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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2012  >  N°5, 6 février 2012  >  Comment les animaux hivernent [Imprimer]

Comment les animaux hivernent

par Helmut Hintermeier, Gallmersgarten (Allemagne)

Au courant de l’évolution, différentes espèces d’animaux ont développé des stratégies différentes pour passer la période hivernale. Quelques-unes de ces stratégies seront présentées dans cet article.

Dans les zones climatiques modérées de la terre, les mois d’hiver représentent de graves problèmes pour les animaux en liberté et souvent des risques vitaux concernant leur nourriture ou la température. Pour maintenir la perte de chaleur la plus basse possible, la plupart des mammifères indigènes ont dès l’automne un pelage d’hiver. Les poils plus longs et souvent plus crépus contiennent une couche d’air plus épaisse, isolant mieux contre le froid que le pelage d’été mince et lisse. Les oiseaux parviennent au même effet en gonflant leur plumage, également plus dense en hiver. De grands problèmes ont par contre les amphibiens tout à faits nus. Les écailles des reptiles ou bien la carapace de chitine des insectes n’offrent pas non plus de protection contre la mort par le froid. Pour eux, la nature a prévu d’autres stratégies de survie.

Sommeil hivernal

Pour toute une série de petits mammifères, la saison froide est en premier lieu un problème de nourriture. En sont concernés avant tout les insectivores comme le hérisson (Erinaceus europaeus) et les chauves-souris, mais aussi des animaux omnivores comme le muscardin (Muscardinus avellanarius), le loir (Glis glis), le lérot (Eliomys quercinus) et le lérotin (Dryomys nitedula) qui ne trouvent pas assez de nourriture pendant la saison froide pour pouvoir maintenir leur température corporelle. Comme ils ne peuvent pas échapper aux conditions hivernales avec un changement de lieu, ils n’avaient pas d’autre choix que «d’inventer le sommeil hivernal». La disposition à dormir est déclenchée par des températures critiques qui varient d’espèce en espèce (muscardin 15°C, hérisson 17°C, loir 18–20°C). Avant de s’endormir, les animaux se sont procuré des réserves d’énergie sous forme d’un «manteau de graisse»: Pour le loir on a constaté une augmentation du poids de 100 à 235 g et pour le lérot de 80 à 210 g. Les chauves-souris également ont à l’automne un poids corporel augmenté de 20 à 30% par rapport au printemps. Et le hérisson bien gras devient après l’hiver, avec la perte de plus d’un tiers de son poids, un hérisson bien maigre. Pendant le sommeil hivernal, le métabolisme, la fréquence de respiration et le rythme cardiaque sont massivement réduits. Pour le hérisson, le rythme cardiaque baisse de 181 battements par minute à 20, et en même temps il ne respire plus qu’une fois par minute au lieu de 50 fois. La température du corps baisse de 35°C à 6°C. Cette forte réduction de tous les processus vitaux, quasi «en veilleuse», amène une économie considérable d’énergie, ce qui assure la maintenance jusqu’aux premiers rayons chauffants du soleil de printemps.

Rigidité d’hiver

L’hiver frappe de façon spécialement dure les animaux à sang froid (mollusques, limaces et escargots, poissons, amphibiens, reptiles, araignées et insectes) qui tombent dans un état semblable à la mort, la rigidité d’hiver. La reinette verte (Hyla arborea), la grenouille rieuse (Rana ridibunda), la grenouille rousse (Rana temporaria), la grenouille verte (Rana esculenta) et la petite grenouille verte (Rana lessonae) passent l’hiver dans la vase des plans d’eau, tandis que les crapauds et les tritons se réfugient dans des cachettes à terre à l’abri du gel. Chez les tritons, la concentration de sel dans le sang par l’évaporation de l’eau est tellement haute que les corps sont littéralement «en saumure» avant de tomber dans la rigidité d’hiver à quelques degrés en-dessous de zéro. Les lézards arrivent à une concentration de glycérol dans le sang qui baisse le point de congélation comme un «antigel». Les insectes passent l’hiver avec des températures corporelles encore plus basses: les coléoptères peuvent faire face à –10°C, les fourmis –19°C, les chenilles cossues gâte-bois –20°C et les araignées même à –24°C. Chez les abeilles domestiques il n’y a pas de rigidité d’hiver, elles passent l’hiver comme essaim entier, chez les bourdons et les guêpes ce sont uniquement les jeunes reines, saillies en automne. La plupart des abeilles solitaires de l’Europe centrale n’ont qu’une génération et passent l’hiver à l’état de larves au repos. Plusieurs espèces qui volent déjà au printemps pour une seule génération, comme l’osmie rufa (Osmia rufa) ou l’andrène vague (Andrena vaga), se développent en insecte adulte dans la même année, mais n’éclosent pas et passent l’hiver dans leur cellule. Chez l’abeille charpentière (Xylocopa violacea), les deux sexes passent l’hiver dans une caverne protégée et ne s’accouplent qu’au printemps. Les papillons passent l’hiver comme œuf (papillon de Poitou-Charente, Malacosoma neustria), comme chenille (le Grand mars changeant, Aptura iris), comme cocon (le machaon Papilio machaon), ou comme papillon. Le citron (Gonepteryx rhamni) passe l’hiver dehors et il est souvent tout couvert de cristaux de glace pendant que le morio (Nymphalis antiopa) trouve refuge dans diverses cachettes naturelles (cavernes dans les arbres, piles de bois). Le paon du jour (Inachisio) et la petite tortue (Aglais urticae) (souvent avec les sialis, les mouches domestiques et les coccinelles) cherchant souvent leur quartier d’hiver dans des greniers ou dans les voûtes des caves.

Migration hivernale

Diverses espèces de papillons se réfugient comme «papillons migrateurs», encore avant le début de la saison froide dans la région méditerranéenne. Le vulcain (Vanessa atalanta) et la vanesse du chardon (Vanessa cardui), le sphinx tête de mort (Acherontia atropos) et le sphinx du liseron (Herse convolvuli) sont ces migrateurs de longue distance dont la descendance revient chez nous au printemps. Plusieurs syrphes, parmi eux le syrphe ceinturé (Episyrphus balteatus) et l’éristale gluante (Eristalis tenax) commencent leur vol vers le sud entre juillet et octobre. Un phénomène bien plus connu est le départ de beaucoup d’espèces d’oiseaux en automne: environ deux tiers de nos oiseaux indigènes, avant tout ceux qui dépendent d’insectes pour leur nourriture, sont des oiseaux migrateurs. Un instinct inné de migration les met en voyage déjà avant l’arrêt définitif des sources de nourriture. Ce n’est certainement pas uniquement le froid, parce que des oiseaux bien menus y résistent, comme par exemple le roitelet huppé (Regulus regulus), notre espèce d’oiseau la plus petite. Le troglodyte mignon (Troglodytes troglodytes), dépendant presque entièrement d’insectes, à peine plus grand, est capable à cause de sa petitesse et son agilité de se faufiler dans les moindres recoins de cavernes et d’arbres, et il trouve aussi dans les granges, les écuries et autres bâtiments en hiver assez de nourriture. Même l’intérieur d’églises est fouillé pour trouver de la nourriture: Dans l’église de mon village, ce petit lutin a volé très bas sous les yeux étonnés des paroissiens, pour atterrir encore pendant le prêche sur le baldaquin de la chaire. Sa parole du dimanche: «Regardez les oiseaux du ciel, ils ne sèment ni ne moissonnent ni n’amassent rien dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit.»                          •

 

Source: Schweizerische Bienen-Zeitung, janvier 2012

(Traduction Horizons et débats)