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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2009  >  N°34, 31 aoÛt 2009  >  Le projet de loi d’accompagnement du Traité de Lisbonne est d’une insuffisance totale [Imprimer]

Le projet de loi d’accompagnement du Traité de Lisbonne est d’une insuffisance totale

L’«Alliance contre le Traité de Lisbonne» exige que le peuple se prononce et en appelle à une manifestation à Berlin

par Karl Müller

Le 18 août, les groupes parlementaires allemands des partis chrétiens-démocrates (CDU/CSU) et social-démocrate (SPD) du Bundestag se sont entendus quant au projet d’une nouvelle loi d’accompagnement de la loi d’approbation du «Traité de Lisbonne». Cette loi d’accompagnement règle les droits et devoirs du Bundestag et du Bundesrat (Conseil des Etats) lors des démarches de prises de décisions dans l’Union européenne; elle est impérative du fait que l’article 23 de la Loi fondamentale soumet les démarches de l’Allemagne à sa participation à l’Union européenne à des conditions en mettant particulièrement en valeur les droits et devoirs du législateur.
Il fut important d’adopter une nouvelle loi d’accompagnement du fait que la Cour constitutionnelle allemande avait déclaré fin juin que la loi d’accompagnement prévue jusque-là était contraire à la Constitution et que, étant donné le «déficit démocratique structurel» de l’Union européenne constaté par le tribunal, il était nécessaire d’exiger de la part du législatif allemand, donc du Bundestag et du Bundesrat, plus de droits et de devoirs de participation.
A la suite de la décision des juges de la Cour constitutionnelle, il fut exigé notamment de la part de membres de la CSU et du parti Die Linke, de la prendre comme base d’interprétation du Traité de Lisbonne. Cela allait d’ailleurs de soi étant donné que la Cour constitutionnelle fédérale décide en dernière instance de tout ce qui est encore recevable au niveau constitutionnel en Allemagne.
De plus, la CSU avait exigé de soumettre aussi au peuple allemand toutes futures modifications importantes des traités de l’UE. Ce qui devrait également aller de soi dans une démocratie, dont la Constitution stipule: «Tout pouvoir d’Etat émane du peuple. Le peuple l’exerce au moyen d’élections et de votations […].» (Art. 20-2, Loi fondamentale. Mise en relief par l’auteur)
Il est d’autant plus remarquable de constater que ni la CSU, ni le parti Die Linke n’ont pu faire accepter ces exigences. De plus, le SPD entama, une polémique pleine d’arrogance contre le président de la CSU, Horst Seehofer, «ayant décollé comme lion bavarois, pour atterrir comme descente de lit européenne!»
Lors d’un entretien avec la «Neue Osnabrücker Zeitung» du 21 août, l’ancien président du Parlement européen et politicien de la CDU, Pöttering, se permit même de prétendre que l’exigence de la CSU de soumettre la ratification du Traité de Lisbonne à la déclaration que le traité ne serait valable que dans l’interprétation de la Cour constitutionnelle était «une fausse piste, tant politiquement que juridiquement».
Pöttering se déclara également opposé à accorder un droit de plainte du gouvernement fédéral allemand et des Länder auprès de la Cour constitutionnelle au cas où l’UE dépasserait ses compétences. A son avis, la possibilité de déposer une plainte auprès de la Cour de justice européenne doit suffire.
Les dirigeants de l’UE tombent le masque. Ils réagissent très agressivement dès que leur pouvoir est remis en question et que leurs projets pourraient être remis en cause. Ils n’hésitent pas à ignorer le droit prononcé par la plus haute instance juridique allemande. On sait d’ailleurs pertinemment que la Cour de justice européenne, sur laquelle s’appuient les dirigeants de l’UE, a jusqu’à présent toujours pris ses décisions en faveur de ces dirigeants, qu’elle a toujours élargi son interprétation des compétences de l’UE et qu’en plus, cette cour de justice, ne jouit d’aucune légitimation.
Le gouvernement allemand a fixé au 8 septembre la décision du Bundestag sur cette nouvelle loi d’accompagnement. Il apparaît clairement que cette nouvelle loi ne changera strictement rien au déficit démocratique de l’UE, mais sera une nouvelle fois une génuflexion devant les dirigeants de l’UE qui ignorent superbement les directives de la Cour constitutionnelle (cf. Horizons et débats n° 30 du 3 août).
Le parti Die Linke a annoncé qu’il déposerait, le cas échéant, une nouvelle plainte constitutionnelle contre la loi d’accompagnement. Malheureusement, le jugement de la Cour constitutionnelle a démontré que ce tribunal n’est pas disposé à respecter ses propres directives – et que la confiance en la plus haute cour juridique du pays ne repose sur rien de solide.
C’est bien la raison pour laquelle des citoyennes et citoyens allemands ont pris eux-mêmes les choses en mains. Le 5 septembre aura lieu à Berlin une manifestation contre le «Traité de Lisbonne». Plusieurs initiatives qui se sont regroupées dans une «alliance contre le «Traité de Lisbonne» appellent à participer à cette manifestation (pour plus d’informations voir sous www.eu-vertrag-stoppen.de et www.volks-initiative.info). On peut lire dans un des textes de l’initiative: «Contre le démantèlement de la démocratie dans le cadre de l’UE, dont le «Traité de Lisbonne» est l’exemple le plus grave, nous exigeons davantage de démocratie directe. L’idée européenne, à laquelle nous tenons, ne peut s’épanouir que par des référendums dans chacun des pays. Les Suisses nous apportent la démonstration depuis 700 ans qu’une extension sur la base de plébiscites rapproche la démocratie des gens et empêche la guerre. Pourquoi ne nous décidons-nous pas à les imiter?»    •

Le parti socialiste ne s’appuie-t-il plus sur la Loi fondamentale?

km. On a pu déduire d’une interview donnée au Deutschlandfunk le 21 août par la vice-présidente du groupe parlementaire socialiste au Bundestag, Angelica Schwall-Düren, que le parti socialiste veut ouvertement s’opposer à la Loi fondamentale allemande, à l’examen par la Cour constitutionnelle de la compatibilité des lois de l’UE avec la Constitution allemande et généralement de la compatibilité des lois de l’UE dans tous les Etats membres.
A la question posée par le Deutsch­landfunk si le parti socialiste allait approuver une demande de résolution du groupe parlementaire chrétien-démocrate (CDU/CSU) exigeant du Gouvernement et du président allemand de faire comprendre clairement à l’UE que le «Traité de Lisbonne» n’est valable que dans l’interprétation de la Cour constitutionnelle, la politicienne socialiste a répondu:
«Certainement pas! […] Avec nous, il n’y aura pas de réserve du point de vue du droit international et nous n’accepterons pas non plus un nouvel examen par la Cour constitutionnelle. […]. Imaginez un peu que les Tribunaux constitutionnels des 27 Etats membres aient tous le pouvoir de décider si certaines lois européennes sont soumises aux compétences de l’UE ou non. Cela effrangerait complètement l’UE. Ce serait inviter les autres Etats à s’interroger sur le bienfondé de leurs particularités au sein des traités européens. […] Il ne peut donc se concevoir que les traités conclus correctement du point de vue du droit international, ratifiés par les Parlements soient soumis à une interprétation particulière par des tribunaux nationaux.»
La politicienne socialiste ignore ouvertement l’article 20 de la Loi fondamentale, dont le paragraphe 3 stipule: «Le pouvoir législatif est lié par l’ordre constitutionnel.»
Elle viole le droit à l’autodétermination des peuples – et donc les droits humains fondamentaux contenus dans l’article 1 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques.
Et dans quel but?
Il semble que le SPD mise entièrement sur cette UE antidémocratique. Est-ce le modèle pour une «gouvernance mondiale» dictatoriale?