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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2012  >  N°45, 29 octobre 2012  >  «Il faut absolument rejeter la Loi sur les épizooties» [Imprimer]

«Il faut absolument rejeter la Loi sur les épizooties»

«Un jour, on devrait vraiment examiner l’OMS sous toutes les coutures»

Interview du conseiller national Geri Müller, Parti des Verts/Argovie

thk. Pendant la session d’automne, la Loi fédérale sur les épidémies a été débattue au Conseil national. Il y a eu différentes propositions de minorité qui ont toutes été rejetées. Toutefois, lors du vote final au Parlement, les députés de tous les partis, à l’exception du PS, ont voté contre. Aussi bien le référendum en cours sur la Loi fédérale sur les épidémies (LEp) que la campagne électorale sur la Loi fédérale sur les épizooties (LFE), offrent l’occasion de mener un large débat public urgent, auquel Horizons et débats contribue volontiers.

Horizons et débats: Aussi bien la nouvelle Loi sur les épizooties, qui est soumise à la votation le 25 novembre, que la Loi sur les épidémies, sur laquelle un référendum est en cours, sont très controversées au sein de la population. Vous avez voté Non au Conseil national. Pourquoi? Qu’est-ce qui vous dérange dans cette loi?

Conseiller national Geri Müller: Commençons par la Loi sur les épidémies. Il y a de bons éléments dans cette loi qui auraient plaidé pour un Oui. On doit discuter sur les épidémies, cela est certain. L’erreur repose d’un côté sur l’importance accordée à la campagne de vaccination et, de l’autre côté, dans la contrôlabilité d’une telle campagne.

Pourquoi?

Il existe deux aspects: Le premier, c’est la confiance et la persuasion qu’avec les vaccinations on pourrait empêcher une grande partie des maladies, ce qui, ces dernières années, s’est révélé toujours plus être une farce. Il existe deux facteurs qui sont responsables de cela. D’abord, les vaccins sont recommandés au rythme de l’industrie chimique et ordonnés plus tard. Ensuite, on évalue trop peu la raison des maladies virales et bactériennes. Ce sont des déroulements qui devraient être examinés plus exactement. Il faut y ajouter encore l’aspect international. Alors que nous avons chez nous peu de gens menacés, des milliers de personnes meurent d’une simple diarrhée dans le tiers-monde. Ici, on est très inactif. L’OMS a aussi échoué spectaculairement. On est ici beaucoup trop centré sur l’Europe.
Le deuxième aspect, qui m’a monté contre la Loi sur les épidémies, est la situation dans le domaine du personnel. Je suis président cantonal du personnel soignant. Je sais que nos spécialistes des soins ont une très bonne compréhension de la prévention. Si maintenant l’obligation de vaccination était introduite et réglée par voie contractuelle – ce qui est prévu par la Loi – ceci devient alors très problématique. Ainsi, on agit sur un domaine de travail, qui est aujourd’hui déjà très sollicité, et l’on pousse de cette façon encore plus de gens à abandonner cette profession. Il existe des gens qui ne veulent pas être obligés de se faire vacciner pour des raisons professionnelles. Je peux me souvenir comment, à l’époque, j’ai été vacciné contre l’hépatite à la suite d’une fausse supposition et comment j’en ai beaucoup souffert. Pour moi, c’est une sorte de méthode à la tondeuse à gazon, en partant du sentiment qu’on peut de cette manière renforcer massivement la sécurité.
De plus, on pratique des vaccinations contre la grippe souvent par manque de personnel; celui qui est malade, doit rester chez soi. Mais on ne peut presque plus se permettre de rester chez soi, parce que nous avons trop peu de personnel et une mauvaise conscience vis-à-vis des collègues, qui doivent effectuer du travail supplémentaire. On n’entreprend rien à cet égard, cependant on sort le marteau de la vaccination en espérant que personne ne sera malade. Ce sont les raisons principales de mon opposition.
Dans les débats, on a toujours attiré l’attention sur ces deux points, en disant qu’on devrait les rayer, parce que cela est un problème au niveau juridique et n’a rien à faire dans la Loi sur les épidémies. Ce serait beaucoup mieux si l'on faisait des recherches plus exactes au lieu de faire un tel tapage créé par une campagne médiatique. Nous avons eu une fois tous ces avertissements contre les grippes animales: la grippe porcine, la grippe aviaire etc. et finalement, on a dû constater qu’il ne s’était rien passé. Le monde entier a parlé pendant des mois d’une pandémie, de quelque chose qui n’a jamais réellement existé.

La fabrication d’un propre vaccin dans le pays serait-elle une amélioration de la situation?

Je ne crois pas que cela soit vraiment le problème. Ce qui manque, et ceci sur la durée de 15 à 20 ans, c’est une analyse détaillée. Je suis tout à fait pour une coopération internationale. C’est important d’échanger des expériences et de faire des évaluations communes. Cependant, cela doit se faire par les bureaux de l’Etat et en aucun cas par l’industrie chimique. C’est à mon avis le problème. L’industrie chimique se positionne déjà depuis longtemps au niveau international et conduit des campagnes pour la propagation des médicaments.

Nous avons parlé des points très problématiques de la Loi sur les épidémies. Comment voyez-vous cela en ce qui concerne la Loi sur les épizooties? N’y-a-t-il pas ici des parallèles directs?

Ici, je vois un problème semblable. Je m’y connais moins bien dans le domaine de la médecine vétérinaire que dans la médecine humaine, mais il y a une chose dont je suis devenu conscient lors du débat sur l’initiative du cannabis. Lorsqu’on voulait interdire la substance de la plante de cannabis, on a complètement oublié que l’agriculture suisse avait, avec celle-ci, un produit préventif depuis des siècles qui protégeait la santé et la sécurité des grosses bêtes. C’était un additif alimentaire normal et naturel qui a protégé beaucoup de gros bétail contre de nombreuses maladies. Pourtant, il y a eu des animaux malades qu’on a dû traiter avec des moyens normaux, le cas échéant on a dû les abattre. La plupart du temps, il n’y en a pas beaucoup. Cependant, ici aussi, il existe le problème du profit maximum. Il ne doit y avoir aucune bête qui soit adulte et qui ne puisse pas être utilisée économiquement. On doit se défaire de ce concept.

La lutte contre la maladie bleue avec des vaccins différents et trop peu testés a conduit à de graves problèmes et des effets secondaires chez les animaux. La LFE peut imposer les vaccinations par la loi. Comment jugez-vous cela?

Lors de la maladie de la langue bleue, j’ai eu connaissance des premiers cas. A ce moment-là, j’ai pris contact avec des paysans biologiques, qui disaient avoir des moyens contre la maladie, mais qu’ils devaient maintenant utiliser les vaccins. Leurs moyens étaient tous exclusivement à base de plantes naturelles qui poussent ici en Suisse. Ici, on peut dire que la nature a toujours développé un antidote contre une maladie. Toutefois, au niveau cantonal, on a contraint les paysans à vacciner et dans des cas extrêmes, cela a conduit à des retraits d’autorisation pour l’exploitation. Avec cette loi, on veut légitimer ce qui a conduit à des problèmes lors de la maladie de la langue bleue.

D’après vos propos, on doit rejeter aussi la Loi fédérale sur les épizooties.

On doit absolument la rejeter. Cette loi aussi contient de bons éléments en ce qui concerne l’élevage d’animaux, que nous avons déjà recouvert avec la nouvelle Loi fédérale sur l’agriculture. La Loi fédérale sur les épizooties a des additifs qui ne sont pas tolérables et c’est pourquoi on doit la rejeter.
Je comprendrais un refus par le peuple de la LFE et de la LEp en raison de ces additifs. On pourrait reprendre les autres points, mais le reste ne doit pas être réglé de cette façon.

On a déjà des lois. Ne suffisent-elles pas?

Je ne peux pas trop juger la Loi sur les épizooties, mais il y a des déficits dans la Loi sur les épidémies. L’échange sérieux de données par exemple est aujourd’hui réglé de manière très démodée. Les banques de données doivent être pareilles dans tous les cantons et la manière de saisie doit être simplifiée. Dans un cas sérieux, cela doit aller vite. On devrait encore reprendre ce point. Nous sommes déjà intervenus à ce sujet. Cela doit devenir plus concret, afin que l’on puisse mieux faire des recherches et évaluer.

Je reviens encore une fois sur l’hystérie extrême lors de la grippe porcine, durant laquelle moins de personnes sont mortes que lors de la grippe de saisonnière …

… ça va encore plus loin. On peut en fait dire que la grippe porcine n’a pas vraiment existé. Selon les connaissances actuelles, les gens qui étaient atteints de la grippe porcine avaient d’autres maladies graves qui avaient recouvert le tout.
Je participe actuellement, à Soleure, à un congrès de deux jours sur la sécurité, dont une partie traite de la communication. Hier, un chargé de communication du gouvernement allemand a déclaré, en se référant à la chute d’un satellite – qui part du pire scénario en passant par l’écrasement d’une centrale nucléaire jusqu’à la chute dans une fouille de construction vide et qui comporte seulement des spéculations: Racontez seulement ce que vous savez vraiment, et pas ce que vous pensez savoir. C’est exactement ce qui s’est passé lors de la grippe porcine. De cette manière, une peur est répandue qui se situe au-delà du bien et du mal. Cela doit être une leçon pour nous. Il faut arrêter de supposer des choses qu’on ne sait pas.

L’OMS a proclamé lors de la grippe porcine le niveau le plus élevé de pandémie. Cela passait complètement à côté des faits. Les conseillers de l’OMS n’ont-ils pas aussi en partie des relations étroites avec l’industrie pharmaceutique?

Je ne suis pas sûr ici, si les entreprises pharmaceutiques étaient le seul problème. L’OMS lutte depuis qu’elle existe pour sa reconnaissance et pour montrer qu’elle a des choses importantes à dire. J’ai déjà mentionné cela, la première lutte était contre la diarrhée. Ici, elle a échoué spectaculairement. Elle n’a jamais pu vraiment s’imposer. Bien qu’elle soit une organisation mondiale avec toujours plus de membres, elle a échoué lors des grands problèmes qu’on aurait dû prendre en main au niveau de la santé mondiale. Lors de la grippe porcine, elle avait l’espoir d’avoir trouvé quelque chose d’important où elle pourrait diriger les choses et sur laquelle on peut attirer l’attention. Il faut encore ajouter qu’elle est dépendante des fonds des divers Etats. Il se peut qu’un ami quelconque de l’industrie pharmaceutique ait eu le sentiment qu’il pourrait faire de l’argent avec cela. Mais le point central est quand même le premier. Un jour, on devrait vraiment examiner l’OMS sur toutes les coutures: Quels sont ses motifs, quelles sont ses bases? Le principe «La santé est l’absence de maladie» ne peut pas être le seul crédo de l’institution suprême en matière de santé?

Merci beaucoup pour l’entretien, Monsieur le Conseiller national.    •