela pose une série de ques­tions complexes qui n’aboutissent pas, dans de nombreux cas, à des réponses simples. Ces questions concernent le rôle de l’agriculture «non alimentaire», des subventions et des systèmes commerciaux injustes. Si nous voulons être conséquents, nous devons insérer dans la discussion ces thèmes difficiles et faisant souvent l’objet de contestations.
Le droit à l’alimentation est une partie du droit des Nations Unies. Les organisations internationales de l’ONU, y compris ses organisations financières, sont tenues, en tant que telles, d’inclure dans leurs processus de décisions les effets possibles de la politique du droit à l’alimentation.
Je suis persuadé que nous devons renoncer à la tendance à considérer la crise de manière unilatérale. Je nous invite tous à remplir nos obligations internationales, à res­pecter les droits de l’homme qui se forment, à tenir compte des dilemmes éthiques et moraux dans le choix des moyens politiques et à nous demander comment un nouveau savoir et de nouvelles technologies peuvent être utilisés pour mieux soutenir les pays en développement et leurs peuples dans un meilleur exercice de leur droit à l’alimentation.
Considérons l’avenir. Le calendrier de l’ONU comprend une série de processus et de données qui sont d’une grande importance pour les thèmes traités aujourd’hui. La Commission du développement durable se réunira le mois prochain pour traiter de politique agricole, d’eau, de désertification et d’autres thèmes importants. En juin, elle s’occupera de la crise internationale des finances et des changes, ainsi que de ses effets sur le développement. Au cours des mois suivants, nous examinerons les progrès réalisés dans les objectifs du millénaire pour le développement. Vers la fin de l’année, il y aura vraisemblablement une rencontre au sommet à propos de la crise alimentaire et, finalement, les négociations importantes sur les changements du climat.
Je demande à tous les Etats membres, lorsqu’ils examineront leurs politiques de l’alimentation, du commerce et de l’agriculture dans cette série de forums, de le faire sérieusement et de fonder leurs analyses et réponses sur une méthode basée sur le droit, à savoir le droit à l’alimentation. La Déclaration universelle des droits de l’homme, les nombreuses décisions de l’Assemblée générale et d’autres moyens juridiques reconnaissent le droit à une alimentation suffisante et riche en matières nutritives.
Pour terminer, je désire remercier mon premier conseiller en politique des denrées alimentaires, le frère David Andrews, d’avoir oeuvré pour que cette rencontre d’orateurs compétents puisse avoir lieu. Poursuivons le dialogue et réclamons les changements, sur tous les plans, qui exerceront des effets profonds sur nous tous et notre chère planète. Merci.    •

Source: www.un.org/ga/president/63/statements/closingfoodcrisis60409.shtml     
(Traduction Horizons et débats)