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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2008  >  N°50, 15 décembre 2008  >  «Les objectifs du Millénaire pour le Développement de l’ONU nous concernent tous!» [Imprimer]

«Les objectifs du Millénaire pour le Développement de l’ONU nous concernent tous!»

Une fondation bâloise s’adresse à la jeunesse, à l’économie et à la politique au sujet de la promotion des objectifs de l’ONU

par Dieter Sprock

Lors de l’Assemblée générale de l’ONU en l’an 2000, les représentants des gouvernements de 189 Etats ont adopté la Déclaration du Millénaire. Ils se sont ainsi engagés à atteindre, jusqu’en 2015, des objectifs mesurables, les Objectifs du Millénaire pour le Développement.
1.    réduire l’extrême pauvreté et la faim
2.    assurer l’éducation primaire pour tous
3.    promouvoir l’égalité des sexes
4.    réduire la mortalité infantile
5.    améliorer la santé maternelle
6.    combattre le VIH/SIDA, le paludisme et d’autres maladies
7.    assurer un environnement durable
8.    mettre en place un partenariat mondial pour le développement
L’ONU, l’OCDE, la Banque Mondiale et d’autres organisations internationales recommandent aux pays industrialisés d’investir 0,7% de leur produit national brut (PNB) dans l’aide au développement. Si l’on investit seulement 70 centimes sur 100 francs gagnés en Suisse et dans les autres pays riches, les objectifs du Millénaire pourront être atteints. Horizons et débats (no 49 du 17/12/07) a informé de façon détaillée sur la Déclaration du Millénaire des Nations Unies).

Le centre bâlois du Millénaire est né d’une initiative privée

Le 28 novembre, la fondation Centre pour les objectifs du Millénaire (Centre for the Millenium Development Goals CMDG), avec siège à Bâle, a célébré la 1ère Journée Nationale des objectifs du Millénaire pour le Développement de l’ONU. A cette occasion, près de mille personnes intéressées et engagées, dont beaucoup d’adolescents, se sont réunies au foyer du théâtre de Bâle, pour s’informer des objectifs du Millénaire pour le Développement et des objectifs de la fondation, et témoigner de leur soutien par leur présence. Comme représentante du gouvernement suisse, la Conseillère fédérale Doris Leuthard a participé à la manifestation. Son discours avait comme thème: «Faisons du monde une place meilleure!»
La fondation CMDG est née d’une initiative privée. L’initiatrice Gisela Kutter a entendu parler des objectifs du Millénaire pour la première fois il y a 4 ans et elle a «été très touchée et aussi honteuse» de ne pas encore avoir entendu parler de ces objectifs importants. Après une période d’information sur les objectifs du Millénaire, elle a, en 2007, créé la fondation pour contribuer de son côté à faire connaître ces objectifs importants de l’ONU. Le président du Conseil de fondation est Hans-Christof von Sponeck: pendant plus de 30 ans, il a été actif au sein de l’ONU; entre autre comme ancien chef de l’UNDP au Pakistan (1988–1994) en Inde (1994–1997) et comme ancien coordinateur de l’aide humanitaire de l’ONU en Irak (1998–2000). La direction a été confiée au connaisseur de l’ONU et ancien Conseiller national Remo Gysin. Depuis, Kofi Annan, la Conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey ainsi que le gouvernement de Bâle-Ville ont accordé leur soutien au centre.
Avec son message: «Les objectifs du Millénaire nous concernent tous. Il faut agir!», la manifestation à Bâle s’est adressée avant tout à la jeunesse, mais aussi aux représentants de l’économie et de la politique.
On avait réussi à informer au préalable de la manifestation des élèves de 15 à 18 ans de 5 écoles des cantons Bâle-Ville, Bâle-Campagne et Zurich sur les objectifs du Millénaire et à les enthousiasmer de manière qu’ils ont pu transmettre avec beaucoup d’engagement leurs nouvelles expériences aux visiteurs.
On a été accueilli avec la question: «Pouvons-nous vous montrer un film?» Et bien sûr que cette proposition n’a pas été refusée. Et ça a démarré sur un petit ordinateur portable avec une petite séquence sur nos rapports avec la nourriture ou bien avec la question: «Quand est-ce que vous avez eu faim la dernière fois?» Mais aussi avec des moyens tout simples – une feuille de papier et un crayon – le visiteur a appris ce que cela signifiait de ne pas avoir – ou très peu – accès à l’eau potable propre. De manière simple, directe et avec beaucoup de motivation, ces adolescents se sont activés de différentes manières comme ambassadeurs et ambassadrices des objectifs du Millénaire – et cela pas seulement lors de la manifestation. Déjà avant ils avaient discuté dans leurs classes d’école, avec leurs amis, en famille et à d’autres endroits, tout à fait dans le sens de ce que la fondation avait espéré comme effet boule de neige pour avancer la conscience et la signification de ces objectifs de développement. Tout n’a pas pu être montré lors de cette manifestation, mais c’est certain que tous ces objets d’art, tracts, interventions brèves, films, animations, scènes de théâtre et beaucoup d’autres choses ont incité un dialogue informatif et continu. Le rappeur Greis a composé exprès pour la manifestation un Rap qui a été accueilli avec enthousiasme, surtout par les jeunes. Manifestement nos jeunes sont très ouverts aux questions sociales et ils développent de l’engagement et une richesse d’idées pour une tâche sérieuse.

Les objectifs du Millénaire de l’ONU sont menacés par la crise financière

Les intervenants sont souvent revenus à la crise financière. Pas seulement depuis le début de la crise, le système financier international, surtout la libre circulation des capitaux et l’ouverture forcée des marchés, a renforcé les problèmes sociaux mondialement: le nombre des affamés a augmenté à 925 millions. Et même dans les pays riches le nombre de chômeurs augmente continuellement depuis des années, pendant que quelques-uns deviennent de plus en plus riches.
Maintenant, la crise financière menace encore d’élargir le clivage entre riches et pauvres. Il est à craindre qu’il y ait encore moins de moyens pour les besoins des plus démunis. Nous constatons que des centaines, voire des milliers de milliards sont jetés dans la gueule d’un système financier malade alors qu’on veut nous faire croire que, pour les besoins de base des êtres humains, il n’y a pas les moyens. Alors qu’une fraction de cet argent suffirait pour assurer que tous les hommes puissent vivre dans des circonstances dignes d’êtres humains. C’est honteux!

Il faut un changement de paradigmes

Les huit objectifs du Millénaire pour le Développement pour la lutte contre les problèmes mondiaux oppressants sont un programme pour la réalisation concrète des droits de l’homme, figurant dans la Charte de Nations Unies. Leur réalisation n’est pas seulement un devoir moral envers les pauvres, mais finalement aussi dans l’intérêt des pays riches: leur réalisation est nécessaire à la survie de l’humanité.
Les pays pauvres n’ont pas besoin d’aumônes. Ils ont surtout besoin de conditions équitables qui leur permettent leur propre développement. L’ouverture forcée des marchés indigènes et le pillage de leurs richesses minières par la guerre, la corruption et l’escroquerie ne leur laissent aujourd’hui souvent aucune chance. Une fin des guerres ainsi que des prix équitables pour les richesses minières et les matières premières sont des conditions absolues pour le développement et en plus une exigence des convenances humaines.
Après la fin des guerres et de l’exploitation coloniale il faut soutenir des programmes qui permettent à ces pays de s’approvisionner par eux-mêmes. La faim et la pauvreté ne peuvent être combattues de façon durable qu’à l’échelle locale. C’est ce qu’exigent les initiants dans leurs interventions, ainsi que la mandataire de la campagne du Millénaire de l’ONU en Allemagne, Renée Ernst, et Cécile Molinier, directrice de l’UNDP à Genève.
Le Conseil mondial de l’agriculture exige un changement de paradigmes dans son Rapport sur l’agriculture mondiale paru récemment: arrêter la production industrielle de la nourriture, revenir à l’agriculture des petits paysans, à la culture écologique et au marché local. (cf. Horizons et débats no 44 du 3 novembre) Les pays les plus pauvres et les plus démunis dans les campagnes sont les perdants par les conditions du marché agricole mondial, orienté de façon unilatérale à la productivité et aux bénéfices, qui leur sont octroyés par les Etats riches et puissants. «Ce n’est pas l’augmentation de la productivité à tout prix, mais la disponibilité réelle des aliments et des moyens de production sur place qui représentent le facteur décisif dans la lutte contre la faim», c’est une des affirmations clés de ce rapport. L’augmentation de la productivité pour l’exportation, par contre, fait mourir de faim les «plus démunis à la campagne» à côté de dépôts pleins, parce qu’ils ne peuvent pas se payer cette nourriture chère.

Renforcement de la conscience citoyenne pour les requêtes de l’ONU

«Avec le défi central actuel» c’est ce qu’écrit Hans-Christof von Sponeck dans le rapport annuel de la fondation de 2007, «il s’agit premièrement de la sécurité humaine: par la réduction de la pauvreté, l’apaisement de la faim, la formation pour tous (filles, garçons, personnes âgées) et de meilleures conditions de vie grâce à la santé, la dignité et l’épanouissement de la personnalité humaine. Et il s’agit aussi de la durabilité écologique par respect pour l’environnement pour les futures générations. […]
Le renforcement de la conscience citoyenne pour les requêtes de l’ONU dans le domaine des objectifs du Millénaire pour le Développement et la promotion de la compréhension de leur importance pour la réalisation d’un bien-être mondial sont au centre de l’attention [de la fondation de Bâle]. En même temps, la fondation veut accompagner le travail de l’ONU dans ce domaine de manière critique et avec des rapports ciblés et transmettre des expériences importantes de citoyens et des connaissances locales à l’ONU et autres. Les points communs des intérêts des citoyens en Europe centrale et de la communauté mondiale dans le sens de la Charte de l’ONU seront soulignés.» Cet engagement humain et honnête mérite notre soutien!    •