Il nous faut de nouveau une armée capable de prévenir les guerres!Appel au peuple suisse et aux parlementaires fédérauxpar Gotthard FrickLa prochaine décision parlementaire concernant le Développement de l’armée (DEVA) fixera les effectifs de l’armée, son équipement, ses missions et son fonctionnement à long terme. Pour cette raison nous, citoyennes et citoyens suisses, nous adressons au peuple suisse et à ses représentants élus à Berne. Une forte Suisse neutre pour négocier et aiderNous nous engageons pour une Suisse ouverte au monde, neutre, sociale et économiquement à la pointe, disposant d’une défense nationale basée sur le système de milice. Celle-ci doit être assez forte pour pouvoir tenir le pays à l’écart de toute guerre avec ses atrocités et ses destructions – comme elle le fait depuis deux siècles. Si nous maintenons réelle cette image de la Suisse, notre pays restera un modèle pour le monde entier comme le pays le plus pacifique, le plus brave, le plus démocratique et économiquement et socialement à la pointe, comme il l’a été jusqu’il y a peu. L’engagement pour un monde pacifique doit continuerComme tous les citoyens et citoyennes raisonnables, nous espérons que l’on réussira à rendre pour toujours impossible la guerre, qui est utilisée comme un moyen alternatif de poursuivre des objectifs politiques. Un grand nombre d’hommes et de femmes s’engagent pour un monde plus pacifique, plus humain et plus social; d’ailleurs, des progrès importants ont déjà été atteints. L’ONU et l’UE, faibles, bienqu’un projet de paix, l’OCDE, mais aussi des organisations pour une vie en paix créées par des puissances au-delà du monde occidental, ainsi que les traités conclus par celles-ci et beaucoup d’autres conquêtes prouvent que l’humanité, en quête d’une paix durable, a déjà atteint de beaux progrès. Nous, et notre pays, soutenons ces efforts, qui sont encourageants, mais ne garantissent malheureusement pas avant longtemps la fin de conflits violents. En Europe, la guerre est également possibleLa longue durée de la paix dans l’environnement européen, ainsi que notre prospérité unique dans l’histoire du monde ont amené beaucoup de Suisses à supposer qu’une nouvelle guerre est exclue, au moins en Europe. Ils ne trouvent plus nécessaire d’assumer les efforts personnels et les coûts nécessaires pour une armée crédible. Nous pensons que c’est une illusion que nous pourrions payer très cher. Le potentiel qui se trouve dans chaque être humain ne comprend pas seulement le côté créateur, constructeur, paisible et humain, mais également le côté destructeur, violent et immonde. Selon les circonstances extérieures, ce côté négatif monte à la surface, se renforce au contact avec des masses d’autres personnes et peut conduire à la guerre et au chaos. Les Etats poursuivent leurs propres intérêtsNous ne devons pas non plus oublier un principe fondamental des relations internationales: les pays n’ont ni amis ni ennemis, ils ont uniquement des intérêts (comme l’a énoncé, il y a 200 ans, le Premier ministre anglais Palmerston et répété le général de Gaulle en 1940). En temps de crise, les Etats imposent leurs intérêts encore plus impitoyablement qu’en temps de paix. Cependant, il faut préciser que pendant ces dernières années pacifiques, nous avons fait quelques expériences assez négatives avec de soi-disant «amis». Il n’y a aucune garantie que la démocratie et ses valeurs soient reconnues par eux. Un nouvel ordre mondial est en train de naîtreUn nouvel ordre mondial est en train de naître. Nous ne savons pas comment il sera fait, mais il est assez probable qu’il remplacera l’ordre qui nous est familier et qui existe depuis plusieurs siècles, celui dirigé par l’Occident. Les phases de transformations vont toujours de paire avec de grandes tensions et des bouleversements, parce que les Etats luttent avec les autres puissances pour leur position, leurs ressources et leurs sphères d’influence. En outre, de nombreux pays revendiquent des territoires que d’autres considèrent également comme les leurs. De surcroit, il existe des tensions ethniques, religieuses et autres qui ont déjà conduit en partie à des éruptions de violence brutales. S’y ajoutent encore des développements profonds dans beaucoup de domaines créant de fortes tensions dans la communauté humaine. Les menaces les plus extrêmes imaginables pour la SuisseSans vouloir prêter des intentions agressives à la Russie, nous rappelons qu’au courant de ces dernières années, ses forces armées ont participé à plusieurs reprises à de grands manœuvres. Chaque fois, on engagea jusqu’à 155?000 hommes, des milliers de véhicules de combat, des centaines d’avions et de grandes forces navales. Ce qui est remarquable, c’est que ces forces armées étaient capables, sans avertissement préalable, d’être prêtes en trois jours et qu’elles furent parfois transportées des milliers de kilomètres pour y être engagées. L’OTAN fut surprise de cette capacité, fait que les plus hauts commandants avouèrent spontanément. Importance stratégique de nos transversales alpines et de nos aéroportsNous devons également tenir compte du fait que notre espace aérien au cœur de l’Europe occidentale, les transversales alpines très performantes et nos aéroports civils et militaires sont d’importance capitale pour l’OTAN en cas de tensions ou de guerre, sans parler de l’importance à long terme de notre économie nationale et de notre réseau de voies de transports pour toutes les puissances. Pour cette raison, un ennemi de l’OTAN mettra tout en haut de sa liste d’objectifs le contrôle des installations d’importance stratégique en Suisse pour empêcher par la force leur utilisation, au cas où nous ne serions pas capables de les défendre nous-mêmes. D’autres scénarios dangereuxIl y a aussi d’autres développements extrêmes imaginables limités à l’Europe. Si par exemple les montagnes de dettes gigantesques s’effondraient ou si l’économie diminuait massivement pour d’autres raisons, surtout comme résultat de l’augmentation du nombre d’habitants en une période de misère matérielle, alors des émeutes violentes généralisées pourraient éclater sur notre continent, des mouvements politiques extrêmes verraient le jour et ci et là des conflits régionaux éclateraient et des hordes de pilleurs traverseraient l’Europe. Bref, on pourrait vivre une situation semblable à celle advenue pendant la guerre de Trente Ans ou celle que nous vivons actuellement au Moyen-Orient. Le grand nombre de personnes d’autres cultures avec des valeurs et des comportements totalement différents vivant déjà en Europe, renforcé par d’autres flots d’immigrants venus d’Etats effondrés, aggraverait encore la situation. Des troupes au sol en grand nombreComme le prouvent les débats actuels au sein des puissances agissant militairement au Moyen-Orient: un adversaire ne peut être vaincu définitivement qu’avec de fortes troupes au sol. Pour se défendre contre une occupation, il nous faut donc une grande armée aussi du point de vue du personnel. Exigences pour la défense nationale suisseNotre armée devra: Vulnérabilité des Etats modernesLes Etats modernes d’aujourd’hui sont extrêmement vulnérables. La Suisse peut être paralysée par les grandes puissances de grande distance sans qu’un seul soldat étranger traverse nos frontières. Une telle campagne a pour but de paralyser un pays sans vouloir s’en servir par la suite pour ses propres intérêts comme les Etats-Unis l’ont fait avec la Serbie. Nous avons cependant un gage: les transversales alpines. Si une quelconque puissance menait une telle guerre contre nous, nous devrions être prêts à les détruire, et ceci d’une telle manière que même une fois la paix revenue, ces transversales ne seraient plus à disposition de l’Europe pendant plusieurs années. On peut partir de l’idée que tout attaquant ayant en vue cette possibilité renoncerait dans son propre intérêt à paralyser notre pays de la sorte. (Lors des plans d’attaques de l’Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale, il a toujours été dit qu’uniquement une Suisse largement intacte serait un «prix raisonnable» pour une attaque.) |