«Le Liban est plus qu’un pays, le Liban est un message»

par le Professeur Roger Achkar, Liban

Plusieurs conflits ont eu lieu parmi des nations, pays, groupes, tribus et confessions musulmanes et chrétiennes, à travers l’histoire de l’humanité depuis l’an 632 de notre ère. Au Liban, les deux religions ont démontré qu’elles sont parfaitement capables de vivre ensemble en paix et en harmonie pour plusieurs siècles si un système équilibré de partage de pouvoir continue à être promu et maintenu.
Le chef d’Etat du système consensuel libanais, qui rassemble 19 différentes confessions qui étaient prédestinées à vivre ensemble, est un Chrétien maronite. L’Eglise maronite, qui a lutté pour l’établissement de la République libanaise avec l’aide des Français, fait partie de l’Eglise catholique romaine depuis le VIIIe siècle et est la plus influente Eglise chrétienne au Moyen-Orient. Cette Eglise a promu et maintenu des relations avec le monde occidental en général et avec des pays occidentaux catholiques en particulier pour les 14 siècles derniers. Il est crucial pour la survie de ce système consensuel que le président de la République libanaise soit Chrétien maronite pour des raisons évidentes.
Les Chrétiens ont été fréquemment persécutés et massacrés au Moyen-Orient et dans le monde. Des pays occidentaux ont enre­gistré le massacre de 1860, quand les Turques ottomans ont aidé les Druzes à massacrer les Chrétiens libanais et syriens pour exterminer tous les Chrétiens au Liban et en Syrie. Les diplomates français, autrichiens, britanniques, prussiens et russes, suite à l’intervention militaire des troupes de Napoléon III de France, se sont mis d’accord pour nommer, pour la première fois, un gouverneur chrétien au Mont Liban car il était devenu évident que cette façon était la seule pour réduire considérablement les risques de massacres potentiels des vulnérables minorités chrétiennes qui ont été une cible au cours des 14 siècles passés.
Il est important de souligner le fait que plusieurs fois à travers leur histoire, les Chrétiens et Musulmans libanais se sont entraidés pour se débarrasser des dirigeants étrangers. Par exemple, les Chiites et les Chrétiens se sont unis pour chasser les Mamelouks du Liban. Les Mamelouks, des Musulmans sunnites et esclaves turques ont persécuté et massacré les Musulmans chiites au Liban avant de massacrer les Chrétiens. Quand les Musulmans sunnites et chiites se sont fait la guerre entre eux, les Chrétiens maronites ont eu l’occasion d’être les médiateurs de paix entre ces deux confessions ce qui avait renforcé leur rôle au Liban.
Le système politique consensuel libanais s’est donc naturellement développé pendant quatorze siècles de cohabitation et coopération des Musulmans avec les Chrétiens. Ce système est un bon modèle de relations pacifiques entre deux religions dans un même pays. Ce modèle, s’il est respecté, pourra promouvoir des relations pacifiques entre les Musulmans et les Chrétiens au Moyen-Orient et partout dans le monde.
Il est important de citer le rôle crucial de Télé lumière, une chaîne de télévision chré­tienne qui a été créée pour diffuser notamment en arabe la parole de l’Evangile de Jésus Christ dans le monde et particulièrement dans les pays arabes, organise parfois des réunions avec des Cheikhs musulmans pour faire des études comparatives des deux religions.
Le système consensuel libanais a donc prouvé qu’il est un facteur de stabilité entre l’Islam et la Chrétienté au Moyen-Orient et dans le monde. C’est pourquoi le Pape Jean Paul II a dit lors de sa visite au Liban en 1997: «Le Liban est plus qu’un pays, le Liban est un message». Ce système consensuel libanais inspirera les pays arabes à mieux intégrer leurs relations avec les minorités chrétiennes, ce qui empêchera certainement de futures guerres, conflits et hostilités. Les minorités religieuses seront mieux protégées et leurs droits respectés s’ils sont permis d’être représentées au gouvernement.
L’humanité n’a jamais besoin d’armes quand il y a de l’amour, du respect et de la compréhension parmi les peuples et les religions. Il est écrit dans l’Evangile de Jésus Christ selon Saint Mathieu 26:52 «Celui qui prend l’épée, périra par l’épée» et selon l’Apocalypse 13:10 «Celui qui prend l’épée devrai périr par l’épée, et c’est ici la persévérance des Saints.»•