Appréciés, connus dans le monde entier, fournisseurs des Cours européennesCafé et pâtisseries – une invention de montagnardspar Heini HofmannLa crise économique actuelle éveille des souvenirs des années de famine d’autrefois. Depuis le Moyen-Âge, les jeunes hommes ont souvent dû quitter leur pays en périodes de disette, d’abord comme mercenaires, plus tard comme artisans et commerçants. C’était aussi le cas dans les Grisons, car le sol aride ne pouvait pas nourrir tous les habitants. 10 000 en 1000 métropolesComme les jeunes Grisons étaient habitués au travail dur, aux économies et qu’ils savaient s’adapter convenablement aux mœurs étrangères, qu’ils restaient étroitement liés entre compatriotes tout en développant des stratégies d’investissement et des systèmes de participation, beaucoup d’entre eux ont eu du succès et sont devenus riches. Ceux qui sont rentrés ont investi leur bien chez eux dans l’agriculture, dans des édifices et dans le tourisme naissant. Mais tous n’ont pas eu de la chance; il y en a eu qui sont devenus pauvres, qui ont souffert du mal du pays et qui sont morts et enterrés en terre étrangère. Point de départ, Venise, la ville-laguneDéjà au XIIe siècle ont eu lieu les premières émigrations depuis l’Engadine, le Bergell, le val Poschiavo et le Chams vers Venise qui deviendra le point d’attraction le plus important. La ville-lagune catholique, mais très ouverte au monde, offrait aux immigrés protestants pour la plupart de bonnes perspectives avec le droit de s’installer et le libre exercice de leur profession. Mais une crise politique entre les Etats a conduit en 1766 à une fin subite pour les confiseurs grisons à Venise, qui furent contraints de chercher d’autres possibilités de travail ailleurs en Europe, plus tard aussi outre-mer. L’exode le plus important eut lieu entre 1800 et 1850. Des livres de recettes bien gardésAu fait la notion de «Zuckerbäcker» (confiseur) n’est pas exacte. Car ce n’était pas seulement le savoir-faire professionnel qui était nécessaire mais aussi des capacités artistiques. Pour cette raison cette profession ne comptait pas parmi les métiers artisanaux, mais parmi les professions libérales et artistiques. Et de l’autre côté le métier du confiseur comportait toute une gamme de capacités, aujourd’hui recouvert par des professions spécialisées ou même des industries, comme la production de chocolat ou de friandises, de glace ou de limonade, la torréfaction du café ou la distillation de l’eau de vie. Giuseppe Verdi, hôte de choixBeaucoup de choses nous rappellent encore aujourd’hui les confiseurs et les cafetiers de l’époque: A Gênes sur la Piazza Soziglia on trouve toujours la Pasticceria Fratelli Klainguti, actuellement plus propriété grisonne, mais c’est l’entreprise qui succède à la Pasticceria-culte fondée par les trois frères Klainguti en 1828 qui comptait parmi sa clientèle Giuseppe Verdi. En son honneur et en souvenir de son opéra Falstaff a été créé une spécialité de biscuit éponyme. Par contre dans la vieille ville de Perugia, la Pasticceria Sandri, connue pour sa vaisselle ornée de la croix suisse, est dirigée encore aujourd’hui par une descendante dans la quatrième génération, qui parle encore le romanche. Pouchkine, Dostoïevski, GogolA Kiew, un émigré de Celerina a fondé deux entreprises, l’une au Krestchatik 15, mais, terrassé par le mal du pays, il a vendu et mis en location ses entreprises à des compatriotes, et il est retourné avec sa famille nombreuse au pays où il a pu vivre confortablement de ses économies. Le roi et l’empereur comme clientsParmi les plus de cent salons de thés fondés par des Grisons en Allemagne, il n’y en a qu’un seul qui ait survécu à la Seconde Guerre mondiale: La pâtisserie Schucan dans une bâtisse à trois pignons sur le Prinzipalmarkt à Münster. Elle est issue d’une fondation d’un émigré de Lavin en 1834, mais elle a été fermée en 1989. Le légendaire Café Kröpcke (d’après le nom d’un preneur de bail) à Hannover, avec son pavillon spectaculaire qui a donné son nom à un établissement moderne, est issu de l’entreprise d’un confiseur grison de Silvaplana, ouverte en 1795, qui est devenue plus tard la confiserie de la cour de Ernest Auguste, roi de Hannover. Amour éternel: Café et pâtisseriesA Berlin, la confiserie Josty, fondée en 1796 par quatre Grisons de Sils, Bever et Ftan, située en dernier sur la place de Potsdam, a également été un endroit où se sont réunis artistes et écrivains. Les gigantesques dioramas en sucre, massepain et chocolat exposés à Noël, éclairés de façon spectaculaire, ont attiré les visiteurs. Les scènes représentées allaient de l’enlèvement des Sabines jusqu’à l’incendie de Rome. Aujourd’hui ils seraient certainement mentionnés dans le Livre des records de Guinness. Limités à l’étrangerhh. Bien qu’aisés, les confiseurs et cafetiers revenus au pays, ayant fait des investissements et ayant construit des maisons magnifiques, ont causé des effets secondaires. Leur penchant pour le luxe, dont ils eut pris l’habitude à l’étranger, eut aussi des effets négatifs et amena la décadence des mœurs. Pour cette raison, ceux qui étaient restés au pays, appelaient les cafetiers émigrés de façon à la fois péjorative envieuse, les taxant de «vendeurs d’eau chaude». Les confiseurs étaient moins concernés par cela. En effet, ils avaient meilleure réputation, car ils avaient fait l’apprentissage de leur métier. |