Exposition itinérante d’«Helvetas» sur le thème de «L’eau – le plus grand défi du XXIe siècle»

par Urs Knoblauch, Fruthwilen TG

Jusqu’au 29 mars, au Musée Bärengasse à Zurich, on peut voir une excellente exposition sur tous les aspects importants concernant l’eau. Elle est accompagnée d’un programme cadre intéressant, organisé en coopération avec l’«Helvetas» et la ville de Zurich. Helvetas a été fondée en 1955 comme première organisation privée pour le développement en Suisse. C’est une association indépendante des partis politiques et des confessions, elle compte 43 000 membres et 40 000 bienfaitrices et bienfaiteurs. Elle travaille avec succès sous la devise «Agir pour un monde meilleur» dans les 20 pays les plus pauvres du monde et elle réalise et accom­pagne des projets de développement qui fonctionnent bien. Dans de nombreuses brochures et magazines, des thèmes importants ont été présentés au public. C’est aussi le cas pour l’exposition itinérante actuelle qui devrait être visitée si possible par beaucoup de classes d’école. Il y a des visites guidées, une très bonne brochure et du matériel d’information mis à disposition par Helvetas. Il y a aussi une exposition réduite qui peut être montrée dans les écoles.

Pas de vie sans eau

Pour les habitants de Zurich et de la Suisse il n’y a rien de plus naturel que de pouvoir boire et utiliser une eau excellente. Beaucoup de gens se rendent à peine compte quel trésor précieux l’eau représente. Sans eau, aucune vie ne serait possible, sans eau il n’y aurait pas de nourriture, même l’industrie ne peut pas produire sans eau. 85% de toutes les plantes sur notre planète vivent dans les océans. 71% de notre planète sont couverts d’eau et seulement 2,8% du volume mondial de l’eau est de l’eau douce. On apprend beaucoup de choses qui devraient appartenir à la culture générale: Pourquoi pour les anciens Persans la mer était-elle sacrée? Que signifie un «circuit d’eau» en relation avec le sol et les terres labourables? Qui sait qu’il faut 1300 litres d’eau pour un kilo de pain, pendant que pour un kilo de pommes de terre il n’en faut que 250 litres, pour une feuille de papier A4 jusqu’à 10 litres et pour la production d’une voiture 400 000 litres.
De très belles photographies, de brefs textes très pertinents, des images peintes de différentes cultures et des objets réels sont assortis de manière excellente. La signification de l’élixir vital «eau» dans les pays pauvres est démontrée par beaucoup d’exemples. Un très bon court-métrage «Fatima la femme de l’eau» de Felix Karrer nous montre comment une jeune Africaine qui a été formée comme «femme spécialiste de l’eau» par Helvetas enseigne aux habitants des villages avec des exemples pratiques comment gérer de manière responsable ce bien précieux qu’est l’eau. Cela permet d’éviter des maladies et d’en faire un usage économique dans la maison et aux champs. Un puits en forme d’une simple pompe à main peut être manié dans l’exposition. Ce puits d’eau potable est une bénédiction pour la population dans le Nord du Mozambique, la région la plus pauvre d’un des pays les plus pauvres. Il a été développé en collaboration avec des experts. Helvetas prend toujours soin, d’inclure la population locale dans la planification dès le début, ce n’est que de cette façon que les projets fonctionnent de façon durable. Ce «puits à pompe d’eau potable» incite les jeunes à utiliser leur savoir d’école, les langues, la géographie dans un métier pratique et sensé ou dans des études d’ingénieur pour le bien des êtres humains.
L’invention géniale et simple d’utiliser les bouteilles en PET usagées pour transformer, par les rayons du soleil et le réchauffement, de l’eau polluée en eau potable est aussi montrée dans l’exposition, car «1,1  milliards d’hommes n’ont de nos jours pas accès à l’eau potable propre, 2,6 milliards vivent sans toilettes. Pour ces raisons ce sont tous les jours 5000 enfants qui meurent. Cette situation est un scandale», écrit Helvetas, et l’on peut ajouter qu’une petite partie des dépenses mondiales délirantes pour l’armement suffirait pour fournir de l’eau potable et de la nourriture à tous les hommes!

Protéger l’eau – source de vie – de la privatisation et de la commercialisation

Il y a des informations très intéressantes sur des «Sociétés sans scrupules, des autorités qui ne font pas leur devoir» et des réponses à la question «Pourquoi l’eau doit être un bien public». Le visiteur peut lire dans la brochure accompagnante comment dans les années 90 la Banque mondiale et d’autres institutions ont encouragé la privatisation de l’eau avec des promesses diverses: «La privatisation n’a répondu aux attentes que dans très peu de cas. Les compagnies se sont généralement limitées à approvisionner les clients solvables vivant dans les beaux quartiers des grandes villes. Pour faire des profits, ils ont augmenté les tarifs, ce qui a encore empiré la situation des couches les plus pauvres de la population, qui ont manifesté leur mécontentement avec véhémence dans certaines villes. Par la suite, un mouvement interna­tional s’opposant aux privatisations et demandant que l’eau soit reconnue comme un bien public a été lancé.» Beaucoup d’eau propre se perd aussi par des fuites dans le système de conduite, la surveillance soigneuse des conduites d’eau et la propreté est donc une tâche importante.
La Suisse surtout doit se protéger contre la commercialisation de ses trésors en eau. On trouve dans l’exposition une «Carte des eaux de Suisse» qui donne des indications préci­euses. «Il n’y a pas d’autre région qui ait été aussi richement dotée en eau que la Suisse. Avec environ 1500 lacs, d’innombrables ruisseaux et des glaciers, ainsi que d’immenses réserves de la nappe phréatique, le besoin en eau douce de la population est assuré. Et avec les sources thermales, des chutes d’eau les plus hautes d’Europe et un système extraordinaire de cavernes, on peut admirer tant de spectacles naturels à nous couper le souffle, réunis sur une très petite surface, comme à peu d’autres endroits dans le monde.» Ce trésor, il faut le garder. Car beaucoup de sources d’eaux minérales riches en tradition sont déjà dans des mains étrangères. Chez Nestlé l’eau compte parmi les grands «accélérateurs de croissance et de valeur». Depuis 1980 les entreprises d’eaux privées sont en pleine expansion dans le monde entier de manière alarmante. Dans une publication d’Helvetas de l’année 2003, quatre entreprises sont citées: «Vivendi (France), Onedo (anciennement Suez Lyonnaise des Eaux, France), Saur-Bouygues (France), et RWE (Rheinisch-Westphälisches Elektrizitätswerk AG, Allemagne). Les entreprises françaises se partagent environ 90% du marché mondial de l’eau privatisée.»
Ce développement doit nous amener à réfléchir à l’importance de la protection de l’eau comme un droit de l’homme et comme bien public. C’est justement la Suisse, comme château d’eau de l’Europe et comme propriétaire, qui a une responsabilité spéciale pour la sauvegarde de cette matière première précieuse. C’est pour cette raison que les corporations d’eau et des coopératives dans les communes sont une bénédiction pour la population et représentent aussi une protection contre la commercialisation. L’importance grandissante des centrales hydroélectriques comme source d’énergie propre, qui peuvent être encore davantage utilisées et même élargies, gagnent encore en importance à travers cette exposition. Ainsi, cette visite active la réflexion. Celui qui observe les froides stratégies des grandes puissances dans la géopolitique sait, qu’au lieu de traités commerciaux honnêtes et équitables et au lieu d’échange de biens, des expéditions criminelles, des guerres en violation du droit international sont menées comme nous les connaissons concernant le pétrole. Les voies cachées par le biais des accords diplomatiques OMC-AGCS sur le service public sont aussi dangereuses parce qu’elles passent par-dessus de toute participation démocratique. Tous les services qui ont été repris par l’Etat jusqu’à présent sont concernés par la privatisation. C’est pour cette raison que ces contrats devraient être, chez nous et dans tous les pays, soumis de manière démocratique au vote populaire et retirés le cas échéant. Il s’agit là indubitablement d’un bien du peuple et des ressources d’une nation.
Ainsi l’exposition amène à différentes réflexions. Les plus grands dangers pour cette source de vie, à part le gaspillage sans égards, sont la privatisation orientée vers le profit, les guerres possibles autour de l’eau. Les manifestations cadre qui accompagnent l’exposition traitent la thématique «Combats autour des matières premières», c’est méritoire.    •

Pour de plus amples informations veuillez consulter les sites:
www.helvetas.ch, www.trinkwasser.ch
www.wasserqualitaet.ch, www.climate-change.ch