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Horizons et debats  >  archives  >  2013  >  N°15, 29 avril 2013  >  Le soutien du «Mittelstand» correspond à l’économie sociale de marché et représente une alternative au socialisme et au capitalisme [Imprimer]

«La régénération de notre économie de marché, face aux dominations, à l’arbitraire du capital et aux redistributions, doit commencer par l’économie du ‹Mittelstand›, c’est-à-dire une politique économique qui ne mise plus sur les 6% de sociétés de capitaux au sein de notre économie, mais sur les 94% de nos entreprises familiales et dirigées par les propriétaires. Ce sont elles qui forment le fondement de notre marché du travail (66%), qui sont le pilier de nos finances publiques (80%) et de notre Etat social (51%) ainsi que d’une concurrence qui fonctionne encore, le secret du succès de notre économie de marché.»

Le soutien du «Mittelstand» correspond à l’économie sociale de ­marché et représente une alternative au socialisme et au capitalisme

par Eberhard Hamer, juriste et professeur d’économie, Allemagne

L’idée de l’économie sociale de marché en tant qu’antithèse à l’économie de gestion

Selon la tradition de Marx, qui a diabolisé l’entrepreneur en général en tant qu’«exploiteur» et tout bénéfice personnel en tant que «vol» et «profit», tout système socialiste préfère l’économie de gestion centralisée, avec laquelle les fonctionnaires peuvent diriger l’économie selon leurs conceptions, autoriser la production qu’ils jugent bonne et assigner aux consommateurs ce que les fonctionnaires sont d’accord de leur accorder. Pendant la guerre, on a vécu cela dans toute sa dureté, toutes les capacités de production étaient subordonnées à la production de guerre et les consommateurs ne purent obtenir avec les tickets de rationnement que les biens de consommation unitaires pour un approvisionnement minimal.
Après la guerre et la réforme monétaire, on voulut créer un contre-modèle avec l’économie de marché qui terminerait le pouvoir directif des fonctionnaires au sein de l’économie et qui permettrait aux opérateurs économiques de décider eux-mêmes, de ce que chacun voulait produire, combien il voulait travailler et gagner et ce que chacun voulait faire de son revenu. Les contraintes sociales qu’engendre ce système d’économie de marché, basé sur de libres décisions individuelles, résulte de la concurrence: dans une situation de concurrence, une entreprise ne peut réaliser davantage de chiffre d’affaires que si elle travaille mieux ou meilleur marché pour le consommateur que d’autres. C’est finalement le consommateur qui décide des produits et de la production. Dans une situation de concurrence, les producteurs ne font que lutter pour son avantage.
Dans une économie de marché, l’Etat n’a plus de fonction dirigiste, il doit uniquement poser et garantir les conditions-cadres. Ce sont principalement l’égalité des chances et la liberté d’action. La concurrence n’est juste que si elle donne à tout le monde les mêmes chances. Voilà pourquoi l’égalité des chances est pour l’économie de marché tout aussi fondamentale que l’égalité devant la loi pour la démocratie. Les entrepreneurs et les consommateurs doivent pouvoir garder leur liberté d’action et de choix.
Il est entre-temps assez clair que c’est dans la démocratie décentralisée, tout comme dans une économie de marché décentralisée et définie par la concurrence, qu’il est possible d’atteindre la plus grande liberté d’action, la plus grande motivation individuelle des opérateurs économiques et suite à cela la plus grande prospérité possible. En temps de paix, le système de l’économie de marché est supérieur à tout autre système de gestion centralisé. Nous, en tant qu’Allemands, nous lui devons le «miracle économique allemand» des années 50 et 60 ainsi que notre prospérité actuelle.

Limitation de notre économie de marché par l’économie publique

Le «Mittelstandsinstitut Niedersachsen» [Institut du Mittelstand du Land de Basse-Saxe], spécialisé dans la recherche sur la privatisation, a démontré que dans les domaines des prestations exécutées par les administrations ou les organisations publiques elles-mêmes, celles-ci sont en moyenne plus chers d’environ un tiers que si elles étaient exécutées par des entreprises privées. La privatisation est donc une des plus importantes possibilités de rationalisation dans le domaine public.1
La recherche sur la privatisation voit une limite aux avantages de la privatisation dans le domaine public là ou il s’agit de monopoles, parce que les monopoles privés sont encore plus nuisibles que les monopoles publics. Cela exige donc l’interdiction notamment de la privatisation des infrastructures, de l’approvisionnement public en eau, du système monétaire, des monnaies.
En outre, il est vrai qu’en Allemagne, pour des raisons d’idéologie sociale, il y a des domaines qui sont restés en mains des pouvoirs publics bien qu’ils soient organisés au niveau privé dans d’autres pays. Cela concerne entre autres les domaines de la santé, des retraites, des services sociaux parce que les pouvoirs publics croient que c’est plus social d’œuvrer sans faire des profits, même si les offres sont beaucoup plus chères que celles que les entrepreneurs privés pourraient proposer. Le fait que ces domaines continuent à être traités par les pouvoirs publics est dû à des réflexions politiques plus qu’économiques.

Déformation de notre économie de marché par le socialisme

Déjà Ludwig Erhard ne se souhaitait pas de concurrence mortelle au sein de l’économie de marché. Il appela son modèle «économie sociale de marché» parce qu’il voulait bien donné a chacun la chance de réussir, mais en même temps, il était d’avis que l’Etat était obligé de secourir les personnes qui échouaient au niveau économique ou sociétal. C’est la même chose pour les personnes qui perdent leur travail ou celles que ne peuvent plus accomplir pleinement leur travail pour des raisons de santé ou parce qu’ils ont rencontré un malheur en tant qu’entrepreneur. En Allemagne, une telle garantie minimale sociale pour tout le monde n’est plus mise en question au niveau politique.
Mais outre cela, le socialisme de la génération des années 68 ne comprenait l’égalité entre les hommes pas seulement comme l’égalité des droits dans les chances commerciales mais il prétendait que tous les hommes avaient les mêmes droits pour le même bien-être. Dès lors le terme dominant de «justice sociale» a défini presque toutes les revendications de tous les partis politiques. Cependant, on ne s’est pas mis d’accord pour savoir  
•    s’il est socialement juste que chacun puisse profiter lui-même du revenu de ses prestations supplémentaires (libéralisme),
•    ou s’il est permis de retirer aux «personnes gagnant bien leur vie» une partie de leur revenu ou de leur fortune afin de pouvoir réduire la détresse d’autres personnes (partis bourgeois),
•    ou s’il faut offrir par principe à tout le monde le même revenu, la même fortune et les mêmes conditions de vie à l’aide d’une redistribution (socialisme).
Pour amener une correction sociale, il est aujourd’hui tout naturel de grever les personnes avec un revenu ou une fortune élevés d’impôts et de charges sociales élevées, afin de contribuer aux financement de ceux qui ont moins ou rien du tout. Au cours des derniers 50 ans, cela a mené à des redistributions toujours plus massives et plus débridées entre les groupes de population: ce ne sont que 42% des 82 millions d’habitants de l’Allemagne qui exercent une activité lucrative, mais 66,1% de la population vivent entièrement ou en partie de transferts sociaux publics.2 Ainsi, avec le temps, les prestations sociales ont atteint un tel niveau, qu’elles égalent ou dépassent, selon la situation de famille, les rentrées des groupes à faibles revenus.
Alors que ce ne sont que 34% de la population qui vivent des revenus du marché, c’est-à-dire qui dégagent notre produit social, ce sont 37,7% qui vivent en tant que chômeurs, retraités ou employés des services publics des prestations étatiques (transferts). Au lieu que – selon le modèle de l’économie de marché – chacun puisse vivre de sa propre force et de ses propres performances, plus de la moitié de la population vit à l’aide de forces  et de performances étrangères parce que le manque de rendement pour des raisons de «justice sociale» et les performances par redistribution doivent amener le même niveau de vie pour tous. La majorité de notre population ne vit donc plus de leurs propres performances d’économie de marché, mais elle vit, selon les critères de l’Etat social, de ses virements, c’est-à-dire des performances de la minorité travailleuse.
De même, une minorité ne vit plus de son propre travail, mais des bénéfices de ses placements financiers ou des revenus de pointe dans des organisations publiques ou privées, ce qui n’a plus beaucoup à faire avec des performances personnelles mais qui sont définies par les marchés et les pouvoirs financiers.3 Il y a 30 ans en arrière, l’auteur de ces lignes avait déjà analysé que les couches supérieures et leurs trusts encaissaient davantage de subventions publiques que ce qu’ils déboursaient en impôts.4
Le financier de tous ces bienfaits vers le haut et le bas est, à hauteur de 80%, le «Mittelstand» – les couches moyennes travailleuses – qui avec ses impôts et ses charges sociales ne couvre pas seulement les transferts vers les milieux défavorisés, mais aussi les subventions octroyées à la classe supérieure et le financement de tout l’appareil étatique qui ne cesse de croître. Il entend pourtant souvent que la «performance doit être récompensée», mais il réalise chaque jour, que ses prestations ont toujours moins de valeur, qu’il lui reste de moins en moins de marge, que la concurrence face aux grandes entreprises subventionnées et aux concurrents étrangers s’avère toujours plus dure, que les marges bénéficiaires baissent de plus en plus, mais que les politiciens, dirigés par la majorité des bénéficiaires des transferts, inventent toujours de nouveaux impôts, de prestations sociales et de restrictions pour la classe moyenne (impôt sur les successions, impôt sur la fortune, «impôt pour les riches» etc.) ce qui met en danger la pérennité des petites et moyennes entreprises qui forment le «Mittelstand».
La concurrence équitable, nécessaire à toute économie de marché, ne se trouve plus que dans le «Mittelstand», là où il n’y a pas de multinationales ou d’institutions étatiques qui dominent le marché; mais cette concurrence équitable s’est réduite à environ 50% de notre produit social. En réalité, nous ne faisons partie d’une réelle économie de marché plus que dans certains domaines de notre économie – dans ceux de la classe moyenne –, en revanche dans les domaines d’offres de l’Etat (plus de 34%) et des grands groupes (environ 16%), c’est le pouvoir qui compte – et dans le domaine des salariés, on se trouve depuis belle lurette face à un Etat social payeur.
Suite au socialisme, l’économie de marché a dégénéré en une quantité négligeable. C’est toujours à nouveau étonnant que ce reste d’économie du «Mittelstand» soit encore capable de maintenir l’Allemagne en tête de l’Europe et du monde.

Déformation de notre économie de marché par le capitalisme

Notre économie s’est aussi développée vers une dominance du capital international.
D’abord, l’industrie financière internationale a déclaré et imposé la libre circulation des capitaux au niveau mondial, puis elle a imposé, avec la justification d’une fiscalisation internationale égale, l’immunité fiscale du capital international et finalement elle a, à l’aide de ses moyens financiers,
•    racheté et contrôlé plus de 80% des entreprises DAX et de nos grandes entreprises,
•    racheté à l’aide de ses Hedge-Fonds des milliers de nos entreprises, les a en partie démantelées, puis liquidées les parties endettées,
•    infiltré et détruit nos banques et notre économie financière avec des produits financiers louches,
•    pris le contrôle des conditions de marché et du marché financier à l’aide de cartels d’intérêts et de Libor,
•    encouragé des orgies de redistributions de nos collectivités de droit public à l’aide de crédits, ce qui a créé pour nous-mêmes et pour la génération future, un surendettement massif et une dépendance de longue durée envers la haute finance internationale.
Le pouvoir que le grand capital international a déjà gagné sur les marchés de capitaux à l’aide de la presse et la politique, qui lui sont esclaves, se révèle à travers les divers soi-disant plans de sauvetage et le MES (Monstre européen de la dette), suite auxquels l’Allemagne est forcée de porter la responsabilité pour tous les pays membres européens endettés au profit de leurs banques, pour lesquels les citoyens allemands devront, pas seulement aujourd’hui mais aussi à l’avenir, assumer les dettes des Etats et des banques en faillite. Cette omnipotence du grand capital international sur notre pays, sur notre marché financier, nos impôts, nos multinationales, notre politique et le pillage de notre classe moyenne n’a plus beaucoup à faire avec une économie de marché; c’est une dictature du capital international qui va jusqu’à définir de manière détaillée les règles de notre vie.

Les restes de l’économie de marché allemande actuelle

Celui qui saisit les déformations précitées de notre économie de marché par l’économie étatique, le socialisme et le capitalisme, comprendra aussi, pourquoi
•    ce n’est plus notre économie réelle qui est à la base de nos performances et de nos revenus, mais que c’est le secteur financier échauffé, créant sans aucune retenue du nouveau papier-monnaie, qui interfère depuis longtemps avec notre économie réelle et qui définit le semblant de reprise monétaire et nos taux de croissance,
•    ce n’est plus la production, mais les services et prestations notamment de l’industrie financière qui passent pour être le facteur de croissance et qui dominent de plus en plus les domaines économiques,
•    outre le féodalisme social et la dominance des fonctionnaires sociaux sur les sujets sociaux, c’est développé – au-delà des citoyens vivant de leur propre travail – un nouveau féodalisme «capitaliste», un pouvoir financier qui opère à l’aide de l’impression illimitée de papier-monnaie.
Aujourd’hui, ce n’est plus vrai qu’on peut se faire une fortune en étant assidu et en travaillant dur comme dans les années 50 ou 60, parce que toutes prestations supplémentaires sont résorbées de manière disproportionnée par les impôts et les charges sociales. Aujourd’hui, on peut s’enrichir par la spéculation avec des produits financiers réels, pourris ou fictifs qui sont, au niveau international, exonérés d’impôts ou qui bénéficient d’un allégement fiscal et sont donc du coup les plus productifs.
En Allemagne, un salarié avec un revenu moyen coûte à l’entreprise le double de son salaire brut.5
Suite aux impôts et aux charges sociales, le salarié lui-même n’obtient qu’entre 53 et 66% de son salaire brut (selon sa situation de famille). Ainsi, on ne peut vraiment plus s’enrichir avec son travail. Toutes les fortunes à hauteur de millions des dernières dix années sont issues du secteur financier suite à des spéculations financières.
Le modèle de l’économie sociale de marché, c’est-à-dire d’une prestation du marché en faveur du consommateur a été presque entièrement supplanté par une politique de redistribution et par le capitalisme et a pour cette raison presque totalement perdu sa fascination au sein de la population – avant tout  à l’Est, dans les nouveaux Länder.
Alexander Rüstow a raison d’écrire: «Le développement de l’économie de marché vers le capitalisme est une aberration pathologique. Le rapport entre le capitalisme et l’impérialisme repose sur les éléments du capitalisme qui sont contraires à l’économie de marché et ne font pas partie de l’économie.» Sur ce point, les socialistes auraient raison avec leur affirmation, «que le capitalisme poussé à l’extrême aboutit obligatoirement au collectivisme».6
C’est aussi à juste titre que Rüstow7 attire l’attention sur le fait que la société n’est intéressée à limiter le pouvoir de l’Etat et à libérer l’économie de marché des interventions étatiques que jusqu’au moment où une puissance féodal s’impose au sein de l’Etat à l’aide d’un féodalisme social ou capitaliste, en ayant ensuite l’ambition contraire d’étendre autant que possible – à l’aide de l’Etat qui servira alors leurs intérêts – le pouvoir public des fonctionnaires sociaux ou des capitalistes.
Sur ce point, la déformation de notre économie de marché n’a pas seulement diminué notre ordre économique libéral, mais le pouvoir de la nouvelle classe féodale a aussi réduit l’acceptation de la démocratie par notre peuple. Car les fonctionnaires sociaux ont transformé deux tiers de la population en bénéficiaires de transferts, en sujets sociaux, sur lesquels ils règnent. Et l’industrie financière internationale n’a, en utilisant la planche à billets de manière illimitée, pas seulement fait des peuples, de l’économie et de la société des esclaves de la dette, mais tente aussi d’ériger avec ses capitaux (intérêts, titres sans valeurs, produits dérivés etc.) une suprématie sur la démocratie au détriment des citoyens.

La régénération de l’économie de marché par une économie basée sur le ­«Mittelstand»

Si l’on accepte majoritairement
•    que l’ordre de l’économie de marché offre, à l’instar de la démocratie, un système de liberté décentralisé au plus haut degré en matière de consommation et de production pour tous les opérateurs économiques,
•    que le système compétitif ne nécessite pas seulement les plus faibles interventions étatiques, mais qu’il transforme aussi en même temps l’intérêt personnel en intérêt pour autrui, puisque l’offreur ne peut faire les chiffres d’affaires maximaux que s’il garantit la meilleure prestation au demandeur et que celui-ci, à son tour, n’apporte son argent qu’à celui qui lui offre les meilleurs produits ou prestations au meilleur prix,
•    que jusqu’à présent tous les systèmes d’économie de gestion administrative ou de gestion imposée de manière dictatoriale ont échoué, et qu’ils n’ont jamais permis aux masses populaires d’accéder aux effets de la prospérité de l’économie de marché, la réduction de ce système économique par le socialisme, le capitalisme et l’économie étatique constitue une perte de liberté et de prospérité pour tous,
alors il nous incombe de créer en Allemagne, dans l’intérêt de tous les citoyens, de leur liberté et de leur prospérité, une véritable économie de marché.
Toutefois, trois puissants groupes au sein de notre société s’opposeront à cet objectif:
•    les fonctionnaires de nos institutions publiques, confortablement et durablement installés dans leurs fauteuils de direction;
•    les fonctionnaires sociaux, répartissant les prestations de redistribution;
•    et l’industrie financière internationale qui nous domine.
Le pouvoir qu’exerce cette dernière vient d’être démontré à l’occasion du vote sur le MES (Mécanisme européen de stabilité), lorsque la majorité des partis et des députés au Bundestag ont décidé, à l’aide d’une «seconde Loi des pleins pouvoirs», la création d’une dictature financière internationale, en déjouant notre démocratie.
Tout un chacun qui désire accéder à une nouvelle économie de marché, sera combattu par les puissants groupes mentionnés ci-dessus et par la presse et l’industrie médiatique qui sont sous leur férule. Depuis toujours, les systèmes féodaux ont lutté pour le maintien de leur pouvoir, même s’ils s’en étaient emparés par des moyens contraires au système, voire illégaux.
Le grand réveil sera lié à la crise financière en cours qui n’a pu être retransmise à une date ultérieure que difficilement par l’expansion de la masse monétaire et l’amplification des dettes.
Or, faire des dettes est un processus qui ne peut se prolonger éternellement, surtout si d’autres doivent en répondre pour les couvrir. Dans un proche avenir, on assistera donc à des disputes entre les pays donneurs et receveurs. Quand la frénésie de faire des dettes arrivera à son bout, lors de faillites étatiques, de la banqueroute européenne collective et de réformes monétaires, la domination du féodalisme social et financier viendra à son terme elle aussi, les citoyens se voueront à la quête les coupables et revendiqueront un nouveau système, plus juste.
Ce sera alors le moment d’entreprendre une réforme vers une réelle économie sociale de marché qui s’est avéré, jusqu’à nos jours, être le système d'ordre économique le plus humain, le plus efficace et le plus propice au bien-être de tous.
Une telle régénération de notre économie de marché dépendra de plus d’économie basée sur le «Mittelstand».
La nouvelle économie du «Mittelstand», développée par l’auteur de ce texte, est une économie de marché basée sur la conception de l’être humain en tant que personne, c’est-à-dire sans les contraintes du pouvoir des fonctionnaires – voilà ce qui définit l’économie de marché du «Mittelstand».
Puisqu’il a été démontré qu’environ 50% de la population allemande appartient aux classes moyennes (indépendants et salariés formant le «Mittelstand») et que celles-ci ne doivent pas uniquement financer les bénéficiaires des prestations, mais aussi la minorité ne vivant pas de son travail mais uniquement de ses bénéfices ainsi que l’Etat à hauteur de 80% – il résulte que la régénération de notre économie de marché et de notre société n’est possible que si le «Mittelstand» s’élargit et que les groupes marginaux diminuent.
Voilà quelques résultats issus de maintes enquêtes réalisées par l’auteur et empiriquement prouvées:
•    Les entreprises du «Mittelstand» sont des entreprises dirigées par leurs propriétaires. Elles diffèrent des sociétés de capitaux notamment par leur gestion, leur orientation lucrative, leurs prestations et leur humanité dans le traitement des collaborateurs.
•    Ces entreprises emploient deux tiers de la totalité des salariés, voire même 80% des salariés du secteur privé.
•    Ces entreprises sont les plus représentatives de notre économie. Elles représentent plus de 90% de toutes nos unités d’entreprise.
•    La concurrence ne fonctionne plus que dans les branches où de telles entreprises sont actives. C’est pourquoi les effets positifs de la prospérité de l’économie de marché se concentrent sur ces secteurs, ce qui signifie que le renforcement de ces secteurs créerait davantage de prospérité pour tous.
Le «Mittelstand» implique également les salariés dépendants des classes moyennes. Leurs patrons, hautement qualifiés et performants, sont exposés à des charges fiscales et sociales qui ont énormément augmenté suite à l’accroissement du nombre de bénéficiaires de transferts. Davantage de salariés des classes moyennes et davantage d’entreprises du «Mittelstand», amènerait un soulagement pour les piliers de l’économie et suite à cela davantage de prospérité pour tous.
Pour renforcer le «Mittelstand» en faveur de plus d’économie de marché au profit de tous les citoyens, il ne faut pas lui octroyer davantage de prestations sociales qu’aux classes défavorisées ou davantage de subventions qu’aux élites. Il suffit de lui accorder davantage de liberté, de protection dans la concurrence et de soulagement dans les charges. Ainsi, il pourra évoluer de ses propres forces.
L’auteur de cet article a proposé de telles revendications politiques dans son dernier ouvrage intitulé «Mittelstand unter lauter Räubern – die Plünderung der Selbständigen»8 [La classe moyenne entourée de brigands – le pillage des indépendents]. A l'exception des propositions fiscales, elles ont toutes l’avantage de ne rien coûter à l’Etat, c’est-à-dire qu’elles provoquent une régénération de notre économie de marché et un renforcement du «Mittelstand» sans utiliser des ressources financières publiques. (cf. encadré, p. 2)
La régénération de notre économie de marché, face aux dominations, à l’arbitraire du capital et aux redistributions, doit commencer par l’économie du «Mittelstand», c’est-à-dire une politique économique qui ne mise plus sur les 6% de sociétés de capitaux au sein de notre économie, mais sur les 94% de nos entreprises familiales et dirigées par les propriétaires. Ce sont elles qui forment le fondement de notre marché du travail (66%), qui sont le pilier de nos finances publiques (80%) et de notre Etat social (51%) ainsi que d’une concurrence qui fonctionne encore, le secret du succès de notre économie de marché.
Le fait qu’on n’ait pas réalisé davantage de politique favorisant les classes moyennes et la concurrence depuis longtemps est dû au pouvoir des sociétés collectives (notamment les banques, les syndicats et les grands groupes et leurs associations) et de leurs dons considérables. Le réseau du pouvoir du grand capital ne se retrouve pas uniquement en politique, mais également dans les médias, les administrations et la société toute entière. Il faut donc que nous nous engagions pour que le pouvoir exagéré du grand capital soit réduit à une dimension supportable pour la démocratie. Il s’agit de mettre les brides au cartel du pouvoir formé par le féodalisme social et le régime de la finance pour que nous puissions régénérer une économie de marché qui fonctionne et qui est basée sur le «Mittelstand».    •

1    cf. Hamer/Gebhardt: «Privatisierungspraxis», 2. Aufl., Hannover 1992
2    cf. Hamer, E.: «Mittelstand unter lauter Räubern», Unna 2011, p. 17?sq.
3    cf. Wüllenweber, Walter: «Die Asozialen», 2. Aufl., München 2012, p. 25?sq.
4    cf. Hamer, E.: «Wer finanziert den Staat?», 2. Aufl. Minden 1982, p. 107?sq.
5    cf. Hamer, E.: «Mittelstand unter lauter Räubern», a.a.O., p. 61?sq.
6    cf. Rüstow, Alexander: «Ortsbestimmung der Gegenwart, eine universalgeschichtliche Kulturkritik», Band 3, Herrschaft oder Freiheit? Stuttgart 1950, p. 167?sq.
7    Alexander Rüstow a.a.O., p. 177
8    Hannover/Unna 2011, p. 215?sq.

(Traduction Horizons et débats)