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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2011  >  N°32, 15 août 2011  >  Les accords bilatéraux et la libre-circulation des personnes avec l’UE: Un bilan très mitigé [Imprimer]

Les accords bilatéraux et la libre-circulation des personnes avec l’UE: Un bilan très mitigé

par Patrick Schäfli*

D’abord une chose: Les accords bilatéraux ont en Suisse une tradition de longue date. Et de loin pas uniquement ceux avec l’Union européenne. A travers les siècles, la Suisse a réussi à assurer ses intérêts par des accords bilatéraux auprès de divers pays du monde. Je voudrais avant tout souligner qu’il faudrait aussi promouvoir des accords bilatéraux avec les pays dans le monde qui ont de l’avenir. Ainsi, dans l’intérêt de notre pays, il faudrait encourager à conclure des accords de libre-échange avec les marchés émergents, tels la Chine, l’Inde, la Malaisie, et les Etats du Golfe. Une orientation unilatérale vers l’UE, comme c’était souvent le cas dans le passé, n’est aujourd’hui plus de mise. Notre pays doit s’assurer les marchés de l’avenir.
En public, on prétend souvent que toute personne qui analyse de manière critique l’un ou l’autre des accords bilatéraux avec l’UE voudrait jeter par-dessus bord tous ces accords. Mais ce n’est pas du tout le cas. Mais je mets en garde contre la reprise irréfléchie de toutes les nouvelles lois de l’UE par la Suisse. L’accomplissement quasi automatique et la sur-régulation doivent être stoppée. Ce n’est d’ailleurs pas une honte, si les politiques suisses réapprennent à défendre avec véhémence les intérêts du pays, l’UE le fait depuis longtemps. Ainsi il n’y a aucune raison de nous laisser dénigrer en tant que «profiteurs». Un peu plus d’honnêteté ne ferait pas de mal à certains parlementaires du niveau fédéral. Avant l’introduction de la libre-circulation des personnes, de nombreux politiciens avaient mis des lunettes roses pour présenter leurs arguments. «L’introduction de la libre-circulation des personnes ne posera aucun problème, il y aura peu d’immigration en Suisse et s’il devait y en avoir, ce seront uniquement des travailleurs spécialisés, recherchés chez nous etc.». Voilà ce qu’on prétendait. Aujourd’hui, nous savons que ces pronostics optimistes se sont avérés faux. Nous constatons actuellement une immigration massive et difficile à contenir, avant tout de l’Allemagne. Ce sont avant tout des emplois sensibles de cadres au sein de la Confédération, des médecins, des dentistes etc. qui sont affectés. L’augmentation massive des médecins conduit à l’augmentation des primes de caisse maladie. Le Conseil fédéral doit reconnaître d’urgence qu’un ajustement de la libre-circulation des personnes avec l’UE est nécessaire. Nous avons sans doute besoin de personnes qualifiées venant d’autres pays, mais bien moins que ceux qui cherchent actuellement un emploi en Suisse. Il y a un grand nombre de travailleurs qui viennent dans notre pays pour des domaines dans lesquels il n’y a pas de manque. Ceux qui nient ce problème – parce que ce qui ne doit pas exister n’existe pas pour eux – mettent en péril la confiance de la population dans le gouvernement. Nous avons un besoin urgent d’un réajustement et d’une restriction de l’entière libre-circulation des personnes avec l’UE. Les clauses correspondantes se trouvent dans les accords bilatéraux (clause-soupape).
A propos des accords de Schengen et de Dublin, l’argumentation est en partie la même, embellissante. Il était cependant question de plus de sécurité, de moins de requérants d’asile etc. En réalité, aujourd’hui, les demandes d’asile, qui ont déjà été examinées dans un autre pays membre de l’espace Schengen, sont réexaminées à la frontière suisse. Très peu de choses ont changé en mieux. L’augmentation massive du nombre de dossiers le montre de façon impressionnante. Même des pays du noyau de Schengen, tel le Danemark, constatent une augmentation massive du trafic de drogues et de l’immigration illégale et réintroduisent les contrôles aux frontières.
Le bilan de la libre-circulation des personnes dans sa forme actuelle n’est pas positif. Il va de soi que la Suisse a aussi besoin de personnes qualifiées de l’étranger, non pas uniquement de l’UE, mais aussi de pays comme le Japon, Singapour et les Etats-Unis.
Lors du développement des accords bilatéraux avec l’UE, il faut que notre délégation de négociateurs ait beaucoup plus de capacité de s’imposer. Un libre-échange agricole mettrait massivement en danger l’agriculture suisse. Le gouvernement fédéral ferait bien de prendre enfin au sérieux les soucis justifiés de notre population et de prendre des mesures ciblées.    •

*Patrick Schäfli est candidat PLR au Conseil national, député au Grand Conseil et habite à Pratteln BL. Il est né en 1971 et est économiste HWV.