Il faut résoudre le problème du chômage de massepar Karl MüllerLorsque Hans-Peter Martin et Harald Schumann publièrent en 1997 leur livre intitulé «Le piège de la mondialisation – l’agression contre la prospérité et la démocratie.» (Editions Actes Sud/Solin, ISBN 978-2-7427-1260-1) dans lequel ils reproduisaient les thèses de dirigeants d’entreprises réputés qui prévoyaient l’avènement de la «Société 20/80»,* la plupart des intéressés estimèrent qu’il s’agissait d’une énorme exagération. Prétendre que la mondialisation, accompagnée de la dérégulation des marchés et de la ruineuse concurrence basée sur la baisse des coûts, provoquerait un chômage de masse consolidé dans les pays industrialisés ne se prêtait guère à l’euphorie de la globalisation des années quatre-vingt-dix. C’est une erreur d’axer l’économie sur les exportationsLes pays qui ont tout misé sur les excédents d’exportations, les prenant pour un moteur de croissance – qui ont donc violé le principe d’Adam Smith qu’une économie nationale libérale ne peut être saine que dans la mesure où l’offre des biens et des services se mesure à un pouvoir d’achat adéquat dans le pays – se sont engagés sur une fausse voie. L’Allemagne en est un exemple frappant, la moitié de sa création de valeur reposant sur les exportations. Cela permet de produire massivement sans pour autant tenir compte du pouvoir d’achat dans le pays. C’est bon pour la conjoncture, d’aucuns ramassent de juteux bénéfices le tout reposant sur une redistribution des revenus au profit des dirigeants et des actionnaires. Le soutien étatique aux chômeurs n’a pas résolu les difficultésLa tentative de régler le problème du chômage de masse par les aides étatiques aux chômeurs a contribué – outre les énormes dépenses militaires notamment des Etats-Unis – à la montée des dettes publiques dans presque tous les pays industrialisés, réduisant ainsi leurs marges de manœuvre dans la gestion des dépenses. Le leurre des statistiques de l’emploiOn comprend l’importance du problème à résoudre en évitant de se fier aux statistiques officielles du chômage. L’Allemagne en est un exemple. En effet, le pays se présente officiellement comme s’il n’avait – au cours des deux années de crise – été touché que peu par le chômage, au contraire d’autres pays. Il est vrai que les chiffres officiels du chômage ont baissé, selon une dernière étude de l’OCDE de début juillet de cette année, passant de 7,9% au début de la récession à 7% aujourd’hui (état en mai 2010). Toutefois, cette étude met aussi le doigt sur l’ampleur de l’emploi partiel en Allemagne et surtout le sous-emploi par rapport aux pays de l’OCDE. En additionnant le tout, on arrive à 10 millions de personnes sous-employées (selon la «Neue Zürcher Zeitung» du 1er juillet). C’est un nombre énorme qui présente les chiffres officiels sous un autre jour. Il faut ajouter à cela que l’Allemagne a une grande masse de chômeurs de longue durée; 45% des chômeurs inscrits sont sans travail depuis plus d’un an. De plus, le nombre de travailleurs à très bas salaires a considérablement augmenté au cours des dernières 20 années. Nombreux sont ceux et celles qui ne peuvent vivre avec le salaire d’un seul emploi. Le chômage structurel augmentera si on ne fait rienDans son étude, l’OCDE exprime son inquiétude de constater que le chômage structurel, et donc durable, augmentera dans les années à venir malgré la croissance économique – si la politique ne change pas de cap. Depuis le début de la crise, en 2007, le taux de chômage dans l’espace de l’OCDE a massivement augmenté: de 29 millions à 46 millions en 2010. Et ce ne sont que les chiffres officiels. Remettre l’homme au centre du travailLe «Rapport sur l’agriculture mondiale» a soumis une proposition pour le domaine de l’agriculture: engager le plus possible de travailleurs plutôt que de continuer à mécaniser l’activité agricole. Il faut agir d’urgence contre le chômage des jeunesIl est particulièrement inquiétant de constater qu’un nombre important de jeunes gens sont victimes du chômage croissant. Dans la classe d’âge des 15–24 ans, le taux d’occupation, de fin 2008 à fin 2009, dans l’espace OCDE, qui se trouvait déjà à un bas niveau, a chuté de 8,4%. C’est le taux d’occupation le plus bas de tous les groupes concernés par le chômage. Le droit au travailL’article 23 de la «Déclaration des droits de l’homme», datant de 1948, déclare dans son premier paragraphe: «Toute personne a droit au travail, au libre choix de son travail, à des conditions équitables et satisfaisantes de travail et à la protection contre le chômage.» Source: www.wikipédia.org et www.mecanopolis.org Le droit fondamental au travail«Dans nos sociétés, tellement de choses dépendent des activités professionnelles que l’on devrait garantir à tous les citoyens le droit au travail. Le travail offre la possibilité de constater que l’on est utile à la société et de se respecter soi-même, mais aussi de mériter l’estime et la reconnaissance des autres citoyens, dans la mesure où l’activité est plus ou moins qualifiée et «précieuse». Le lieu de travail est un lieu d’apprentissage et d’expériences très important où nous déployons et mettons à l’épreuve nos facultés et où nous développons le sentiment de notre propre valeur, établissons des relations sociales et où, dans le meilleur des cas, nous trouvons le sens de notre vie, notre «vocation». En outre, le travail donne à notre existence une structure temporelle tout à fait souhaitée par certains. Seul le travail engendre son complément, le «loisir», si appréciable. Il est donc compréhensible que la plupart des hommes, qui sont marqués culturellement par le travail industriel, préfèrent, encore pour le moment, être actifs, du moins à temps partiel. Peter Ulrich, Integrative Wirtschaftsethik, 2008, p. 303 |