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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2011  >  N°38, 26 septembre 2011  >  «Méfiez-vous des flatteurs …» [Imprimer]

«Méfiez-vous des flatteurs …»

Frédéric-Guillaume Ier, Roi de Prusse:

Méfiez-vous des flatteurs. Ce sont eux, vos plus grands ennemis.
Mais ceux qui vous disent la vérité, sont vos amis.
Il faut soutenir les entreprises économiques, alors vous verrez vos pays et vos citoyens devenir fortunés.
Tout ce que vous achetez, vous devez le payer comme il faut. Ne faites pas de dettes et ne dépensez pas plus que vous ne gagnez. Alors vous verrez combien votre Etat sera florissant et heureux.

Frédéric II (le Grand), Roi de Prusse:

Si vous voulez que le pays soit heureux, il faut qu’il ait de l’ordre dans ses finances. Le trésor d’Etat doit être augmenté pour avoir des réserves en cas de situations d’urgence.
Un gouvernement doit avoir des principes solides et ne jamais s’éloigner de ces principes.
La puissance de la Prusse ne repose pas sur ses richesses minières ou ses richesses intérieures, mais uniquement sur le zèle au travail de ses citoyens. Lorsque le souverain dépense tous les revenus sans égard pour l’avenir ce n’est pas un père pour le peuple, mais un tyran.
Paysan, citoyen et prince doivent pouvoir jouir eux-mêmes de la plus grande partie de leurs revenus sans être obligés de les partager avec leur gouvernement. C’est faux que le public puisse s’imaginer qu’on peut se procurer du respect avec un train de vie élevé.
Je n’ai jamais tenu des réunions de comité car il n’y a rien de plus nocif. Il faut en plus s’attendre à ce qu’il y ait des gens qui insistent sur leurs opinions et que cela engendre plus de désavantages que d’avantages. Un serviteur de l’Etat qui connaît bien ses devoirs, qui y réfléchit et qui sait les évaluer à leur juste mesure va bien plus loin qu’avec tous les discours de protestations au sein de comités.

Ministre de l’Economie Ludwig Erhard:

Le destin économique est fixé par le comportement des gens. Le gouvernement doit donc chercher à gagner de l’influence sur les espoirs, les peurs et les cœurs des gens. Des dérangements économiques que nous vivons souvent, se basent en général sur le fait que le gouvernement et les gens ne sont pas conscients des mesures du possible.
Dans l’économie de marché également, les économies sont une vertu et non pas issues de l’officine. Personne ne peut vivre au-dessus de ses moyens, un peuple non plus, car il ne pourra pas consommer plus que ce qu’il génère lui-même comme marchandise.
Une monnaie unique sans politique unifiée signifie la ruine de toute l’économie nationale. Sans taux de change libre, des tensions se forment entre les pays et s’accumulent de telle sorte que les règlements spéciaux s’ensuivent.
Le gouvernement de la République fédérale doit être résolu à maintenir le ménage de l’Etat en équilibre dans toutes les circonstances. Le peuple allemand a vécu le tragique d’une inflation trop consciemment pour que quelqu’un puisse se réjouir si l’Etat fait trop de dettes.
L’appareil administratif mange une trop grande partie de notre produit social. Il doit donc être diminué.

Allemagne    Produit social (PS)     Dépenses publiques              Dettes

                     euro                            euro                                      euro
   2008          2492 milliards            1086 milliards                       1447 milliards    58%/PS
   2009          2407 milliards            1139 milliards                       1636 milliards    68%/PS
   2010          2499 milliards            1164 milliards                       1926 milliards    77%/PS
   
                     Employés des services publics           
   2008          4 505 000           
   2009          4 547 000                                                                                                                                        2010          4 562 000


Madame Merkel, Monsieur Schäuble,

Frédéric II (le Grand), Roi de Prusse, a exigé des principes solides de son gouvernement. Le premier principe était le sens de l’économie. Grâce à ces principes, la Prusse, en tant qu’Etat et pouvoir dirigeant, a développé la force d’unifier l’Allemagne après des siècles de désunion en un pays homogène. Nous en profitons encore aujourd’hui.
Ces principes d’économie, pour notre gouvernement et nos députés, se sont malheureusement perdus. La modestie et l’économie sont jumeaux, ils ne font qu’un.
Pendant que l’Europe, de la Grèce au Portugal, gémit sous des dettes impayables, nos députés au Bundestag se sont fait augmenter leurs indemnités parlementaires. C’étaient des députés de tous les partis. Un mauvais exemple. Lorsqu’en 1932 les traitements des fonctionnaires ont dû être réduits de 8% pour des raisons économiques, le président du Reich de l’époque a dit qu’il signerait cette loi seulement si son traitement et celui de ses ministres n’étaient pas réduits de seulement 8%, mais de 15%. Cela, Madame Merkel, était exemplaire.
A l’époque déjà, Ludwig Erhard a critiqué l’ampleur de l’administration allemande. Malgré cela, son ministre des Finances, Schäffer, a mis de côté un trésor d’Etat équivalent, d’après la monnaie actuelle, à 35 milliards d’euros – il avait le sens de l’économie! Aujourd’hui les Länder et la République fédérale ne font que des dettes. Et lorsqu’il arrive qu’on fasse un peu moins de dettes, on parle déjà d’économies.
La part d’Etat du produit social se monte à presque 50%. 30% seraient convenables dit le Fond monétaire international. Cela se solderait pour l’Allemagne à un potentiel d’économies d’environ 400 milliards d’euros. Les dettes ne seraient plus nécessaires. Mais au Bund et aux Länder au moins 10% des coûts de l’administration devraient être économisés. Ce serait possible si les députés avaient une volonté suffisante d’économiser. Dans ce but il faudrait d’abord supprimer beaucoup d’institutions, de commissions, de comités, de conseillers, de chargés d’affaires et beaucoup d’autres institutions inutiles alimentées par l’Etat. Il faut enfin qu’une ferme volonté d’économiser s’impose.
Economiser, cela commence dans les têtes. Pourquoi nos ministres doivent-ils, 21 ans après la réunification, toujours avoir deux sièges: à Bonn et à Berlin? Les déplacements des fonctionnaires d’un point à l’autre s’élèvent à 60 000 vols par an. Pour ce gaspillage et l’entrave à leur travail, il n’y a pas de compréhension chez les électeurs. Pourquoi nos ministres doivent-ils avoir deux secrétaires d’Etat? Un seul ne suffirait-il pas? Les ministres ne sont-ils pas assez compétents? Ou bien s’agit-il des prébendes des partis? Ce ne sont pas les possibilités d’économiser qui manquent à notre classe politique, mais la volonté d’économiser.
En 2005, l’actuel président de la République fédérale, à l’époque premier ministre de la Basse-Saxe, a résilié la conférence annuelle des ministres d’Education et de la Culture; elle coûterait trop cher, elle ne serait pas assez efficace et donc superflue. Il avait bien raison. Malgré tout, rien n’a changé. La conférence se fait toujours. Les premiers ministres veulent-ils manifester contre leur inutilité? Le Bundestag, pourquoi a-t-il besoin de 600 députés? Les USA avec une population bien plus grande se contentent de 400 députés.
L’Allemagne-Prusse se trouvait à la pointe dans la formation et la science. Le système d’éducation allemand a été dirigé en 1912 par un directeur ministériel et 64 fonctionnaires. Aujourd’hui nous avons besoin, pour une mauvaise éducation (étude PISA) d’ailleurs, de 16 premiers ministres, 16 ministres, 34 secrétaires d’Etat, 130 000 fonctionnaires avec un grand nombre de soi-disant experts de l’éducation (professeurs) qui n’arrivent à rien. Tout cela représente un gaspillage insupportable à la charge des générations futures.
Commencez enfin à faire des économies. Cela vaut également pour la SPD. Avant d’augmenter les impôts, commencez d’abord par faire des économies dans vos rangs et au sein du parti. Chez nous, pourquoi les enfants de riches peuvent-ils faire des études sans rien payer? Pensez enfin à nos enfants et pas seule­ment à vous-mêmes.

Ehrhardt Bödecker


Ehrhardt Bödecker est né en 1925 à Zwickau. Son père est issu de la bourgeoisie cultivée de Saxe, la famille de sa mère de la tradition des domaines seigneuriaux de la Prusse orientale. Depuis 1934, il vit à Berlin et il a été grièvement blessé lors de la Seconde Guerre mondiale (comme aviateur). Après la guerre, il a fait des études de droit, d’économie et d’histoire en Allemagne et aux USA. Après quelques années comme juge d’instance et d’administration ainsi que comme avocat, il a pris la succession de son beau-père Hans Weber comme directeur de la Banque Weber à Berlin et il a continué son activité comme banquier privé avec succès pendant 29 ans. Sa banque, Erhardt Bödecker l’a toujours dirigée solidement. Il a commencé avec une somme au bilan de 20 millions de DM, et lorsqu’il a arrêté il y avait 15 milliards de Mark. Jamais il n’a mis en danger les capitaux de ses clients, et ses emprunteurs, il les a toujours sévèrement contrôlés. A l’âge de 70 ans, il a pris sa «retraite anticipée». Il fait des recherches et il publie sur la Prusse, son histoire économique, et sur la Première Guerre mondiale. De nombreuses publications de livres, par exemple «Preussen und die Marktwirtschaft», Munich 2006; «Preussen – eine humane Bilanz», Munich 2010. Il est propriétaire et fondateur du «Brandenburg-Preussen-Museum», ouvert en 2000 à Wustrau au nord-ouest de Berlin.
    Dans les années 1960 à 1990, Ehrhardt Bödecker a passé chaque année avec un groupe de très bons amis suisses quelques semaines à Wengen, Zermatt et Saint-Maurice. A Olten, il avait de bons amis auxquels il a souvent rendu visite. Sa femme est une adepte enthousiaste de la «cuisine suisse». Il a visité la Suisse avec sa famille pour la dernière fois il y a deux ans.