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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2013  >  N°7, 18 février 2013  >  L’intervention française au Mali – et après? [Imprimer]

L’intervention française au Mali – et après?

par Albert A. Stahel, Institut d’Etudes stratégiques, Wädenswil

Le 11 janvier, sur instruction du président Hollande, l’intervention française au Mali a commencé. Soutenu par 12 avions de combat, le corps d’intervention de 3700 hommes (troupes au sol, y compris des parachutistes de la Légion étrangère) a reconquis pas à pas les villes et les sites les plus importants du Mali. Maintenant les troupes ont aussi atteint la ville Kidal dans la partie nord du Mali. Les Français ont été accompagnés par l’armée malienne, dont le seul succès jusqu’à présent a été le meurtre de Touareg sans armes. Une soldatesque donc, qui ne mérite pas son nom, compense son incapacité militaire par des actes de vengeance contre des hommes sans défense. Hollande a laissé entendre lors de sa visite à Tombouctou que les contingents des Etats de l’Afrique occidentale devraient maintenant remplacer les Français et rétablir définitivement la paix dans le pays. Quelles réflexions ont bien pu déterminer cette décision du président français, après que l’intervention de ses troupes ait été couronnée de succès? Probablement qu’il y en a trois.
D’abord, il y a les combattants islamistes d’Ansar Dine, un groupuscule d’AQMI (Al-Qaïda au Maghreb islamique), qui ont évité le combat armé avec les Français et se sont probablement retirés dans la montagne du Sahara (Adrar des Ifoghas). Dans cette région difficile d’accès, ils mèneraient une guerre de guérilla contre les Français qui causerait à ces derniers des pertes amères qu’ils avaient pu éviter jusqu’à présent. Hollande ne pourra pas se permettre une guerre de guérilla de longue durée et ainsi la perte de sa popularité gagnée par l’intervention jusqu’à présent. Il n’est pas prêt à accepter une telle dégradation de son image en ces temps difficiles de crise économique en France.
La deuxième réflexion tient compte des relations jusqu’à présent intactes de la France avec les Touareg et ainsi avec leur mouvement MNLA, qui s’était battu avant leur éviction par les islamistes pour l’indépendance du nord du Mali, et qui l’avait aussi presque atteinte. Déjà du point de vue territorial, l’appartenance du nord à l’Etat artificiel du Mali est une aberration géographique. Il s’y ajoute maintenant aussi la frontière ethnique qui sépare la population du nord de celle du sud. Le nord est peuplé par les Touareg de l’ethnie des Berbères, qui dominent le Sahara avec leurs caravanes depuis des milliers d’années. Si la France se faisait des Touareg des ennemis, les investissements français jusqu’à présent en Afrique du Nord seraient aussi en danger. S’y ajoute à présent la connaissance que la soldatesque malienne n’est capable de rien d’autre que d’assassiner des innocents. L’ancien Mali ne peut sûrement pas être rétabli par des bandits. Donc, il est plus intéressant pour la France de s’arranger avec les Touareg en acceptant une autonomie partielle du nord du Mali.
La troisième réflexion se rapporte aux relations de la France avec l’Algérie. Les dirigeants à Alger veulent, à partir de leurs expériences depuis des années dans le combat contre des islamistes, éviter que la guerre malienne gagne leur territoire. Le premier signal d’un tel danger a été l’occupation du champ de gaz algérien. Les généraux algériens veulent éviter en toutes circonstances un conflit permanent avec les islamistes d’AQMI et les séparatistes des Touareg sur leur territoire. Un tel conflit pourrait mener à des interruptions des livraisons de gaz à destination de l’Europe et ainsi à la perte de revenus absolument nécessaires, avec lesquels on peut tenir en respect la jeunesse au chômage du pays. De même la France, qui déjà en raison des livraisons de gaz est dépendante des bonnes relations avec les dirigeants algériens, n’est pas intéressée à un tel développement. Une relation correcte avec l’Algérie a priorité sur les intérêts face aux dirigeants au Mali qui se sont avérés jusqu’alors peu fiables.
Après l’expulsion d’Ansar Dine de leur position de pouvoir au Mali, Hollande mise sur une sorte de modus vivendi qui maintienne les bonnes relations de la France avec l’Algérie, garantisse le gain de pouvoir atteint au Mali et tienne ainsi en respect d’autres actes de vengeance de la soldatesque malienne contre les Touareg. En même temps, Hollande évite ainsi une atteinte à sa popularité en France. Tout au plus a-t-il le danger de n’atteindre, par sa décision, qu’une petite pause pour respirer. Entretemps, d’autres groupes en Afrique du Nord pourraient s’être approvisionnés dans l’arsenal d’armes de Libye, hors de contrôle depuis la mort de Kadhafi.    •
(Traduction Horizons et débats)

Sécurité et forces armées

Clinton admet: les événements au Mali sont le résultat du changement de régime en Libye

Les événements au Mali constituent une suite logique de l’insurrection en Libye qui a abouti à la chute du colonel Mouammar Kadhafi, a reconnu mercredi la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton dans un discours au Sénat.
«L’instabilité au Mali est le résultat du coup d’Etat effectué par des militaires, ainsi que par des Touareg qui ont longtemps été utilisés comme mercenaires par Kadhafi», a déclaré Mme Clinton, ajoutant qu’après la chute du dirigeant libyen, ils avaient mis la main sur d’énormes stocks d’armes et de munitions. «Parallèlement, Al-Qaïda a aménagé un camp dans le nord du Mali», a-t-elle ajouté.
La cheffe de la diplomatie américaine a souligné que les Etats-Unis et leurs alliés s’efforçaient de rétablir le contrôle de la situation dans le nord du Mali. «Il ne fait aucun doute que les terroristes ont utilisé en Algérie des armes provenant de Libye. Il ne fait aucun doute que les extrémistes utilisent au Mali des armes de même provenance», a affirmé la secrétaire d’Etat américaine.
Auparavant, les services secrets américains avaient déclaré à maintes reprises que la série de «révolutions arabes» de ces derniers temps avait provoqué l’extension du terrorisme et de l’extrémisme en Afrique du Nord.

Source: RIA Novosti du 23/1/13