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Horizons et debats  >  archives  >  2008  >  N°13, 31 mars 2008  >  L’entente entre les peuples au lieu de l’impérialisme [Imprimer]

L’entente entre les peuples au lieu de l’impérialisme

par Fritz Edlinger, secrétaire général de la Société pour la promotion des relations austro-arabes (GÖAB) à Vienne

Un sujet qui domine la politique internationale au plus tard depuis le 11 septembre 2001: l’Islam et le terrorisme international. Longtemps avant qu’il y ait eu des preuves quelconques quant aux raisons véritables de ce crime horrible, on avait déjà en main les analyses et les attributions de culpabilité qui avaient été préparées soigneusement depuis longtemps dans les laboratoires d’idées néoconservateurs de Washington et qui ont été claironnées à tous les vents dans le monde entier.
Déjà à ce moment-là, certains ne pouvaient s’empêcher de penser que pour certaines personnes les attentats contre les symboles de l’impérialisme américain offraient un prétexte bienvenu pour enfin lever la main sur le «terrorisme islamique» à l’aide d’une vaste attaque étendue à l’échelle mondiale. La «croisade contre le terrorisme islamique», comme l’exprime le président des Etats-Unis avec une naïveté ahurissante, a conduit à une guerre jamais connue auparavant contre des Etats et des peuples qui, unilatéralement et sans égard pour les faits et autres détails, sont réputés appartenir à «l’axe du mal». Dans la pleine euphorie du début, peu de gens se sont aperçus que les constructeurs de cette agression d’ampleur mondiale ne s’attardent pas sur des bagatelles comme le droit international et la légalité ou même sur la possibilité de prouver leurs reproches principaux et leurs accusations (on se souvient par exemple de l’affirmation concernant l’existence d’armes de destruction massive en Irak qui s’est avérée peu après être un mensonge non fondé). Les Etats-Unis ont été menés par une vague d’hystérie collective dans une guerre sans pareille dans l’histoire aussi bien au niveau des effets globaux, des coûts que du nombre de victimes à long terme. Le reste du monde s’est soit joint à cette agression brutale soit s’y est opposé seulement à contrecœur.
Aujourd’hui, presque sept ans après, nous savons que cette politique de cowboys aventureuse, établie par des bureaucrates siègeant à Washington et exécutée par des hommes de main résidant à Londres ou ailleurs, n’a pas seulement poussé le système juridique international au bord de l’abîme, englouti des sommes inimaginables, déclenché au Proche- et Moyen-Orient une course aux l’armements extrêmement onéreuse et dangereuse, coûté la vie à des millions d’êtres humains, mais elle a également provoqué le danger réel qu’un conflit culturel et religieux s’étende dans le monde entier. Certains signes indiquent que cette politique selon le principe de la «selffulfilling prophecy» a produit beaucoup de ces menaces que l’on voulait soi-disant combattre, respectivement a favorisé leur propagation. Dans d’autres circon­stances, les Etats-Unis ne voyaient pas d’inconvénients au fait de créer eux-mêmes des organisations terroristes islamiques ou d’utiliser celles-ci pour leurs propres intérêts impérialistes (cf. l’exemple d’Afghanistan).
La grande majorité des êtres humains vivant dans le monde islamique se sent donc menacée et spoliée de son avenir par une politique de pouvoir américaine (occidentale) visant exclusivement la réalisation de propres intérêts politiques et économiques. Cela s’exprime depuis des années dans de nombreux sondages représentatifs. Cela ne passe pas inaperçu qu’une majorité croissante de personnes en Orient rejette cette politique brutale et hypocrite et qu’elle soit très critique face à la politique indécise et contradictoire de leur propre élite dirigeante. Dans ce contexte, l’une des principales devises de George W. Bush affirmant vouloir apporter la démocratie et la liberté aux peuples du Proche- et Moyen-Orient est interprétée comme un cynisme provocateur.
Le fait que la politique impérialiste des Etats-Unis soit également contestée en Occident et par une grande partie de la population donne à espérer. Il est inquiétant, regrettable et voire même révoltant que contrairement à l’opinion de beaucoup de gens en Occident – ici je pense avant tout à l’Europe – de nombreux gouvernements, par une fausse compréhension du principe de loyauté et de fidélité envers l’alliance de l’OTAN, ou aussi par lâcheté et par peur du conflit, ne s’opposent pas énergiquement à cette politique aventureuse. Les médias internationaux jouent ici – à quelques exceptions près – malheureusement un rôle essentiel. Ceux-ci se sont joints à la campagne internationale venant des médias «mainstream» américains visant à diaboliser l’Islam et à légitimer la politique antiterroriste des Etats-Unis, et même à renforcer et à propager celle-ci.
Le fait que l’auteur du présent article [respectivement les trois auteurs figurant sur la brochure ci-contre] n’appartient pas à «la gauche intellectuelle ordinaire suspecte» mais soit un ancien membre de l’establishment américain rend ses analyses et ses reproches d’autant plus intéressants.
Finalement, il me reste l’espoir que de plus en plus d’êtres humains, aux USA ainsi qu’en Europe, se détournent de la politique brutale et en fait contre-productive des Etats-Unis impérialistes et de leurs alliés et se consacrent à une politique s’engageant pour le droit international, pour le principe de l’égalité des êtres et des peuples de la terre et pour la démocratie dans le monde entier.    •

Source: GÖAB-Materialien, N° 65, février 2008
(Traduction Horizons et débats)