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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2009  >  N°50/51, 4 janvier 2010  >  L’archevêque Reinhard Marx: «Il faut apprendre davantage de la crise financière» [Imprimer]

L’archevêque Reinhard Marx: «Il faut apprendre davantage de la crise financière»

Nous n’avons toujours rien appris de la crise financière et économique. C’est ce que l’archevêque de Munich et de Freising Reinhard Marx a souligné le 17 décembre à Munich. Le président de la Commission pour les questions sociales y a présenté une analyse d’expert commandée par la Conférence épiscopale allemande. Le document s’intitule ainsi: «Auf dem Weg aus der Krise» (sur le chemin hors de la crise). Ainsi, les évêques veulent encourager un débat plus ouvert et plus honnête pour surmonter la crise. L’archevêque déclare dans un entretien avec la Münchner Kirchenradio: «J’ai toujours souligné que la crise doit être un lieu d’apprentissage. Elle est un défi profond pour le rapport entre l’économie et la société dans notre pays, ainsi qu’au niveau global. La crise est un défi, qui selon moi est toujours et encore sous-estimée dans son importance et sa dimension. Et pour cela je suis d’avis qu’il faut continuer et ne pas penser que tout est déjà fini. Au contraire: nous devons essayer vraiment, à très long terme et en tenant compte des pauvres, de prendre des mesures et de réfléchir.» Déjà  à l’assemblée générale à Hambourg, ce printemps, les évêques allemands ont souligné que la crise n’était pas seulement une question de stabilité et d’efficacité d’un système économique, mais surtout une question de justice. L’expert en éthique sociale Reinhard Marx l’a également souligné à Munich:
«Maintenant, nous parlons de la crise économique et financière. De même que nous connaissons la crise climatique. De cette crise, les pays pauvres et les pays en développement sont encore plus touchés que nous et cela à plus long terme. Et ce que nous perdons en argent dans la crise financière et économique nous manque évidemment aussi pour la lutte renforcée contre la crise alimentaire. La famine dans le monde entier et la pauvreté ont en effet augmenté. Nous sommes confrontés à des défis. La crise financière et économique limite nos possibilités d’intervention à cause de la montagne de dettes qui s’est empilée. Celle-ci doit être diminuée le plus vite possible, autrement les autres crises seront encore plus difficiles à surmonter. Et les pauvres devront en supporter les conséquences encore plus que nous.»
Selon Marx, c’est surtout dans ce contexte que l’Eglise s’est chargée du thème de la crise économique et financière. Au fond, l’Eglise s’occupe des gens, surtout de ceux dont l’existence et l’avenir sont en danger.
L’attitude à adopter face à la crise fait donc appel à chacun de travailler en vue d’un équilibre entre l’intérêt personnel et le bien commun, et ne pas sous-estimer la responsabilité individuelle dans le maintien de l’ordre économique. Mais est-ce que cet appel portera ses fruits?
Reinhard Marx: «Je crains déjà qu’on passe trop vite à l’ordre du jour. Nous allons le constater, si nous arrivons à créer des conditions générales pour les marchés financiers par exemple dans le débat sur les primes ou dans la discussion au niveau mondial. Nous sommes loin d’en être au point que j’attendais, lorsque la crise a éclaté l’automne dernier. Sur ce point, nous avons besoin de tels encouragements et de telles interpellations, pour que nous n’arrêtions pas de tirer des leçons de la crise et par conséquent ne passions pas trop vite à l’ordre du jour.»
Selon Reinhard Marx la déclaration n’est pas une lettre pastorale des évêques, mais une recommandation des experts, approuvée et félicitée par la Conférence épiscopale. On espère que cela conduira à des débats publics et que ce sera un soutien. Le secrétaire général Hermann Gröhe (CDU) a déjà apprécié le document de la Conférence épiscopale allemande «Auf dem Weg aus der Krise» concernant la crise financière, comme une «contribution extrêmement précieuse à la discussion». Il offre des points de repère importants pour la politique et l’économie et devrait trouver beaucoup de lecteurs – «non seulement en poli­tique, mais aussi dans les bureaux de la direction de l’économie allemande».    •

Source: Radio Vatican du 18/12/09