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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2011  >  N°41, 17 octobre 2011  >  «L’éducation ne peut pas être déléguée à l’Etat» [Imprimer]

«L’éducation ne peut pas être déléguée à l’Etat»

Interview de Karin Keller-Sutter, conseillère d’Etat

thk. Les émeutes violentes de jeunes et de jeunes adultes cet été à Londres et dans d’autres villes anglaises ont fait la une des médias. Décontenancé, le public a réalisé le potentiel de vandalisme qui est devenu évident. Il ne s’agissait pas d’une révolte d’un milieu défavorisé souffrant de privations, mais d’enfants bourgeois privilégiés, qui ont été incités au vandalisme et au pillage par Facebook et Twitter par on ne sait qui. A peine quelques semaines plus tard, on retrouve une image semblable dans le centre ville de Zurich. De nouveau de jeunes adultes et des jeunes, qui laissent libre cours à un vandalisme insoupçonné sans aucune raison – guidés par SMS au lieu voulu. La semaine dernière un arbitre a pris une décision courageuse pendant le derby local zurichois. C’était la première fois en Suisse qu’un arbitre devait arrêter un jeu à cause d’une émeute violente dans le stade. Ces événements remuent et réclament des réponses. Horizons et débats a demandé à la conseillère d’Etat de Saint-Gall, Karin Keller-Sutter, département de la sécurité et de la justice, où elle voit les causes de cette violence et quelles sont les mesures à prendre.

Horizons et débats: En rapport avec les troubles en Angleterre il se pose la question de savoir comment l’on peut empêcher qu’une partie de la jeune génération grandisse sans rapport avec les tâches sociales de la société. Que l’Angleterre ne soit pas la seule cause, cela s’est démontré à Zurich samedi dernier. Il est vrai que cela n’a pas encore une telle dimension, mais la violence a dégénéré en peu de temps. Pour qu’une telle situation ne puisse pas se reproduire, tous les membres de la société doivent jouer leur rôle. Comment voyez-vous cela fondamentalement?

Karin Keller-Sutter: Bien sûr, la société toute entière en porte la responsabilité. Il y a aussi en Suisse le phénomène que certaines minorités ne savent plus gérer la liberté dans notre société. Je pense par exemple aux «agitateurs d’événement», qui assaillent Zurich, mais aussi aux personnes qui suscitent la violence autour des événements sportifs. La violence ne peut jamais être tout à fait empêchée dans une société. L’important, c’est que les minorités, qui revendiquent pour elles toute liberté, ne génèrent pas un développement qui restreint la liberté de tous les citoyens.

Quelle est selon vous l’importance du milieu familial et de l’éducation? Quel est leur rôle dans ce rapport?

L’éducation, c’est à dire l’attention, le temps qu’on passe avec les enfants, a de toute évidence une grande importance. Le professeur Killias a fait une étude dans le canton de Saint-Gall, selon laquelle les parents aui assignent des limites claires, qui savent où leurs enfants passent leur temps libre et qui leur donnent des règles horaires strictes, ont des enfants moins menacés que les enfants auxquels les parents ne s’intéressent pas.

Comment un jeune adulte trouve-t-il sa voie afin de pouvoir devenir une partie porteuse de notre société? Quel est le devoir de l’école et de la formation dans ce contexte?

L’école et la formation sont des appuis et des aides d’orientation importants. Ils stimulent les adolescents et donnent un sens à leur recherche. Qui a le sentiment de disposer d’un certain savoir-faire, qui se sent estimé et demandé, trouve son chemin plus facilement et développe aussi la conscience de soi.
En plus du développement personnel d’un jeune adulte, il faut toujours garder à l’esprit que la jeunesse doit se considérer partie prenante de la société, dans laquelle elle a des devoirs à assumer et des responsabilités à prendre. Comment notre jeunesse peut-elle devenir un partenaire constructif, qui ne se laisse pas manipuler par Facebook et Twitter ni abuser pour des actions louches?
Ici, les parents ont aussi un rôle important. Les nouvelles technologies et les moyens d’informations nouveaux appartiennent à notre société. Cependant, il faut en trouver un maniement raisonnable. Je me souviens que la télé était presque «diabolisée» dans ma jeunesse et que l’on croyait que la «première génération télé» ne deviendrait rien de bon. De leur côté, l’école et la police offrent aussi des cours pour un maniement raisonnable d’Internet et en démontrent les dangers.

Comment et où voyez-vous le rôle de la politique?

La politique donne le cadre et entre en action quand il y a des infractions à la loi. L’éducation ne peut cependant pas être déléguée à la politique ou à l’Etat. Avoir des enfants signifie prendre conscience de sa propre responsabilité et l’assumer.

Merci beaucoup pour cet entretien.    •