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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2015  >  N° 12, 11 mai 2015  >  Où le diagnostic préimplantatoire nous mène-t-il? [Imprimer]

Où le diagnostic préimplantatoire nous mène-t-il?

Ce qui est médicalement faisable confronte toute la société à des questions éthiques fondamentales

par Christa Schönbächler et Stéfanie Dadier, «insieme Suisse», Berne (extrait)

Du cas d’exception à la sélection régulière

Assez souvent, on tente de mettre abusivement le diagnostic préimplantatoire (DPI) au même niveau que le diagnostic prénatal. Mais le raisonnement selon lequel les deux méthodes permettent de constater les mêmes maladies ou les mêmes transformations chromosomiques n’est pas pertinent. Lors du diagnostic prénatal, ce sont les futurs parents, avant tout la femme enceinte, qui doivent décider s’ils veulent garder en vie l’embryon installé dans l’utérus de la femme pour le mettre au monde. Ils ne choisissent pas le «meilleur» embryon parmi plusieurs. Ils sont confrontés à la question de savoir s’ils veulent garder cet enfant et se décider à vivre avec un enfant handicapé. Lors du DPI, il s’agit de créer artificiellement un choix d’embryons et le couple ou plutôt le personnel médical choisit quel embryon sera implanté sur la base de ses qualités génétiques.

Des faits peu connus

Les promoteurs du DPI prétendent avant tout vouloir aider les couples avec des problèmes de procréation. Des enquêtes médicales prouvent pourtant qu’en matière de procréation médicalement assistée, le DIP n’augmente pas les chances d’avoir une grossesse (cf. Harper et al., 2010). En outre, les stimulations hormonales ont un effet accablant sur l’organisme féminin puisque le DPI nécessite normalement une douzaine de cellules ovulaires ou même davantage. La possibilité de combiner le DPI avec le «Social Egg Freezing» éveille chez de nombreuses femmes l’attente erronée d’une maternité sans problèmes également à l’âge mûr (cf. insieme, 2014?a). Il faut également considérer que l’introduction du DPI est accompagné de gros avantages économiques. En Autriche et en Italie le DPI est entièrement interdit, en France et en Allemagne, il est soumis à de fortes restrictions. Une législation libérale rendra attirante la Suisse en tant que centre de traitement pour les couples souffrant d’infertilité dans les pays limitrophes. […]

La votation de 2015: une chance pour un débat de société

Le 14 juin 2015, le peuple suisse se prononcera sur l’amendement de l’article 119 de la Constitution fédérale de manière à rendre à l’avenir possible de produire et de conserver, en dehors de l’organisme maternel, des embryons en grande quantité. Cet amendement constitutionnel est une condition préalable pour que la Loi révisée sur la procréation médicalement assistée puisse entrer en vigueur.
insieme et d’autres organisations d’aide aux handicapés voient dans cette votation populaire la chance d’un débat sociétal sur les idées reçues quant aux handicapés.
Ils veulent y participer en présentant les préoccupations et les mises en garde des personnes présentant un handicap (cf. «insieme» 2014?b):
•    Les maladies et les handicaps font partie de la vie, mais elles n’en définissent pas la valeur. Lors du DPI, on pratique un choix résultant d’un jugement de valeur sur la vie. Ce jugement de valeur a inévitablement des répercussions sur la perception de soi-même et d’autrui, des personnes porteuses d’une atteinte génétique désignée comme étant indésirable.
•    La plupart des handicaps se forment pendant ou après la naissance et ne sont pas d’origine génétique. Le DPI éveille l’idée erronée que les handicaps et les maladies peuvent être évités grâce à l’utilisation du diagnostic prénatal.
•    Suite à l’acceptation des screening de chromosomes, la pression sur les futurs parents augmentera le fait, d’accomplir tout ce qui est techniquement possible pour éviter d’avoir un enfant handicapé. Le libre choix, en toute autonomie, devient ainsi de plus en plus difficile.
•    Il n’est pas acceptable d’exposer les parents à la pression de devoir se justifier ou, dans le cas extrême, de devoir subir des conséquences négatives s’ils se décident de ne pas se servir du diagnostic prénatal ou d’accepter sciemment à vivre avec leur enfant handicapé.
Des siècles durant, les personnes trisomiques ont fait partie de notre société. Si l’évolution du DPI continue de manière illimitée, nous risquons fortement que cela change. Voulons-nous cela? On ne se contentera pas de tester les maladies héréditaires et les trisomies. Les aspirations ne tarderont pas de vouloir également sélectionner d’autres dispositions ou qualités «indésirables». Mais lesquelles seront-elles à l’avenir? Vers quelle image de l’homme nous orientons-nous?    •

http://insieme.ch/wp-content/uploads/2015/04/Präimplantationsdiagnostik_wo-setzen-wir-die-Grenzen_vhn.pdf 
(Traduction Horizons et débats)