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Horizons et debats  >  archives  >  2010  >  N°17, 3 mai 2010  >  Un peuple conscient de sa valeur ne se laisse pas facilement asservir [Imprimer]

Un peuple conscient de sa valeur ne se laisse pas facilement asservir

A propos des véritables raisons des attaques contre la Suisse et son histoire à la lumière de la biographie du général Guisan de Markus Somm

par Tobias Salander, historien

La Suisse se trouve actuellement dans une situation complexe: entourée par une UE qui se fait de plus en plus totalitaire, face à un projet de rapprochement étroit avec l’al­liance de guerre anglo-saxonne, face à une Allemagne qui mène de plus en plus ouvertement des guerres d’agression contraires au droit international et qui n’hésite plus à prononcer sans rougir le mot de «guerre», qui envoie sa jeunesse au casse-pipe et célèbre ensuite le culte des morts au pied de ses monuments aux morts. A cela s’a­joute la cupidité sans bornes des centres financiers étrangers qui cherchent à s’emparer, dans l’Etat de droit qu’est la Suisse, des fortunes gérées conformément à des lois sé­vères contre le blanchiment d’argent et qui ont lancé pour cela une vaste campagne de dénigrement de la Suisse. Dans une telle situation, il convient, pour maintenir la tradition de souveraineté, d’honnêteté, d’ouverture au monde, de neutralité et de bons offices, de garder la tête froide et d’avoir une vue objective du passé. La résistance que les Suisses, au cours de leur histoire, ont opposée aux at­taques et aux tentatives d’attaque des grandes puissances voisines nécessite encore et tout particulièrement du courage et de la détermination. Des publications sur ce sujet ont paru à point nommé qui précisent les choses, rectifient ce qui a été présenté de manière déformée et dénoncent les manipulations. Le mérite en revient notamment au journa­liste Markus Somm qui vient de faire paraître une nouvelle biographie du général Guisan.

Voici 50 ans que l’on faisait à Lausanne, au général Henri Guisan mort le 7 avril 1960 à l’âge de 85 ans, des funérailles nationales comme la Suisse n’en avait jamais organi­sé. Un homme disparaissait qui avait dirigé la Suisse posément dans la situation très diffi­cile de la Seconde Guerre mondiale. Bien qu’elle fût hostile à tout culte de la personnalité, une population très nombreuse ne manqua pas de rendre les derniers honneurs à ce mo­dèle de sagesse, de courage et de persévé­rance typiquement helvétique. On honore sa mé­moire depuis des décennies. Même pendant la guerre, les anciens adversaires qu’étaient les Etats-Unis et l’Allemagne ont manifesté un grand respect à l’égard de son esprit de résistance et de sa conception du Réduit national. (cf. encadré)
Ce n’est que le Rapport Bonjour rédigé par l’historien Edgar Bonjour à la demande du Conseil fédéral qui fit connaître à l’opinion, en plus du volume IV de l’Histoire de la neutralité suisse en 1970, certains aspects encore inconnus de la personnalité et de l’activité du général Guisan, ce qui pourtant ne put entamer sa réputation.
A la fin des années 1980 commença une véritable campagne de dépréciation de cette grande personnalité de l’histoire suisse du XXe siècle.

Argent et rapprochement avec l’UE

Cela ne se produisit pas par hasard. Ce fut tout d’abord l’initiative du Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA) qui s’attaqua à la maxime d’Etat de neutralité armée perpétuelle et qui à cette fin commença à réé­crire l’histoire de la Seconde Guerre mon­diale et déprécia naturellement le rôle joué par le général Guisan. La seconde attaque contre les souvenirs de la population vint des résultats extrêmement contestables du Rapport de la Commission Bergier. Si la campagne du GSsA visait le désarmement de la Suisse qui disposait encore, à l’époque, d’une des plus importantes armées du continent, il y avait, derrière la destruction de la réputation de la Suisse, pays neutre et garant du droit international humanitaire, des Conventions de Genève et des bons offices, deux groupe­ments apparemment indépendants l’un de l’autre: d’une part le Congrès juif mondial, association privée, qui contraignit successivement tous les pays d’Europe, leurs banques et leurs industries, à payer des milliards de dollars. Cet argent aurait dû aller aux victimes de la Shoah, mais scandaleusement, seule une petite partie a été versée aux victimes en­core en vie. La part du lion aboutit dans les poches d’avocats qui ont en partie été condamnés ou d’organisations israéliennes et de là, par de nombreux canaux, dans le trésor de guerre du pays. D’autre part, un groupe de per­sonnes pressées de voir la Suisse adhérer à l’UE agissait au sein de la Confédération. Mais il y avait un problème: le peuple suisse était passé de la Seconde Guerre mondiale à la guerre froide et se souvenait très bien de son encerclement total par les forces de l’Axe qui l’avait laissée livrée à elle-même et n’était absolument pas disposée à abandonner sa souveraineté au profit d’une structure de pouvoir que Montesquieu aurait qualifiée de despotique. Alors comment faire entrer la Suisse dans l’UE dont le stratège américain Zbigniew Brzezinski tenait tant à faire une vassale et une tête de pont de l’«unique superpuissance globale»? En se mettant à mépriser et à ridiculiser l’histoire, les traditions et l’origine du peuple suisse. C’est la seconde fois que l’on mettait en cause le général Guisan et la génération du service actif. Les acteurs de la campagne, d’une part la «Côte est américaine» et de l’autre la Nouvelle gauche du pays, se laissèrent convaincre qu’il fallait renoncer à l’Etat nation souverain.
Les adversaires d’une culture du passé prétendument fondée sur des mythes et des dogmes s’avérèrent être la nouvelle orthodoxie qui réagissait aux critiques de manière bourrue et très sensible et soupçonnait de fascisme tous ceux qui ne voulaient pas qu’on les prive de leur liberté de pensée et de la réalité historique.
Or, à l’occasion du 50e anniversaire de la mort du général, la raison commence à reprendre du terrain et de larges couches de la population commencent à se débarrasser et à s’émanciper de la «conception historique» qu’on leur a imposée, celle d’une alliance contre nature composée du Congrès juif mondial, d’adeptes néolibéraux et néogauchistes.
Si cela était déjà devenu évident grâce à la série diffusée par la télévision alémanique sur la vie dans le Réduit et pendant la réalisation du plan Wahlen, qui a rencontré l’intérêt et l’approbation d’un large public, l’historien et journaliste Markus Somm, conseillé par le directeur de la Bibliothèque am Guisanplatz Jürg Stüssi-Lauterburg, nous offre une biographie du général Guisan qui aura sa place dans toutes les bibliothèques privées ou publiques.
Somm fait connaître au lecteur les réflexions qui ont eu lieu dans les années 40 au quartier-général de l’Armée, évoque la situation menaçante et les concepts de défense potentiels et l’invite à réfléchir.
Qu’est-ce que nous, qui sommes nés après, aurions fait face à la défaite de l’armée la plus forte de l’époque, l’armée française, face au coude-à-coude des dictatures du Nord et du Sud, face au blocus des puissances occiden­tales et d’un groupe au sein de l’armée qui était favorable aux Allemands et prêt à collaborer avec eux et d’un Conseil fédéral qui n’était pas toujours déterminé? Nous aurions siroté un coca-cola. Qui aujourd’hui aurait le cou­rage de mettre en état d’arrestation une élite favorable à une annexion et prêts à collaborer et, ce faisant, de risquer sa vie si les choses tournaient mal? Dans les années 1990, de nombreux professeurs d’histoire nous ont appris à enfoncer la tête dans le sable, à tout «re­mettre en question», à ergoter et à nous croire intelligents pour cette raison. Et qu’en est-il de la volonté de résister à la tutelle étrangère et de risquer le tout pour le tout, à résister aux chants des sirènes qui nous appellent à ne pas refuser le «progrès», à suivre la «nou­velle Europe progressiste» qui nous promet une «économie de grand espace» et veut faire sauter des «structures sclérosées»? Nous ne parlons pas ici de l’actuelle propagande de l’UE, bien qu’elle soit presque identique. Les visées mégalomaniaques et le mépris des petites structures comme la Suisse sont identiques. La cavalerie allemande vous salue! Les termes que nous venons de citer sont ceux de la propagande nazie et ils étaient colportés par une 5e colonne suisse docile mais de peu d’envergure.

Est-ce la Grande Allemagne qui, sous couvert d’UE, va sauver le monde?

Est-ce l’UE qui va sauver le monde, ou peut-être de nouveau l’Allemagne? C’est en tout cas ce que pense Pierre Hillard, professeur de relations internationales à l’Ecole supérieure du commerce extérieur de Paris qui montre très précisément dans divers ou­vrages comment l’Allemagne, sous l’égide de l’alliance de guerre Etats-Unis-Israël et sous couvert d’UE, est en train d’étendre sa sphère d’influence à ce qu’elle était en 1937 et même au-delà. Pourquoi? De même qu’Hitler visait la domination mondiale, et cela après la vic­toire sur l’Union soviétique, il s’agit maintenant, selon Hillard, de créer un gouvernement mondial en constituant des blocs continentaux comme l’UE. Il y aurait alors une Union transatlantique Etats-Unis/UE/Israël, ayant sa propre monnaie, qui s’opposerait à l’Asie. Sont-ce là des fantasmes de grande puis­sance? En tout cas, cela correspondrait aux plans de Brzezinski. Et le rôle de la Suisse là-dedans, encerclée par la puissance centralisée de l’UE? Cet îlot alpin attaché aux principes de l’Etat de droit, à la démocratie directe et au droit international humanitaire ne peut que gêner les visées de grande puissance de l’UE, d’où la campagne contre la Suisse, le dénigrement des Suisses.

Qu’est-ce qui fait loucher la gauche vers l’UE?

Dans cette situation, la révélation, néces­saire depuis longtemps, de ce qui s’est vraiment passé pendant la Seconde Guerre mondiale, l’évocation de la vie et de l’œuvre du général est très précieuse. A la lecture de l’ouvrage de Somm, nous retrouvons notre identité: l’évocation de l’époque coïncide avec le souvenir que nous en avons.
Le Réduit n’était ni un geste d’humiliation ni le bras armé de l’industrie d’armement de l’Allemagne. Somm révèle que le général s’opposa longtemps à la retraite dans la forteresse alpine, que ce n’est qu’à l’été 1940, après la capitulation de l’armée française, lorsque les unités blindées de Guderian se trouvaient à la frontière occidentale, prêtes à envahir le pays, qu’il eut l’idée du Réduit en tant que pis-aller.
Mais alors, fallait-il capituler? Fallait-il livrer aux nazis les 60 000 réfugiés, dont 30 000 juifs – tout de même reconnus par la Commission Bergier? Fallait-il envoyer les politiques de gauche dans les camps de concentration de l’Empire allemand? Non, ce sont ces personnes qui auraient suivi Hans Oprecht, ce même Oprecht qui, avec d’autres justes de la conjuration des officiers, serait allé jusqu’à arrêter le Conseil fédéral si celui-ci avait capitulé. On ne comprend pas que dans les années 1990, des gens de gauche déconstruisent l’histoire suisse, eux qui auraient été les premiers à être arrêtés par les SS. On ne comprend pas non plus que ce soit la gauche qui pousse à l’adhésion à l’UE, projet néolibéral mené par la European Round Table et la Chambre du commerce américaine et qui vient de réintroduire la peine de mort précisément en cas de manifestations contre les excès du néolibéralisme. Il serait temps que la gauche suisse retrouve une personnalité de l’envergure d’Oprecht.
Qu’est-ce qui fait loucher la gauche du côté de l’UE? Est-ce la rage à propos du modèle suisse qui réussit si bien et qui est aussi en partie un projet de la gauche? Ou les jeunes générations, dans leur fierté, n’admettent-elles pas, comme le suppose Somm, que c’est un gouvernement de droite qui a dirigé avec succès, mais aussi, naturellement, avec beaucoup de chance, la Suisse pendant la guerre? Ou est-ce le pur plaisir de détruire? Pourquoi alors ne pas déconstruire le mythe du prétendu «projet de paix» de l’UE. Pourquoi ne pas évoquer les activités de Jean Monnet, qui nous ramènent à Wall Street? A-t-on peur de devoir reconnaître une très grave erreur d’interprétation de l’histoire? L’UE est-elle une vache sacrée au-dessus de tout soupçon? Sommes-nous aveuglés par les mythes. Il existe pourtant toute une littérature à ce sujet. Pourquoi ces craintes? Maintenant que même l’un des mythes les plus sacro-saints est remis en question, pardon, «déconstruit»: Qui est arrivé il y a quelques semaines en tête de liste des best-sellers français, et surtout de la liste israélienne? Schlomo Sand avec son ouvrage qui fera date intitulé «Comment le peuple juif fut inventé». L’auteur appartient à un groupe d’historiens israéliens qui abordent de manière critique l’histoire d’Israël et du sionisme. Ils ne mettent pas en cause le droit d’Israël à exister mais sa revendication à être le seul occupant de la Terre promise qui repose sur des légendes. Selon Sand, les juifs constituent une communauté religieuse et non pas ethnique. Ce sont les Palestiniens plutôt que les juifs venus d’Europe qui sont les descendants ethniques des israélites bibliques. C’est pourquoi l’auteur défend une politique plus ouverte d’Israël à l’égard de ses voisins arabes.
Or si aujourd’hui même des Israéliens commencent, dans leur situation difficile, à remettre en question leurs mythes fondateurs, pourquoi les Suisses de gauche, qui vivent dans la prospérité, ne le feraient-ils pas à propos de l’UE?

Un plan B pour la Suisse aujourd’hui?

La biographie de Guisan par Somm, si on la lit dans cet esprit, peut nous rendre des ser­vices inestimables: elle est objective et riche en citations, de nature à renforcer le sentiment de notre propre valeur et cela grâce à une présentation nuancée de faits complexes. Pourquoi le général a-t-il engagé des négociations avec des officiers français? Pourquoi a-t-il voulu envoyer un ministre plénipotentiaire à Berlin? Pourquoi a-t-il mobilisé, démobilisé, remobi­lisé? Somm l’explique. Cela fait du bien de lire les citations de Britanniques qui eurent af­faire à la Suisse à l’époque et qui évoquent, dans des dépêches adressées à leur gouvernement, la position nettement antiallemande de notre pays, le Réduit fortifié et le farouche désir de liberté de la population. (cf. encadré)
Il aurait certainement été passionnant – mais cela aurait débordé le cadre de l’ouvrage – d’examiner de près les rapports du général avec la préparation secrète d’une résis­tance, appelée plus tard «P-26». Dès 1940, un plan B fut développé avec prudence pour le cas où on aurait pu mettre sur pied une guérilla si des divisions de la Wehrmacht, après des mois de siège du Réduit, avaient quand même occupé la Suisse. Ses cibles n’auraient pas été les soldats allemands, de crainte d’effro­yables représailles contre la population ci­vile, mais le sabotage et la destruction des infra­structures de l’occupant. C’est le même plan B qui aurait été activé en cas d’invasion de la Suisse par l’Armée Rouge soviétique, jusqu’au scandale des fiches et à la commission d’enquête parlementaire de 1989/1990 qui entraîna la découverte et la dissolution de la P-26, organisation paramilitaire secrète.
Mais qu’en est-il aujourd’hui? La Suisse est-elle armée face à la «malice des temps» – invoquée par nos pères fondateurs dans le Pacte de 1291 – qui n’a pas cessé d’être une menace après la défaite du nazisme, la dissolution de l’Union soviétique et de l’Armée Rouge et la fin de la guerre froide? La solution, pour l’indépendance de la Suisse, peut-elle vraiment être de réduire la taille de l’armée au point de ne plus être qu’un module collaborant avec d’autres armées selon le slogan «la sécurité grâce à la coopération», laquelle coopération ne pouvant s’effectuer qu’avec l’OTAN?
La solution peut-elle consister dans le Partenariat pour la Paix, qui, depuis la nou­velle orientation stratégique de l’OTAN de 1999 et de 2009, devrait plutôt s’appeler «Partenariat pour la Guerre» et qui passe dans les Etats d’Asie centrale pour un terrain d’exercices en vue d’une éventuelle adhésion? Est-ce là une politique dans la tradition de Guisan? Après l’effondrement du bloc soviétique, la seule superpuissance mondiale, c’est-à-dire une partie de son élite, ne se comporte-t-elle pas d’une manière qui éveille en nous le souvenir d’autres Etats aux vues hégémoniques et nous incite, fidèles à notre histoire, à nous tenir à l’écart des guerres de conquêtes et de la mégalomanie?

Unesco: ancrer la paix dans l’esprit des hommes

On a peine à imaginer ce qui serait advenu de la Suisse après la Seconde Guerre mondiale si, auparavant, les Quisling prêts à collaborer avaient triomphé et si la Suisse avait été annexée au Troisième Reich. Certainement que le pays aurait été occupé et qu’il serait aujourd’hui un vassal également docile des Etats-Unis. Que se passera-t-il si – on sait que les grands empires peuvent s’effondrer ou éclater très rapidement, à preuve l’URSS et pourquoi pas un jour l’UE? – si les peuples demandent des comptes à l’Occident, obtiennent une réédition des procès de Nuremberg afin notamment de sanctionner la cupidité sans bornes considérée comme une des causes essentielles des guerres d’agression contraires au droit international? La Cour pénale internationale existe déjà pour cela.
La Suisse serait bien inspirée, aujourd’hui aussi, de se concentrer sur ses compé­tences de base, c’est-à-dire sur son rôle de gar­dienne du droit international humanitaire et de médiatrice neutre dans les conflits interétatiques et donc de se tenir à l’écart des querelles étrangères en s’inspirant de Nicolas de Flue et de son hostilité à la politique de conquête.
Tirer les leçons de l’histoire, c’est pré­parer l’avenir en organisant le présent en toute lucidité. Et cela doit commencer avant tout dans nos têtes et nos souvenirs. Il s’agit de se débarrasser de toute falsification idéologique et politique de l’histoire, d’où qu’elle vienne. Le préambule de la Convention créant une organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) con­s­tate que «les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les dé­fenses de la paix». Mais il faut d’abord purifier les esprits et cela commence par la présentation de la vérité historique. Markus Somm, Pierre Hillard et Shlomo Sand y ont largement contribué.    •

Bibliographie

Markus Somm, General Guisan. Widerstand
nach Schweizerart, Stämpfli, Berne 2010.
ISBN 978-3-7272-1346-5
Shlomo Sand, Comment le peuple juif fut inventé,
de la Bible au sionisme, Fayard, Paris 2008,
ISBN 978-2-2136-3778-5
Pierre Hillard, La Fondation Bertelsmann et la
«gouvernance mondiale», Editions François-Xavier de Guibert, Paris 2009, ISBN 978-2-7554-0335-0

Propos d’Allemands sur les Suisses: «portiers d’hôtel atrophiés», «branche ratée de notre peuple»

Goebbels note le 13 avril 1940 dans son journal: «Le Führer tonne contre les neutres: plus ils sont petits, plus ils ont de culot. Il ne faut pas qu’ils survivent à cette guerre. Ils sont ce qu’étaient les petits partis politiques en Allemagne: ils cherchent à empêcher toutes les grandes solutions, ils sont vénaux, lâches et corrompus.» (d’après Somm, p. 104)
Goebbels parle ailleurs de «la haine pleine de venin que les Suisses éprouvent à notre égard. Mais ce sera leur tour un jour. Nous allons leur clouer le bec, à ces portiers d’hôtel atrophiés» (p. 105)
Pour Hitler, les Suisses n’étaient rien d’autre qu’«une branche ratée de notre peuple». (p. 104)

Des généraux allemands s’expriment sur la volonté de résistance des Suisses: le Réduit alpin est quasi imprenable

En septembre 1942, l’état-major des armées écrit dans son Kleines Orientierungsheft Schweiz «En résumé, on peut dire que la défense suisse a atteint aujourd’hui un degré qui permet à l’armée suisse d’opposer une sérieuse résistance dans les zones frontalières et de se maintenir longtemps dans le ‹Réduit national›.» (d’après Somm, p. 179)
Franz Böhme, général de la troupe alle­mande de montagne, a rédigé en 1943 un mémorandum dans lequel il abordait à nouveau la question d’une invasion de la Suisse. «Cette situation [lorsqu’après la capitulation de l’Italie, en septembre 1943, la Suisse était complètement encerclée par l’Empire allemand] est pour les Suisses extrêmement difficile, mais ce serait pour les Allemands une grave erreur de supposer que la Suisse va réviser sa politique de défense au profit de l’Allemagne.» (p. 217) […] La volonté des Suisses de se battre est très forte et nous devons la mettre à peu près sur le même plan que celle des Finlandais. Un peuple qui produit de bons gymnastes a toujours eu de bons soldats. L’amour des Suisses pour leur patrie est on ne peut plus fort et, malgré le système de milice, leur formation de tireurs est meilleure que, par exemple, celle des soldats de l’ancienne armée fédérale autrichienne au bout de 18 mois de service.» (p. 218) […]
«La défense suisse du pays dispose d’une armée qui, ne serait-ce que par ses effectifs, est un facteur tout à fait considérable. […] Vaincre les troupes du Réduit alpin qui vont se défendre avec acharnement représentera une tâche difficile à résoudre.» (p. 218)

Ethique suisse: «Respecter l’homme dans le voisin»

«Au seuil d’une année décisive, je vous donne cette consigne: pensez en Suisse et agissez en Suisse.
Penser en Suisse veut dire: aimer notre beau pays, rester nous-mêmes, demeurer fidèle à ce que nous sommes, à la liberté séculaire de notre Suisse une et diverse.
Agir en Suisse veut dire: servir son pays, respecter l’homme dans le voisin et l’étranger dans ses conditions, réaliser de plus en plus notre mission de solidarité civile, pratiquer l’entraide so­ciale, maintenir la qualité traditionnelle de notre travail.
Demeurer Suisse c’est aussi le meilleur, le seul moyen de tenir. C’est à ce prix seulement que nous sauverons notre indépendance.
Impressionnés par les récits que nous rapportent les témoins des dernières batailles, certains se demandent: Pourrions-nous résister? Poser la question n’est digne ni d’un Suisse, ni d’un soldat.»

Source: Extrait de l’Appel du 1er août 1940 du Général Guisan: www.notrehistoire.ch/group/le-general-guisan/audio/20/

Des diplomates américains à propos de la situation de la Suisse: «Rien n’est plus important pour eux que de défendre leur liberté et leur indépendance»

A la fin de janvier 1941, l’attaché mili­taire américain à Berne, le lieutenant-colonel Barnwell E. Legge a envoyé au Pentagone, après un long entretien avec le général Guisan, un rapport précisant que l’armée suisse combattrait jusqu’au dernier homme en cas d’invasion. Au­cune pression politique ou économique n’intimiderait la Suisse: «L’assouplissement du blocus britannique est vital. S’il continue à être aussi strict que jusqu’ici, il précipitera économiquement la Suisse dans les bras de l’Axe. […] La Suisse est la dernière démocratie d’Europe cen­trale. Elle est complètement cernée par les forces de l’Axe et livrée économiquement à celles-ci. Pour que la Suisse puisse vivre et espérer que la lutte pour l’indépen­dance est possible, elle a besoin de l’aide des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne. Elle a besoin d’une aide écono­mique pour sur­vivre. […] En cas d’invasion, le pays suivra le général Guisan jusqu’au bout. Rien n’est plus important pour les Suisses que de sauvegarder leur liberté et leur indépendance. (d’après Somm, p. 216)
A la fin janvier, le Vice-consul américain Walter W. Ostrow écrivit à Washington: «On sait que l’armée suisse concentre maintenant sa défense dans les montagnes. Une des armes les plus fortes contre l’Allemagne est la me­nace de faire sauter les principaux tunnels pour priver l’Allemagne et l’Italie d’une importante liaison ferroviaire. Si ces tunnels étaient détruits, le trafic ferroviaire entre les deux puissances de l’Axe serait limité à la ligne du Brenner qui est déjà encombrée. (p. 217)