«Pour permettre aux jeunes de se former et de recommencer à travailler la terre»Patoinos – un projet pour relancer l’agricultureInterview de Josef Zisyadis (2e partie)hd. La Grèce n’a pas (encore) le droit de sortir de l’euro, la crise doit persister. Ce n’est qu’ainsi que la folie des «crédits d’urgence» et les programmes d’austérité qui y sont liés, et qui sont à la charge du peuple grec, peuvent être maintenus. Les grand profiteurs en sont les spéculateurs des grandes banques du monde et les industries de l’armement des Etats-Unis, de l’Allemagne et de la France (cf. «Horizons et débats» no 47 du 12/11/12, p. 2: «Et l’Europe n’a pas honte») qui continuent à extorquer de l’argent des pays de la zone euro pour renflouer leurs caisses. La facture pour les contribuables de ces pays, qui peuvent être obligés à débourser des milliards supplémentaires suite au MES, suivra: davantage d’impôts ou la réduction des pensions et des prestations sociales de l’Etat. Mais ce sera pour après les prochaines élections … Horizons et débats: Vous avez dit, que vous êtes passionné du destin de Patmos depuis plus de 25 ans. Qu’est-ce que cela veut dire? Je suis Grec et Suisse. Mais je suis né à Istanbul, je n’ai pas de parentés en Grèce. Il y a 25 ans, je suis allé par hasard en vacances à Patmos. J’y suis resté. Chaque été, je suis à Patmos. Au début, c’était pour les vacances avec la famille. Plus tard, quand je n’allais plus à la plage, j’étais surpris de voir cette île: une très belle île, mais qui a complètement laissé tomber son agriculture. Pourquoi? C’est clair, parce que le tourisme a tout changé sur l’île. Mais, c’est assez simple de voir que toute l’île était travaillée, il y a 50 ans, tous les petits endroits étaient travaillés, il y a des petits murs partout, et maintenant, il n’y a plus rien. Alors, pour moi c’était clair, évident, que j’allais essayer de trouver un projet pour relancer l’agriculture. Il y a déjà 15 ans. Les travaux pour le projet Patoinos ont déjà commencé? L’année passée, on a planté la moitié des vignes. Après tout, c’est petit, ce n’est pas un grand projet. Il ne faut pas beaucoup de vin sur cette île. D’abord, il n’y a pas que la viticulture, il y a aussi de l’huile d’olives. Il y aura aussi des tomates, il y aura aussi des figues. Bref, c’est un projet agro-écologique d’ensemble pour redonner une image agricole à Patmos. Pour permettre aux jeunes de se former et de recommencer à travailler la terre. C’est pour ainsi dire un contre-point à la mondialisation. Je pars dans un mois pour installer le pressoir qui servira à faire de l’huile d’olives. Il y a 1500 oliviers sur l’île. Depuis des années, ils ne récoltent plus les olives, parce qu’il n’y a plus rien pour faire de l’huile. Alors on va recommencer à en faire. On va inviter les gens à venir faire leur huile. La machine sera là. J’ai trouvé quatre sponsors: 20 000 euros pour acheter la machine, ce n’est pas très cher. Et pour mettre en bouteilles? On fera cela aussi sur place. Nous avons une collaboration avec un groupe écologique, ici dans la région, qui a déjà récolté 800 graines différentes: tomates, aubergines, concombres etc. Donc nous allons faire une banque de graines gratuite. On pourra prendre des graines une année et les rapporter l’année prochaine. Ainsi elles continueront à vivre. Actuellement toutes les graines viennent de Hollande. Ce sont des graines dont on ne sait exactement ce que c’est, elles sont toutes hybrides. Celles que nous avons trouvées dans les îles autour de Patmos, ce sont d’anciennes sortes de graines qui ont été conservées. Ça c’est aussi une partie très intéressante du projet. Cela sert à la souveraineté alimentaire, ainsi on peu éviter la dépendance des grandes entreprises, des multinationales. Oui, tout à fait. Un autre aspect, c’est l’école du vin. On parle beaucoup de viticulture biodynamique, c’est aussi une forme de viticulture spéciale. Alors, je veux essayer de faire de Patmos la première île bio de toute la Grèce. Ce ne sera pas bien compliqué, car il y a seulement nous et les deux familles qui font des légumes. Si j’arrive à les convaincre, nous serons la première île bio de toute la Grèce. Au niveau de l’image, c’est important. Bien sûr que cela représente aussi du travail et cela prend son temps. Dans la vigne, nous avons commencé à travailler avec l’ortie. Les gens ont trouvé cela bizarre. Mais maintenant, les autres commencent à s’y mettre aussi. Cela va venir, tout doucement. Le projet a déjà suscité beaucoup d’enthousiasme dans toute la Grèce. Parce que c’est un projet intéressant pour un futur alternatif. Et puis je suis parti sans argent, je n’ai pas de fortune. On a vendu jusqu’à présent 150 plants de vigne. Nous faisons des soirées de soutien. Bref. Le but c’est de vendre 2000 plants de vigne. Avec 2000, on peut faire une cave et tout est auto-suffisant. Nous vous remercions de cet entretien. • Ce plant de vigne vous attend …Vous pouvez soutenir le projet Patoinos de la manière suivante: Courriel: info(at)patoinos.ch |