Le droit à l’autodéterminationUne petite commune montagnarde veut rester autonomeInterview d’Andrea Nold, président de la commune de Conters, dans le Prättigau (Grisons) Horizons et débats: Lors de l’assemblée communale de Conters du 11 décembre 2009, la question de la fusion de la commune a été débattue. Quelle en était la raison? Andrea Nold: Dans le canton des Grisons, comme partout ailleurs, il est beaucoup question d’assainissement structurel politique. Aussi le canton encourage-t-il les fusions de communes par d’importantes aides financières uniques et des conseils. De plus, il y a la pression exercée par un projet d’initiative socialiste «50 communes, c’est assez». (Aux Grisons, il y a presque 200 communes). Je ne comprends pas qu’un parti puisse s’engager en faveur d’une réforme qui vise finalement à démanteler la démocratie. Pour moi, la démocratie, c’est que les citoyens expriment leur volonté et que le pouvoir politique applique les décisions prises. Deux conceptions s’opposent: une structure qui permet aux citoyens le plus de participation possible et une autre où l’on impose les choses d’en haut. On ne pèse pas le pour et le contre à différents niveaux. C’est de cela que nous avons débattu ouvertement au Conseil communal et maintenant nous savons ce que pensent les citoyens. Cela nous permet de prendre clairement position dans les discussions avec les communes environnantes et le Canton. C’est d’autant plus important qu’il y ait dans notre vallée plusieurs projets de fusion. Les partisans des fusions prétendent qu’on ne trouve pas de citoyens pour assumer les fonctions politiques et les charges administratives bénévoles. Qu’en est-il dans votre commune? Nous n’avons en général aucun problème pour pourvoir les charges politiques de manière satisfaisante. A mon avis, cela tient au fait que les habitants s’identifient avec la commune et qu’ils acceptent et soutiennent les autorités. La politique partisane ne joue pas de rôle dans nos autorités. La motivation réside dans la volonté d’assurer au village une bonne qualité de vie, politiquement, socialement et en ce qui concerne les infrastructures. Dans une petite commune, il y a relativement beaucoup d’habitants qui sont intégrés dans les processus politiques, ce qui a comme avantage que les responsabilités sont largement partagées. Comment trouvez-vous les gens pour les diverses tâches de la commune? Cela passe par les contacts personnels. On connaît les gens et leurs qualités. Ainsi, la plupart du temps, on ne manque pas de propositions. Toute personne qui prend en charge une tâche la remplit selon ses capacités. On prétend aussi que les fusions de communes sont moins chères pour les contribuables. Cette affirmation a déjà été mise en doute officiellement. Elle ne vaut guère pour notre commune. Avec une fusion, la bureaucratie augmenterait et, avec des fonctionnaires qui ne connaissent pas la situation dans le village, cela coûterait certainement plus cher. Quels sont les avantages pour votre commune si elle préserve son autonomie? Qu’en espérez-vous? La petite structure permet aux habitants de s’investir et d’organiser eux-mêmes leur patrie politique, leur espace de vie, afin d’en préserver la qualité. Il y a là un échange qui valorise les individus. Comment la jeunesse s’identifie-t-elle avec la commune? C’est une question difficile. Dans des discussions, les jeunes se disent attachés à la commune et en sont fiers. Ces dernières années, ils ont pu, grâce à une mobilité plus grande, étendre leurs activités sur un plus grand espace. Il est cependant difficile de savoir ce que l’avenir nous réserve et combien de jeunes resteront dans la commune. Cette communauté forte et authentique va, à mon avis, conserver son attrait. Que ferez-vous si les communes alentour fusionnent et que le canton augmente la pression? Je ne sais pas encore comment nous réagirons. Mais ce que je désire, c’est un débat ouvert sur toutes les conséquences des fusions. Tant que le problème sera envisagé uniquement sous l’aspect des avantages administratifs et que l’on occultera tous les inconvénients qu’apporterait une fusion, j’essayerai de faire valoir les vues et les demandes de notre commune. Nous n’abandonnerons pas le champ de bataille sans nous battre. Ce qui sera décisif pour notre stratégie sera de savoir comment d’autres communes du canton réagiront à cette perte d’autonomie. |