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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2012  >  N°13, 2 avril 2012  >  Comment quitter l’Afghanistan? La Russie examine des accords avec les USA et l’OTAN [Imprimer]

Comment quitter l’Afghanistan? La Russie examine des accords avec les USA et l’OTAN

Le retrait ordonné serait important pour repousser la propagation du terrorisme et des drogues illégales d’Afghanistan

Le 14 mars, le ministre russe des Affaires étrangères déclarait qu’un nouvel accord permettant l’utilisation d’une base aérienne russe aux Etats-Unis et à ses alliés de l’OTAN pour le transit de troupes et de biens militaires serait un soutien pour la propre sécurité de la Russie.
Sergej Lawrow a dit que le gouvernement russe débattrait prochainement d’un plan qui permettrait aux USA et aux autres Etats de l’OTAN l’utilisation de la base aérienne de la ville d’Uljanowsk au bord de la Volga. Une autorisation de l’accord pourrait de nouveau améliorer les relations russes avec les Etats-Unis, lesquelles ont été de plus en plus chargées par les plans de Washington de stationnement d’un bouclier antimissile en Europe et par la crise syrienne.
Moscou a mis à la disposition des USA et des autres Etats membres de l’OTAN des couloirs aériens et des liaisons ferroviaires pour le transport vers l’Afghanistan et en retour. Le nouvel accord permettrait aux membres de l’Alliance, pour la première fois, d’aménager un centre de logistique pour les troupes et le fret sur le territoire russe.
Lawrow a soutenu énergiquement un tel accord disant que le succès de la mission de l’OTAN serait essentiel pour repousser la propagation du terrorisme et des drogues illégales d’Afghanistan vers les pays d’Asie centrale, autrefois soviétiques, et vers la Russie.
Lawrow a déclaré à la Douma, la Chambre législative russe, ce qui suit: «Il est dans notre intérêt que la coalition puisse enregistrer un succès avant sa retraite et qu’elle puisse assurer que les Afghans soient en mesure de défendre leur pays et de garantir un degré suffisant de sécurité». Quelques législateurs ont objecté que l’utilisation de l’installation d’Uljanowsk pourrait mettre en danger la Russie en admettant des troupes étrangères sur son sol.
«Nous voulons que ceux qui repoussent les dangers dirigés contre la Russie accomplissent efficacement leur tâche», a dit Lawrow. «Il est dans notre propre intérêt de soutenir la coalition dans son avancement.»
La porte-parole de l’OTAN, Oana Lungescu, a dit en Belgique que non seulement l’Alliance, mais aussi la Russie profiteraient d’une coopération renforcée dans la question du transit afghan.
«Bien sûr, nous saluons la coopération que nous avons déjà avec la Russie au sujet du transit vers l’Afghanistan et en retour», a-t-elle dit. «Nous sommes contents de renforcer cet accord parce que […] l’OTAN et la Russie ont un intérêt commun pour un Afghanistan stable et sûr.»
Lawrow a dit que l’accord, qui est contrôlé par le gouvernement, permettrait le transit pour les troupes de l’OTAN, mais sans l’autorisation d’y rester.
«Ils ne vivront pas là-bas» a dit Lawrow. Il s’est efforcé d’apaiser les doutes des législateurs et, sans faire des indications plus précises sur l’accord, il a dit que la Russie se réserverait le droit de contrôler le fret.
La semaine dernière, le quotidien russe «Iswestija» a publié des extraits d’une lettre officielle du ministre russe de la Défense, Anatoli Serdjukow, au parlement russe dans laquelle il dit que l’installation serait surveillée par les autorités civiles d’Uljanowsk, ce qui impliquerait aussi des contrôles de douane.
La proposition vient dans un temps de possibilités qui s’amenuisent quant à la fournirure du matériel aux forces armées de la coalition en Afghanistan.
Au début du mois, le ministre américain de la Défense, Leon Panetta, a eu un rendez-vous avec le gouvernement du Kirghizstan pour souligner que l’Amérique aura besoin de l’utilisation de la base aérienne américaine au-delà de l’expiration du contrat en 2014, principalement comme centre de transit de rapatriement des troupes d’Afghanistan.
Les chemins de ravitaillement à travers l’ancienne Union soviétique sont aussi devenus indispensables à cause de cela, parce que le Pakistan a fermé les voies de ravitaillement sur son sol après les attaques aériennes américaines suite auxquelles une série de soldats pakistanais ont été tués. La grande masse du ravitaillement pour les troupes terrestres est exécutée à travers la Russie, le Kazakhstan et par l’Ouzbékistan sur la ligne de train à grande vitesse.
L’«Iswestija» a cité l’analyste proche du Kremlin Wjacheslaw Nikonow avec sa déclaration que l’accord sur l’aéroport russe permettrait à la Russie de demander des services aux USA en contrepartie. Nikonow a déclaré: «Si la Russie fournit un aéroport de transit, elle obtient la possibilité d’imposer ses exigences, ce sera un très bon argument de la politique extérieure.»
Les relations américano-russes ont été chargées dernièrement par le soutien de Moscou au régime syrien et par les plans américains de stationnement d’un bouclier antimissile en Europe.
Washington disait que le bouclier antimissile devrait repousser la menace de fusée iranienne, mais le Kremlin le voit comme une menace de la dissuasion nucléaire de la Russie, et il a exigé des garanties de sécurité de la part de Washington.
«Si les USA ne veulent rien changer à leurs projets, ils devraient donner des garanties crédibles que leurs installations de bouclier antimissiles tout autour de l’Europe ne sont pas dirigées vers nos armes nucléaires stratégiques», a dit Lawrow le mercredi 14 mars. «Si nos partenaires continuent d’ignorer nos intérêts légitimes de sécurité, la Russie devra prendre des contre-mesures respectives dans le domaine de la sécurité.»    •

Source: The Associated Press (AP) du 14/3/12  © 2012 The Associated Press. Tous droits réservés.
(Traduction Horizons et débats)