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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2010  >  N°39, 11 octobre 2010  >  Cyber-attaque contre l’Iran [Imprimer]

Cyber-attaque contre l’Iran

par Eberhard Hamer (www.mittelstandsinstitut-niedersachsen.de)

En juillet dernier, des experts biélorusses ont découvert, en réparant un ordinateur, un virus inquiétant, inconnu jusqu’ici, qui réunit toutes les caractéristiques des virus, vers et chevaux de Troie connus et l’ont baptisé Stuxnet. Ce nouveau virus profite d’une faille de sécurité officiellement inconnue du système d’exploitation de Microsoft et n’a pas encore été complètement analysé.
Il est dirigé contre les logiciels Microsoft des installations industrielles et là, uniquement contre les systèmes de commande de Siemens. D’après des indications fournies par Siemens, 15 usines ont été affectées jusqu’ici. On craint que les systèmes de commande des installations nucléaires civiles iraniennes ne soient visés par ce virus car ce n’est pas seulement un logiciel espion; il est capable d’intervenir dans les processus des installations. Ainsi, la puissance qui a lancé le virus – CIA ou Mossad? – pourrait intervenir de manière ciblée dans des usines nucléaires ou chimiques, par exemple pour paralyser le processus de refroidissement alors que tous les systèmes de surveillance des centrales indiqueraient que tout est normal et que, par conséquent, personne ne remarquerait rien jusqu’à l’explosion.
Le porte-parole de Siemens Simon qualifie Stuxnet de «cheval de Troie le plus intelligent jamais imaginé.» On peut très facilement l’introduire dans un ordinateur en y branchant, par exemple, une clé USB ou un portable. Il s’installe et travaille longtemps sans être reconnu parce qu’il développe autour de lui son propre logiciel de protection et transmet de fausses données tout en prenant le contrôle du système.
Siemens se demande qui a pris la peine et a été capable de créer un supervirus aussi complexe, et dans quel but. Les agresseurs doivent non seulement être hautement qualifiés en informatique mais connaître parfaitement les logiciels de Siemens et les installations de commande visées. A vrai dire, seule une organisation étatique peut posséder une telle concentration de savoir, de personnel qualifié et d’argent. S’agit-il de la CIA ou du Mossad? En tout cas, Stuxnet représente un nouveau moyen de première frappe numérique dans une guerre virtuelle. Le fabricant de logiciels Symantec indique que 60% des ordinateurs menacés se trouvent en Iran. Les Services secrets ou les militaires veulent-ils faire sauter les installations nucléaires iraniennes sans recourir aux armes? Israël ou les Etats-Unis ont-ils l’intention d’attaquer l’Iran avec le virus Stuxnet plutôt qu’avec des missiles et des bombes et de paralyser ainsi de manière invisible mais ciblée l’énergie chimique et nucléaire iranienne?
En tout cas, Stuxnet donne à ses créateurs la possibilité d’une première frappe informatique et rend possible, voire probable, une cyber-attaque de l’Iran, dimension tout à fait nouvelle d’une guerre totalement inédite.
Le 28 septembre dernier, Téhéran a déclaré que 30 de ses usines chimiques ont déjà été paralysées par une cyber-attaque. La guerre cybernétique a donc déjà commencé.    •
(Traduction Horizons et débats)