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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2008  >  N°25, 23 juin 2008  >  Courrier des lecteurs [Imprimer]

Courrier des lecteurs

Ci-dessous nous publions un poème se ­référant à l’article «Le scandale à propos des déchets de Naples», paru dans Horizons et débats, no 23 du 9/6/08

Droit d’asile
Un jeune couple épouvanté
Fuyait la verte Campanie,
Poubelle maudite à ciel ouvert.

Joseph, Marie des temps modernes,
Avec leur promesse de vie
Enceinte de menaces.

Où l’enfant naîtrait-il
A l’assistance publique?
Dans quelle crèche de pitié
Au-delà de Milan, peut-être à Chiasso?
L’âne et le bœuf hélas restés
Dans les prairies vert-de-grisées.
Luce Péclard, 11 juin 2008


Une danse de Saint-Gui autour des déchets

Le problème des déchets de Naples a beaucoup occupé les médias et empoisonné – c’est le cas de dire – la vie des Napolitains et des gouvernants italiens. Personne ne semble à même de gérer ce problème dont M. Berlusconi veut, en désespoir de cause, faire une affaire militaire. Car il faut imposer des déponies à ceux qui n’en veulent pas quitte à utiliser l’armée pour cela. La mafia italienne, apparemment responsable de ce bordel, doit bien se marrer. Que faire? Il faut construire des incinérateurs de déchets disent les autorités. En attendant on préconise la prise en charge des déchets napolitains par des usines d’incinération étrangères disposant de capacités suffisantes. Il a même été question de l’usine de Cheneviers à Genève. Combien de voyages de camions pour trimballer ces dizaines de milliers de tonnes de détritus? L’incinération ne résoud d’ailleurs pas vraiment le problème des déchets et en crée de nouveaux. Les gaz de fumée des incinérateurs contiennent des substances très nocives et doivent aujourd’hui être nettoyés par divers procédés. Le résidu de l’incinération et du nettoyage des fumées, constitue de diverses scories, cendres et mâchefers, contient des substances toxiques et ne peut pas être débarrassé n’importe où. Il s’agit de déchets spéciaux pour lesquels il faut bien aussi trouver des déponies adéquates dont la capacité est forcément limitée et qui finiront par se remplir. Et après?
Pendant toute cette agitation autour des déchets, personne n’a évoqué la seule option réaliste, à savoir celle qui consiste à arrêter d’en produire. Produire des déchets n’est pas une fatalité. La nature n’en produit pas car la matière organique, quel que soit son état, a toujours sa place dans un cycle fermé. Il n’y a pas de «déchet organique». Il s’agit là d’un oxymore, d’une contradiction dans les termes. Encore faut-il que l’homme n’empêche pas les cycles naturels de se fermer, comme par exemple en mettant les déjections humaines dans l’eau au lieu de les composter et de les retourner dans le sol. Mais aujourd’hui le système économique est tributaire de la production de déchets pour assurer son existence et sa croissance. On travaille de plus en plus pour l’obsolescence ce qui génère des montagnes d’appareils devenus obsolètes. Un bon exemple est le téléphone portable que l’on jette après quelques mois d’utilisation pour ensuite acquérir le «dernier» modèle. Mais il y a aussi des emballages, les cornets en plastique et autres objets qui deviennent déchets peu après leur production et qu’on retrouve un peu partout, y compris dans l’estomac des poissons.
Bien sûr l’incinération des ordures produit de la chaleur que l’on peut utiliser et l’«écologie industrielle» permet de réduire quelque peu les flux de matière. Mais sommes-nous obligés de produire des déchets pour avoir chaud et de construire des machines et des appareils pour le plaisir de les démonter et de maintenir ainsi des emplois?

Pierre Lehmann, Chernex VD