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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2009  >  N°29, 27 juillet 2009  >  La réintroduction des grands carnassiers réduit l’espace vital de l’homme [Imprimer]

La réintroduction des grands carnassiers réduit l’espace vital de l’homme

Les loups font des ravages en Suisse – le Conseil d’Etat valaisan demande un changement du «Plan loup»

Depuis les années 70 du XXe siècle, on constate, particulièrement en Europe, une conscience accrue de l’environnement. Dans cet engagement, tout d’abord, la préoccupation légitime sur l’avenir de la terre et par conséquent de l’homme a été primordiale. Mais il s’est avéré que les soucis quant à l’homme ont été instrumentalisés pour en tirer profit au niveau politique. Aujourd’hui, le salut de l’homme n’est plus sur le devant de la scène, mais il s’agit de poursuivre, sous le camouflage de la protection de la nature et de l’environnement, des buts qui relèvent de la politique de force. Dans cette perspective-là, la réintroduction de grands carnassiers tels que l’ours, le loup et le lynx apparaît sous un jour entièrement différent. Il s’agit en effet de réduire, dans certaines régions, la civilisation en tant qu’acquis positif de l’action humaine et de préférer le bien-être de quelques espèces d’animaux, particulièrement celui du loup, au détriment des valeurs issues de l’exploitation agricole et des soins du paysage. Ce n’est plus l’homme qui doit être protégé des animaux féroces qui envahissent son domaine, mais ce sont certaines espèces d’animaux qui sont devenues prioritaires. Nombreuses sont les régions dont les habitants et leurs animaux de rente souffrent de la réintroduction artificielle de grands carnassiers encouragée par des organisations écologistes et certains politiciens.

thk. Tous ceux qui ont lu les quotidiens suisses du 16 juillet sont tombés inévitablement sur les reportages en images des jeunes loups du zoo de Zurich. Sur de grandes photos, et ceci pas seulement dans les quotidiens gratuits, les louveteaux sont présentés en train de se masser mutuellement les oreilles ce qui éveille automatiquement la sympathie des lecteurs. Les loups dans leurs enclos ne constituent aucun danger, ne causent pas de dommages et ne posent guère de problèmes. Quiconque oserait s’y opposer? Mais là, il ne s’agit guère d’un simple reportage concernant le zoo de Zurich, mais plutôt d’une campagne de communication orchestrée dans le but d’augmenter l’acceptance dans la population de la réintroduction des grands carnassiers.
La veille, la radio suisse alémanique DRS a relaté que dans le canton de Fribourg, au cours du mois de juin, 18 moutons avaient été tués par un loup et que la Direction des institutions, de l’agriculture et des forêts du canton recommande de prendre des mesures de protection appropriées, formule assez floue. Le même loup a fait des ravages, dans le canton de Berne, sur 8 autres moutons. En une seule nuit le loup a attaqué les 8 moutons, donc beaucoup plus que nécessaires à sa survie. Dans ces cas-là le loup ne tue pas ses proies mais leur inflige de graves blessures pour les immobiliser. Ainsi ils sont condamnés à mourir lentement dans des conditions lamentables tout en offrant ainsi une source de viande fraîche au loup qui reviendra, les jours suivants.
Depuis des semaines, le loup hante aussi le Bas-Valais. Depuis la mi-mai on compte 43 moutons attaqués et 13 animaux disparus. Les tueries se sont produites surtout au Val-d’Illiez. Selon un reportage paru dans «Le Nouvelliste», le 23 juin, le loup a attaqué un mouton en plein jour tandis que le berger ne se trouvait qu’à cent mètres de distance. Quand on a finalement réussi à faire fuir le carnassier, il s’est retourné à plusieurs reprises pendant sa fuite comme s’il voulait se rendre compte si on le pourchassait toujours. Quant à la biologiste de l’Office agricole du canton du Valais, Christina Cavalera, elle estime que «le loup s’est habitué à la présence de l’homme». Elle ne croit pas à sa réintroduction naturelle, ce qui trouve toute sa justification dans le fait que l’animal manque de toute timidité envers l’homme. Cette vue va de pair avec la présomption de Jürgen Rohmeder, secrétaire de l’«Association pour la défense contre les grands carnassiers» et auteur du livre très intéressant intitulé «Un loup contre 50 moutons – la protection des espèces contre la protection des animaux». Il y défend l’hypothèse, étayée par un grand nombre d’indices, (cf. Horizons et débats no 21 du 1er juin) que le loup n’a pas pris de son gré la direction de la Suisse, mais qu’on l’y a déposé pour ainsi forcer sa réintroduction. Si le loup montre si peu de timidité envers l’homme, il constitue également un danger pour les randonneurs et touristes qui peuplent ces contrées.
Ce n’est pas uniquement en Suisse romande mais aussi dans plusieurs cantons de Suisse centrale que le loup devient un problème grandissant pour les éleveurs de moutons et de chèvres. Selon l’OFEV (Office fédéral de l’environnement), à part l’existence de l’ours qui continue, semble-t-il, à s’approcher de nouveau de l’Engadine et la réintroduction forcée du lynx, cinq à huit loups vivraient en Suisse. Les dégâts parmi les animaux de rente sont considérables et dépasseront bientôt la centaine de victimes. Or, les défenseurs des espèces prennent une attitude très claire. Pour eux ce ne sont pas les grands carnassiers qui constituent un problème, mais l’homme doit être contraint de vivre ensemble avec eux. Face aux animaux de rente attaqués, les paroles du chef du Plan loup, Jean-Marc Weber, ne manquent pas de cynisme quand il déclare, comme mercredi passé à Zernez, que le loup trouve, en Suisse, une table bien fournie – le quart de sa nourriture se compose d’animaux de rente – ce qui est suffisant pour qu’il s’acclimate chez nous. Mais c’est «l’attitude de la population» qui sera décisive. Weber part de l’idée qu’à l’avenir davantage de loups s’installeront en Suisse et mentionne que l’exode rural des habitants des Apennins a favorisé l’expansion du loup.
La réintroduction du loup, de l’ours et du lynx vise-t-elle à faire abandonner par leurs habitants les régions de montagnes qui sont prétendument trop chères pour assurer les infrastructures nécessaires? S’agit-il de mettre la main sur les réserves d’eau de la Suisse? Va-t-on vider ces régions en faveur de riches investisseurs, comme à Andermatt, afin d’y construire plus tard des résidences de vacances pour les super-riches qui pourront y développer de nouveaux plans de domination loin du bas peuple?
S’agit-il de priver les hommes de leurs traditions qui sont liées particulièrement à la vie montagnarde?
Les autorités valaisannes – qui n’ont pas encore donné leur aval officiel à la chasse au loup – critiquent le Plan loup de l’OFEV qui présente selon elles divers points faibles. Elles se heurtent entre autres à l’idée de doter les troupeaux de chiens de garde disant qu’elle est porteuse d’un potentiel accru de conflits et de risques. C’est précisément dans les régions de haute montagne qu’on courra le danger que ces chiens prennent des randonneurs paisibles pour une menace du troupeau ce qui pourra provoquer une attaque si ceux-ci ne se retirent pas aussitôt. Dans les Alpes où les troupeaux occupent de vastes terrains, il faudrait une multitude de ces chiens de protection, multitude qui n’existe pas encore et qui sera très coûteuse. En plus, d’autres animaux des Alpes tels que les marmottes souffrent de ces chiens, ce qui provoque l’abandon de leur habitat naturel. A toutes ces charges sur le dos des propriétaires s’ajoutent encore les coûts et le règlement des responsabilités au niveau du droit civil. Jacques Melly, conseiller d’Etat valaisan, dit être particulièrement préoccupé du fait que les loups ne craignent plus l’homme et qu’ils surgissent dans des régions habitées.
C’est pour ces raisons-là que le Conseil d’Etat valaisan a demandé aux autorités fédérales d’entamer «une modification urgente du Plan loup». Celui-ci devrait tenir compte des intérêts des éleveurs d’animaux de rente qui ne sont pas responsables de la présence du loup. Sans pâture en haute altitude, les Alpes retourneront à l’état sauvage.     •

Une simple modification du règlement de la chasse résout le problème:
Il y a donc de bonnes raisons d’introduire un autre ordre politique à propos des pâturages:
• L’élevage et la chasse bénéficient d’une priorité vis-à-vis de la protection des espèces des grands carnassiers.
• La protection des espèces sera partagée en deux classes selon leur utilité pour l’environnement:
– des espèces utiles et nécessaires comme par exemple des espèces menacées, des insectes indispensables pour la pollinisation et
– des espèces souhaitées par une partie de la population pour des motifs esthétiques et sentimentaux comme par exemple les grands carnassiers européens.

cf. Horizons et débats, no 17 du 4/5/09