Le prix Nobel pour le désarmement est tombé dans les mains de ses adversaires politiquesUne voix critique venue de NorvègeLes élites politiques norvégiennes ont accaparé le Prix de la paix d’Alfred Nobel, afin de pouvoir l’utiliser à leurs fins. Ce n’a jamais été aussi bien démontré qu’en 2012 en l’attribuant à l’Union européenne. Depuis 40 ans, ils ont tout fait pour tenter de faire entrer la Norvège dans l’UE. Après que Thorbjørn Jagland, ancien ministre des Affaires étrangères et Premier ministre, aujourd’hui président du comité du prix Nobel, eut échoué par deux fois dans des référendums, il s’est vengé de ses concitoyens réticents. Fredrik S. Heffermehl, auteur et avocat(Traduction Horizons et débats) L’UE est-elle pacificatrice dans le sens de Nobel?par Horst Meyer, AllemagneLorsqu’en 2009 le lauréat du prix Nobel de la paix s’appela Barak Obama, ce fut une surprise pour beaucoup du fait qu’il n’avait pas apporté grand-chose dans ce domaine mis à part ses slogans «Change» et «Yes, we can». Trois ans plus tard, ses performances en matière de paix ne dépassent pas celles d’un Bush sen., Clinton, Bush jun. Aucune des guerres déclenchées par George W. Bush n’a pris fin, bien au contraire, il y a eu la brutale intervention de l’OTAN en Libye, sans parler du camp de prisonniers de Guantánamo à Cuba, qui n’est toujours pas disloqué, de l’occupation de l’Afghanistan et de l’Irak. Les activités guerrières dans les BalkansOn sait maintenant avec certitude que certains pays européens ont contribué, au cours des années 90, à la destruction de la République yougoslave. Deux auteurs, Mira Beham et Jörg Becker, ont analysé, dans leur livre de recherche «Opération Balkan», l’influence de l’Occident lors de la destruction de la Yougoslavie, ainsi que la manipulation des médias menée de l’extérieur. Il apparaît avec certitude que l’Occident a contribué avec conséquence à la sécession de ces différentes républiques. On a su utiliser les difficultés économiques des diverses régions, en retirant les crédits et en augmentant les taux d’intérêts, afin d’exciter les gens les uns contre les autres. On en connaît les résultats. La guerre d’agression contre le reste de la Yougoslavie sous la direction des Etats-Unis et la participation active d’Etats européens dont l’Allemagne, qui allait à l’encontre du droit international et était de ce fait illégale, fut une démonstration de ce dont l’UE et ses Etats membres sont de nouveau capables malgré la promesse de ne plus jamais déclencher de guerre. L’affaire autrichienne – le déni de la volonté démocratiqueEn 2000, l’UE a dévoilé son vrai visage. Comme il y avait eu en Autriche, à la suite d’élections menées démocratiquement, une coalition entre le parti bourgeois ÖVP et le parti FPÖ de Jörg Haider pour former le gouvernement, des sanctions furent imposées au pays, piétinant les droits démocratiques de la population. Le prétendu «modèle de paix de l’UE» ne supporte pas un gouvernement critique à l’égard de l’UE, dans un Etat membre de cette UE. Un «Conseil des sages» dut décider si les sanctions devaient être maintenues ou abolies. Elles ne furent abolies qu’après la démission forcée de Jörg Haider. On avait ainsi brisé froidement le droit démocratique. Mais ce n’est pas tout. Des guerres d’agression violant le droit international – serait-ce une spécialité de l’UE?Presque tous les pays de l’UE participent à la guerre en Afghanistan, qui dure depuis 11 ans. Ils ont donc une vive expérience de ce qu’est une guerre, particulièrement brutale et qui viole le droit international. Après une occupation de 11 ans de la part des Américains et des Européens, les populations vivent un cauchemar. Ce qui a commencé par le viol du droit international sous prétexte de chasser les Talibans, s’est transformé en guerre contre la population, et on n’en voit pas la fin. L’Allemagne dans un rôle dirigeant – mais vers quoi?Dans la publication américaine Foreign Affairs, l’organe du laboratoire d’idées «Council on Foreign Relations», fort prisé aux Etats-Unis, on estime qu’une germanisation de l’Europe permettrait de se sortir de la crise. L’Allemagne aurait ainsi un rôle dirigeant dans l’UE qui épouserait les ambitions d’Angela Merkel, cette femme avide de pouvoir. L’Allemagne, qui s’octroie le rôle de dirigeant au sein de l’UE, mène le projet d’une Fédération européenne et d’un renforcement du centralisme. La citation suivante est révélatrice: «Si nous, Européens continentaux, voulons obtenir l’unité et agir conjointement, ce dont dépend tout notre avenir, alors nous devons répondre à deux nécessités: renoncer à toute volonté de domination de la part d’un peuple sur les autres, ainsi que renoncer à toute volonté d’indépendance absolue en dehors de l’ordre européen. Etre le porte-drapeau sans vouloir être le maître de l’Europe doit être la volonté de l’Allemagne, mais le porte-drapeau d’une nouvelle Europe qui doit prendre sa place parmi les nouvelles puissances mondiales et garder son rang qui lui est dû du fait de son développement historique et de ses forces culturelles et économiques.» Cette citation nous vient de Richard Riedl, président du conseil d’administration de l’entreprise Donau Chemie AG, faisant partie du groupe IG Farben, elle date de 1944. La Suisse, un garant de la paixSi l’on prévoit d’accorder le prix Nobel de la paix à un Etat, il faudrait l’attribuer à la Suisse. Quel pays peut prétendre ne plus avoir été mêlé à des guerres depuis plus de 150 ans, et d’avoir contribué autant en faveur de la paix et de l’aide humanitaire pour panser les plaies des populations d’autres pays, que la Suisse au travers de ses organisations telle que la Croix-Rouge? Toutefois, en consultant la liste des lauréats de ce prix, on peut s’estimer heureux de ne pas y figurer. Le choix de cette année le confirme. • |