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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2009  >  N°29, 27 juillet 2009  >  L’Allemagne avant les élections parlementaires [Imprimer]

L’Allemagne avant les élections parlementaires

Une proposition informative et constructive

par Karl Müller

Dans 10 semaines, le 27 septembre, on élira le futur parlement allemand. Les semaines avant les élections offrent à chaque citoyen allemand une bonne occasion de réfléchir et également de parler sur l’état de l’Allemagne, l’état de la politique allemande, l’économie allemande et la société allemande – sans s’attarder sur une liste purement négative qui en vérité pourrait être longue. Cependant, il faut rechercher des thérapies en partant d’un diagnostic fondé.
Il existe également en Allemagne de nombreuses voix et initiatives qui n’attirent pas seulement l’attention sur les points névral­giques mais qui recherchent aussi une solide perspective.
Personne ne doit se contenter par exemple de vouloir renforcer la démocratie allemande uniquement par des droits de codécision du parlement lors de décisions de l’Union européenne. Car l’état du parlement allemand actuel est de toute évidence peu encourageant. Les professeurs de droit Karl Albrecht Schachtschneider et Hans Herbert von Armin ont toujours attiré l’attention sur le fait que l’oligarchie des partis en est la cause. Selon les experts, cette oligarchie a pratiquement aboli la séparation horizontale et verticale des pouvoirs et l’a remplacée par une clique de per­sonnes liées entre elles par le pouvoir et leurs intérêts. Cette oligarchie est dirigée d’en haut et ne suit plus la loi fédérale allemande selon laquelle les partis doivent être organisés de manière démocratique (article 21 de la Loi fondamentale). Si bien qu’un député de la CDU (Union chrétienne-démocrate d’Allemagne) du parlement allemand qui se retirera après 33 ans de travail parlementaire a déclaré dans une interview avec l’hebdomadaire Das Parlement (interview sur cette page) qu’«on assiste à une dégénérescence du système parlementaire». Parce qu’il était et il est contre les interventions allemandes dans les guerres, il a été traité par sa propre fraction de la manière suivante: «Il me fut interdit de m’exprimer, on me supprima des voyages de service et la direction du groupe procéda à mon isolement.»
Ce n’est probablement pas non plus une perspective quand on parie sur davantage de démocratie au moyen de l’Internet et du blog. Au contraire: quand deux partisans de la politique américaine intitulent un article paru dans l’édition de juillet/août 2009 de la revue Internationale Politik éditée par la Deutsche Gesellschaft für Auswärtige Politik [Société allemande pour la politique étrangère] – une usine à penser proche du gouvernement – «Comment le web 2.0 change la politique», alors il faut plutôt se méfier que se réjouir.
Enfin: Quand, quelques semaines avant les élections, un auteur douteux comme Udo Ulf­kotte, publie un livre intitulé «Vorsicht Bürgerkrieg! Was lange gärt, wird endlich Wut» (ISBN 978-3-938516-94-2) [«Attention, guerre civile! Ce qui fermente longtemps, explose enfin»] et qu’il peint sur les murs un avertissement fatidique d’une guerre civile dans les villes allemandes et fait semblant d’être du côté de la population contre les puissants de la politique et de l’économie, alors on doit ici aussi rester plutôt critique. Mais de manière plus pondérée: ce sont les Allemands qui profiteraient le moins d’une escalade violente des conflits en Allemagne – ce sont d’autres qui en profiteraient cependant.
Que peut-être toutefois la réponse à la question de savoir ce que les Allemands peuvent faire afin que leur pays se développe dans une meilleure direction? On devrait aussi prendre plus en considération le fait suivant: être soi-même une voix de la raison et de l’humanité – et ainsi regarder où existe encore de telles voix, faire la connaissance de celles-ci et conclure une alliance politique humaine.
Par exemple avec:
• des directions ou des conseils d’entreprise qui savent qu’une entreprise n’est pas bien menée quand elle se dédie uniquement au profit maximal. Les entreprises doivent aussi suivre des principes éthiques et respecter le bien-être de tous ceux qui participent directement ou indirectement à celles-ci et tous ceux qui sont concernés par celles-ci.
C’est un bon signe que les associations d’entreprise protestent maintenant fortement lorsque les instituts financiers les privent de crédits nécessaires, bien que l’Etat ait mis à la disposition de ces derniers des centaines de milliards et qu’ils fassent de nouveau des profits juteux. C’est pourtant un scandale s’il est vrai que les grandes banques comme JP Morgan ou Goldman Sachs enregistrent à nouveau, au moyen de manœuvres spéculatives, des augmentations de profit à deux chiffres («Neue Zürcher Zeitung» du 17 juillet) – et en même temps font avancer le processus de monopolisation dans le système bancaire.
• des institutions et des personnalités des communautés religieuses qui montrent une profonde humanité empreinte de croyance, de raison et de sentiments et ne sont plus «uniquement» actives au niveau caritatif aujourd’hui. Elles apparaissent clairement devant l’opinion publique avec leur revendication de vie communautaire pour tous les êtres, basée sur la dignité, la justice et la paix. Les origines de cette souffrance sont examinées très exactement pour pouvoir prendre des mesures.
• des centaines de petites et importantes initiatives sur place, qui s’occupent de questions écologiques et sociales, ou qui se vouent à l’engagement pour la paix et qui cherchent des solutions tout à fait con­crètes aux problèmes tout à fait concrets, et qui mettent ces solutions en pratique.
• des personnalités partout dans le monde qui ont reconnu que cela ne peut pas durer comme jusqu’à présent et qu’on a besoin d’urgence d’alternatives à une globalisation exploitatrice et violente, avec sa liberté de circulation de capital qui appauvrit tant d’individus, qui est tellement destructrice et qui enrichit énormément seulement quelques-uns.
• tous les individus et les initiatives qui ne sont pas poussés par l’égoïsme maladif mais qui contribuent de manière naturelle au bien-être humain, en petit comme en grand.
Dans tous les cas, il s’agit de faire valoir le droit des êtres humains.•