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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2013  >  N°37/38, 16 décembre 2013  >  Cours de géométrie et de construction négligés [Imprimer]

Cours de géométrie et de construction négligés

Les contenus ne correspondent plus à l’âge des élèves

par Marcellina et Robert Tauschke

En Suisse, le label de qualité des sciences de l’ingénieur suisses, mais aussi de l’artisanat de tous les jours, est la solidité, la précision et l’ingéniosité. Outre la formation artisanale, ce sont les cours de géométrie et de dessin technique au cours de l’enseignement à l’école publique qui sont une base importante pour ces qualités. Au cours des années passées, on a certes réduit le nombre de leçons dans ces domaines. Mais pour de bonnes raisons, un enseignement solide a pu néanmoins se maintenir dans la discipline de la géométrie.

Entraînement de l’imagination

Ainsi, au deuxième cycle de l’école primaire (4e, 5e, 6e classes), les cours de géométrie favorisent, par l’utilisation pratique des instruments de dessin (règle, équerre-rapporteur, compas), la précision et la dextérité et entraînent l’imagination. Ainsi les conditions nécessaires pour entrer en cours de géométrie au niveau secondaire sont remplies. Là, les élèves auront l’occasion d’accomplir des constructions exigeantes. Le travail exact, l’action ciblée et des réflexions précises demandent force et concentration des adolescents. De nombreuses capacités et aptitudes nécessaires à la formation professionnelle qui en découlera, peuvent être acquises ici. Le rôle de cet enseignement en tant que contribution à la qualité des innovations et des produits suisses ne peut pas être sousestimé.

Structure systématique et un enseignement soigneusement dirigé

Ce niveau est acquis systématiquement au cours de toute la scolarité. Ce qui est exigé, c’est une structure systématique, un enseignement soigneusement dirigé, en commençant en 4e classe pour terminer en 9e classe de l’école publique obligatoire. Malheureusement, c’est précisément dans ces classes-là qu’on a massivement réduit l’enseignement.

Le Plan d’études 21 exige trop des enfants

En analysant la partie du projet de Plan d’études 21 dédiée à la géométrie et intitulée «Forme et espace», il est surprenant de voir que la matière géométrie jusqu’ici enseignée aux enfants du cycle II (9 à 11 ans) est avancée au cycle I. Pour les enfants âgés de 4 à 8 ans, on prévoit des contenus qui ne correspondent nullement au stade de développement de cette tranche d’âge. Une grande partie des enfants seront dépassés. Par exemple: «Les élèves savent tracer des figures dans des trames, savent les compléter symétriquement ou les inverser.» «[…] savent dessiner les axes symétriques.» (p. 25, 2.1c) Et encore: «explorent des symétries sur les figures et dans des situations objectives et formulent des suppositions.» (p. 28, 1.1c) Et «[…] savent comparer les côtés et les superficies de carrés et de triangles ainsi que les volumes de cubes et de parallélépipèdes à l’aide de grandeurs unitaires.» (p. 26, 4.1d)

Les constructions de base sont fortement réduites dans les classes secondaires

Par contre, dans le cycle II, les constructions de base sont fortement réduites bien que ce soit justement là qu’il faudrait poser les bases. Ainsi, il ne fait plus partie des attentes fondamentales du cycle II que les élèves sachent construire des angles à l’aide de l’équerre-rapporteur – la construction des médiatrices et des bissectrices, des angles droits et des angles de 60° n’est même plus mentionnée. Ce n’est qu’au cycle III (12 à 15 ans) que ces contenus apparaissent. (cf. p. 33, 2.3h) Au lieu de cela, les élèves «savent donner, à l’aide d’une application numérique, des commandes pour dessiner des formes, pour les transformer et en analyser les effets.» Ou «ils savent dessiner des formes à l’ordinateur puis les transformer et les arranger.» (p. 30, 4.2b)
Dans le cycle III, les constructions géométriques continuent d’être réduites. On ne demande plus aux élèves de construire des triangles, des prismes ou des pyramides, ils doivent faire des esquisses; la dilatation des parallélépipèdes et des cubes manque, l’inversement et la rotation sont réduits à 90°, 180°, 270° (p. 25, 2.3j). Au lieu de cela, «on peut utiliser des logiciels géométriques dynamiques» pour «explorer les relations géométriques.» (p. 30, 4.3d).

Le développement de l’imagination est restreint

A l’instar des discussions concernant la calculette, on argumente que les dessins techniques et les constructions à la main sont superflus puisqu’il y a actuellement des moyens techniques à l’aide de l’ordinateur. Mais l’absence du travail intellectuel demandé par les constructions réduit le développement de l’imagination «technique». L’apprentissage de la faculté à travailler de manière propre, exacte et systématique est négligé. Ni l’usage de la calculette ni celui du logiciel de dessin ne remplacent l’entraînement intellectuel. Le niveau atteint jusqu’à présent ne pourra certainement pas être maintenu par des «découvertes ludiques», «des explorations» ou «la continuation d’ornements et de motifs» dans un «environnement d’apprentissage» spécifique.
Suite aux «compétences» qu’il faut atteindre selon le Plan d’études 21 en mathématiques dans la discipline de la géométrie, les élèves perdent énormément de temps d’apprentissage avec des exercices qui ne correspondent pas à leur âge, alors que les bases nécessaires ne sont plus du tout enseignées.     •