Qui a donné mandat à Madame Doris Leuthard de se rendre à Bruxelles?par Reinhard Koradi, DietlikonL’Administration de la Confédération suisse informe: «La conseillère fédérale Doris Leuthard, cheffe du Département fédéral de l’économie (DFE) et Mariann Fischer Boel, commissaire européenne chargée de l’agriculture et du développement rural, ont ouvert officiellement aujourd’hui à Bruxelles les négociations en vue de la conclusion d’un accord entre la Suisse et l’UE dans les domaines agroalimentaire et de la santé publique. L’ouverture du marché visée est intéressante pour les deux parties. Elle ouvre des perspectives à long terme pour l’agriculture et l’industrie agroalimentaire suisses, conjuguées à la mise en place de conditions-cadre sûres. Elle stimule aussi la compétitivité du secteur et renforce la sécurité des denrées alimentaires et la protection de la santé.» On peut lire plus loin: Faire prendre des vessies pour des lanternesUne fois de plus, Berne présente un miroir aux alouettes. On veut nous suggérer l’idée que la Suisse doit se préparer à l’ouverture mondiale des marchés agraires, alors même que la crise financière et économique montre, on ne peut mieux, l’échec patent de la doctrine néolibérale de liberté du marché. Mais il y a encore le rapport sur l’agriculture mondiale. Au vu de l’état affligeant de l’approvisionnement alimentaire dans les pays en développement, mais aussi de plus en plus dans les pays industrialisés, aux graves conséquences pour les populations, il exige un revirement dans la politique agraire. L’agriculture industrielle, orientée vers le profit, s’appuyant sur les pesticides, les engrais chimiques et la technique génétique doit être remplacée par une agriculture de proximité, répondant aux besoins locaux et régionaux. Plus la production (y compris les entreprises en amont et en aval) et la consommation seront rapprochées, plus grande sera la protection contre les agents pathogènes, les épidémies, les pénuries alimentaires, les produits alimentaires contaminés et altérés, voire des disettes. Un appel est ainsi lancé à tous les peuples, et donc aussi à la Suisse, d’en revenir à une politique agraire qui se fonde sur l’extension de la production sur de petits espaces, en se concentrant sur des méthodes de culture écologiques. Le droit à l’alimentation doit avoir la priorité sur le commerce libre. Il en découle que les négociations pour un accord de libre échange agraire entre la Suisse et l’Union européenne manquent de légitimation. La souveraineté alimentaire n’est pas négociableLa souveraineté alimentaire présente de nombreux aspects; p.ex. le droit des populations de déterminer librement la politique agricole et de consommation. A la qualité des produits alimentaires et à leur préservation s’ajoute une fourniture assurée – donc la capacité de l’agriculture nationale de fournir en tous temps les produits alimentaires nécessaires. Il en résulte que les points essentiels de cette souveraineté sont: le libre accès aux moyens de production sur le plan national (terres, semences, eau, fourrage, etc.) et la liberté de choix des consommateurs quant aux produits alimentaires qu’ils veulent acquérir. De plus, la préservation de la diversité biologique et culturelle – la promotion de méthodes de production proches de la nature d’après des directives nationales – le droit de décider librement des questions et des habitudes alimentaires font partie de cette souveraineté alimentaire. Les Etats doivent avoir le droit de protéger leur production nationale afin de favoriser l’autosuffisance alimentaire et une production respectueuse de la nature (multifonctionnalité: ménager les ressources naturelles, le bien-être des animaux et le paysage) face à l’importation de produits à bas prix. Cette politique affranchie en matière alimentaire impose aux Etats d’utiliser en entier les possibilités de production afin d’empêcher le pillage des ressources naturelles d’autres régions et de ne pas dégrader la sécurité alimentaire d’autres pays. Il manque donc aussi au dossier de libre-échange agraire la légitimation démocratique, sociale et de développement. Un grand merci de la part de la Suissehd. Etant donné que 80% des Allemands n’approuvent plus la politique extérieure allemande de Madame Merkel, on espère, à la rédaction d’«Horizons et débats», que ces 80% souhaitent une relation correcte avec notre pays, leur voisin. La prise de position ci-dessous envoyée à Madame la Conseillère fédérale Calmy-Rey, dont nous avons reçu copie par Monsieur René Schneider, qui s’adresse à elle en tant que citoyen allemand, nous a donc réellement réjouis. Nous lui adressons nos vifs remerciements et exprimons notre vœu de recevoir d’autres messages de ce type pour les publier. René Schneider |